Kiev a dénoncé dimanche une «version absurde» de l'histoire de la Crimée, annexée en 2014 par la Russie, après des propos polémiques de l'ambassadeur chinois en France. Invité du plateau de Darius Rochebin sur la chaîne LCI, ce dernier a questionné l'appartenance de la péninsule à l'Ukraine.
All post-Soviet Union countries have a clear sovereign status enshrined in international law. Except for Russia, which fraudulently took a seat in the UN Security Council. It is strange to hear an absurd version of the "history of Crimea" from a representative of a country that…
— Михайло Подоляк (@Podolyak_M) April 23, 2023
L'ambassadeur chinois en France, Lu Shaye, a indiqué au sujet de la Crimée, occupée par Moscou depuis 2014:
Il a poursuivi son argumentaire, estimant que les pays de l'ex-URSS «n'ont pas le statut effectif dans le droit international parce qu'il n'y a pas d'accord international pour concrétiser leur statut de pays souverain».
Le diplomate chinois a également appelé à arrêter de «chicaner» sur la question des frontières post-soviétiques. «Maintenant, le plus urgent est d'arrêter, de réaliser le cessez-le-feu» entre Russie et Ukraine, a-t-il estimé.
🗣 @DariusRochebin : "Est-ce que la Crimée, à vos yeux, c'est l'Ukraine ?"
— LCI (@LCI) April 21, 2023
🗣 Lu Shaye : "Ça dépend comment on perçoit le problème [...] Ce n'est pas si simple."
📺 #La26 pic.twitter.com/nspLMs9HO8
Dimanche, Mykhaïlo Podoliak a souligné que «tous les pays de l'ex-URSS ont un statut souverain clair inscrit dans le droit international», appelant Lu Shaye à «ne pas répéter la propagande» russe.
Les déclarations du représentant chinois ont aussi fait réagir la diplomatie française. Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué samedi avoir «pris connaissance avec consternation» de ces propos, demandant à la Chine «de dire (s'ils) reflètent sa position, ce que nous espérons ne pas être le cas».
L'Ukraine a été reconnue internationalement «dans des frontières incluant la Crimée en 1991 par la totalité de la communauté internationale, Chine comprise, à la chute de l'URSS comme nouvel Etat-membre des Nations unies», a insisté Paris, rappelant que l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 est «illégale au regard du droit international».
La Lituanie, la Lettonie et l'Estonie ont de leur côté décidé de convoquer les ambassadeurs chinois dans leurs capitales respectives. Le chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielius Landsbergis, a affirmé:
Pékin a également fini par prendre la parole lundi, en assurant respecter le «statut d'Etat souverain» des pays de l'ex-URSS. «La Chine respecte le statut d'Etat souverain des républiques» nées après la dissolution de l'Union soviétique, a déclaré à la presse la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Mao Ning.
Si Pékin se dit officiellement neutre, le président chinois Xi Jinping n'a jamais condamné l'invasion russe ni même parlé au téléphone, jusqu'ici, avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. A l'inverse, il s'est rendu il y a peu à Moscou pour y réaffirmer son partenariat avec le président russe Vladimir Poutine, aux allures de front anti-occidental.
Lors d'une visite en Chine début avril, Emmanuel Macron a incité Xi Jinping à «ramener la Russie à la raison» vis-à-vis de l'Ukraine et pressé de ne pas livrer d'armes à Moscou. Les deux chefs d'Etat ont publié une déclaration commune dans laquelle ils s'engagent à «soutenir tout effort en faveur du retour de la paix en Ukraine». (ats/mndl)