Les tensions entre la Chine et Taïwan ne cessent de croître. Ce jeudi, le président taïwanais, Lai Ching-te, a qualifié Pékin de «puissance étrangère hostile» et annoncé un plan pour faire face aux menaces chinoises. Parmi ces menaces, il cite l'espionnage, l'infiltration, la tentative de recrutement de cadres taïwanais et une atteinte à l'indépendance du pays.
La Chine considère Taïwan comme une partie intégrante de son territoire et milite pour son intégration. De son côté, Taïwan se revendique comme une république indépendante et redoute une action militaire chinoise. Pékin multiplie les vols de patrouille près de l'île et fait naviguer ses navires de guerre à proximité.
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— Xavier Vavasseur (@xaviervav) March 13, 2025
What looks like the first photos of China’s ‘invasion barges’ he first reported in @navalnewscom recently https://t.co/dwdwqqUWKW
The front barge (self propelled) is the smallest type, some are twice this… pic.twitter.com/zeDc2t6gKg
Des vidéos récentes montrent de nouveaux navires de débarquement chinois, dotés de longs bras déployables à l'avant, idéals pour transporter rapidement troupes et matériels depuis un navire jusqu’à la terre ferme. Selon le site spécialisé Naval News, la Chine aurait lancé la construction de cinq de ces navires, conçus spécifiquement pour des opérations de débarquement sur des régions côtières. Ils ont été aperçus dans un chantier naval de Guangzhou.
En janvier, des images satellites avaient déjà révélé leur existence, mais de nouvelles vidéos fournissent désormais des détails plus précis. Ces navires mesurent environ 185 mètres de long et leurs bras peuvent s'étendre jusqu'à 120 mètres, permettant aux véhicules militaires de passer directement d'une plage à une route ou un terrain stable.
L'experte Emma Salisbury, du Conseil britannique de géostratégie, estime que «toute invasion de Taïwan depuis la Chine continentale exigerait un grand nombre de navires pour transporter rapidement hommes et matériels, notamment des véhicules blindés». Elle ajoute que la construction de ces navires pourrait être une préparation à une invasion ou, à tout le moins, un moyen de pression stratégique.
Ces navires pourraient théoriquement avoir un usage civil, mais leur conception rend cette hypothèse peu probable. La Chine est d'ailleurs connue pour développer des vaisseaux à double usage: par exemple, certains navires de recherche et un porte-drones qui peuvent être utilisés à des fins militaires.
Jusqu'à présent, les experts pensaient qu'un débarquement chinois serait difficile en raison des plages faciles à défendre. Mais ces nouveaux navires pourraient accoster sur des côtes rocheuses et déployer directement des blindés sur des routes proches. Cette capacité pourrait réduire la nécessité de capturer des ports taïwanais pour faciliter une invasion.
Malgré ces développements militaires, la question d'une invasion chinoise de Taïwan reste incertaine. Pour l'instant, les actions de Pékin se limitent à des manœuvres d'intimidation. Un accord d’assistance militaire existe entre les États-Unis et Taïwan, mais il concerne uniquement des livraisons d'armes, sans engagement de troupes en cas d'attaque chinoise.
Récemment, une enquête menée auprès de centaines d'experts a révélé que 65% d'entre eux considèrent une invasion chinoise comme très probable. Un tel conflit pourrait avoir des répercussions internationales.
De son côté, la Chine maintient son discours officiel. Ce lundi, son ministère des Affaires étrangères a réaffirmé son engagement pour une «réunification pacifique» avec Taïwan tout en précisant que «toutes les mesures nécessaires» seraient prises pour protéger la souveraineté nationale et contrer toute tentative d'indépendance ou d'ingérence étrangère.
Traduit de l'allemand par Joel Espi