La Corée du Nord a annoncé jeudi qu'elle allait renforcer sa présence militaire à sa frontière avec la Corée du Sud, après avoir mis en orbite un satellite-espion. Séoul a confirmé que la mise sur orbite avait réussi, grâce à l'aide de la Russie.
Après deux échecs en mai et en août, une fusée a décollé mardi de Corée du Nord et a placé en orbite le satellite d'observation militaire «Malligyong-1», selon les médias d'Etat.
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a assisté personnellement au lancement de la fusée et a déjà étudié des photographies des principales bases militaires américaines dans l'île de Guam, dans l'océan Pacifique, prises par le satellite, ont encore affirmé les médias officiels de Pyongyang.
Le lancement a eu lieu en violation des résolutions de l'ONU, qui interdisent à Pyongyang de se servir de techniques de missiles balistiques. Il a été condamné par la Corée du Sud, le Japon, les Etats-Unis et l'ONU.
Le satellite a été «placé sur une trajectoire orbitale», a indiqué jeudi le service national de renseignement du Sud lors d'un compte-rendu avec des députés. Selon ce service, la Corée du Nord a bénéficié de l'aide de la Russie.
Selon le député Yoo Sang-bum, qui a assisté au compte-rendu, «le Nord a fourni à Moscou le plan et les données concernant les premier et deuxième lancements des satellites. La Russie a ensuite analysé ces données et communiqué au Nord des retours».
Le renseignement sud-coréen qui avait collecté et analysé les débris d'un des satellites tombés en mer après l'échec de son lancement et avait conclu qu'il n'avait aucune utilité militaire, juge toutefois peu probable que le satellite fonctionne déjà, a indiqué Yoo.
Après le lancement, Séoul a partiellement suspendu mercredi un accord militaire conclu le 19 septembre 2018 avec la Corée du Nord pour prévenir les incidents armés le long de la frontière intercoréenne (en créant notamment des «zones tampons» maritimes) et a immédiatement déployé des «moyens de surveillance et de reconnaissance» à cette frontière.
Le ministère nord-coréen de la défense a qualifié les mesures prises par Séoul d'«imprudentes». Il a à son tour annoncé qu'il suspendait l'accord de 2018, dans son intégralité. La Corée du Nord «ne sera plus jamais liée» par cet accord «réduit depuis longtemps à un vulgaire bout de papier».
Pyongyang va désormais «déployer des forces armées plus puissantes et du matériel militaire de type nouveau dans la région située le long de la ligne de démarcation militaire», a-t-il averti. La Corée du Nord a également tiré un missile balistique tôt jeudi, mais ce lancement a échoué, selon l'état-major interarmées de Séoul.
Ce lancement de missile est un signe avant-coureur, estime Yang Moo-jin, président de l'université des études nord-coréennes.
Le ministère de la défense de Corée du Nord a répété jeudi que le lancement du satellite par Pyongyang s'inscrivait dans le cadre du «droit à l'autodéfense» du pays et a fustigé la réaction «extrêmement hystérique» de Séoul. Le satellite commencera officiellement son travail de reconnaissance le 1er décembre, d'après KCNA.
Selon des experts, la mise en orbite réussie d'un satellite-espion améliorerait les capacités de collecte de renseignements de la Corée du Nord, en particulier au-dessus de la Corée du Sud et de Guam, et fournirait des données cruciales en cas de guerre.
En 2021, Kim Jong-un avait fait du développement d'un satellite-espion l'une des priorités du régime.
La Corée du Sud prévoit pour sa part de lancer son premier satellite espion, via une fusée SpaceX, le 30 novembre depuis les Etats-Unis. (chl/ats)