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Elections au Groenland: l'effet Trump se fait ressentir

Donald Trump a tenté de peser jusqu'aux derniers instants sur les législatives aux Groenland.
Donald Trump a tenté de peser jusqu'aux derniers instants sur les législatives aux Groenland.Image: Keystone

L'effet Trump se fait ressentir sur les élections au Groenland

L'opposition de centre droit favorable à l'indépendance est donnée gagnante aux législatives sur l'île arctique convoitée par Donald Trump. La participation s'élève à plus de 70%.
12.03.2025, 11:4812.03.2025, 11:51
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L'opposition de centre droit est donnée gagnante des élections législatives mardi au Groenland, un scrutin aussi marqué par une poussée des nationalistes qui réclament l'accession rapide à l'indépendance de l'île arctique convoitée par Donald Trump.

D'après les derniers résultats officiels publiés mercredi, le parti Démocrates, formation autoproclamée «sociale-libérale» favorable à l'indépendance à terme, a remporté 29,9% des suffrages, multipliant par plus de trois son score lors de l'élection précédente en 2021.

Les nationalistes de Naleraq, force la plus activement engagée pour que le territoire autonome danois rompe ses liens restants avec Copenhague, se placent eux deuxième avec 24,5% des voix.

La coalition sortante composée d'Inuit Ataqatigiit (IA, gauche écologiste) et des sociaux-démocrates de Siumut a elle été très largement sanctionnée par les électeurs qui se sont déplacés en masse. IA perdant 15,3 points et Siumut 14,7 par rapport à il y a quatre ans.

Une alliance en l'absence de majorité

Jamais des élections au Groenland n'avaient connu un tel retentissement international, conséquence des visées du président américain qui veut mettre main basse sur le territoire en agitant alternativement la carotte et le bâton.

«Nous respectons le résultat de l'élection», a réagi sur KNR le premier ministre sortant, Mute Egede, chef de IA.

Aucun des partis n'étant en position d'obtenir la majorité sur les 31 sièges au Parlement, des tractations vont maintenant être nécessaires pour former une alliance. Celle-ci devra notamment esquisser les modalités et un calendrier menant à l'indépendance que souhaitent l'immense majorité des 57 000 habitants.

«Démocrates est ouvert à la discussion avec tous les partis et à la recherche de l'unité, surtout avec ce qui se passe à l'étranger», a déclaré son jeune leader de 33 ans, Jens-Frederik Nielsen, ancien champion groenlandais de badminton.

Signe, peut-être, d'un effet Trump, la participation a été élevée, à plus de 70%. Convaincu de pouvoir s'emparer «d'une manière ou d'une autre» du Groenland, Donald Trump a tenté jusqu'à la dernière minute de peser sur les élections, provoquant stupéfaction, rejet et, plus rarement, enthousiasme.

L'indépendance, mais à quel prix?

A près de 90% inuits, les Groenlandais déplorent avoir été traités historiquement comme des citoyens de second rang par l'ex-puissance coloniale accusée d'avoir étouffé leur culture, procédé à des stérilisations forcées et retiré des enfants à leurs familles.

Les principaux partis groenlandais souhaitent tous l'indépendance, mais ils divergent sur la feuille de route. «Nous pouvons faire ça de la même manière que nous avons quitté l'Union européenne (en 1985, ndlr). Cela a pris trois ans. Le Brexit a duré trois ans. Pourquoi prendre plus de temps?», a déclaré le chef du parti, Pele Broberg, à l'AFP.

D'autres formations conditionnent l'indépendance aux progrès économiques du Groenland.

Le Groenland pourrait voler de ses propres ailes

Recouvert à 80% de glace, le territoire est économiquement dépendant de la pêche, qui représente la quasi-totalité de ses exportations, et de l'aide annuelle d'environ 530 millions d'euros versée par Copenhague, soit 20% du produit intérieur brut (PIB) local.

Pour Naleraq, le Groenland pourrait voler de ses propres ailes grâce à ses ressources minérales mais le secteur minier reste pour l'heure ultra-embryonnaire, plombé par des coûts d'exploitation élevés.

Après avoir déjà lancé l'idée d'acheter le Groenland durant son premier mandat, s'attirant une fin de non-recevoir des autorités danoises et groenlandaises, Donald Trump martèle sa volonté de mettre la main – sans exclure la force – sur le territoire jugé important pour la sécurité américaine.

Dans la nuit de dimanche à lundi, il a de nouveau promis, sur son réseau Truth Social, sécurité et prospérité aux Groenlandais qui souhaiteraient faire partie des Etats-Unis. Selon un sondage paru en janvier, quelque 85% des Groenlandais excluent cette éventualité.

Les déclarations de Donald Trump ont pesé sur la campagne électorale. Naleraq voit dans l'intérêt américain pour l'île un levier dans de futures négociations avec le Danemark.

Mais ces sorties refroidissent aussi parfois les ardeurs indépendantistes et incitent au maintien des liens avec Copenhague, au moins pour l'instant. (jzs/ats)

Donald Trump n'a pas aimé se faire sermonner
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