Lundi soir, quelques minutes seulement après son allocution télévisuelle censée calmer le feu social et les mobilisations dans les rues, Emmanuel Macron a été aperçu dans Paris, accompagné de son épouse Brigitte et d'une poignée de gardes du corps. Rien de bien étonnant puisque son speech a été boutiqué depuis l'Elysée.
Ce qui peut paraître plus cocasse, c'est qu'on le découvre, sur une séquence filmée avec un téléphone portable, en train de chantonner.
Ne rêvez pas trop, le président n'a pas rapé sur du Jay-Z avec une bouteille de gin à la main. Sur cette vidéo, Macron reprend calmement le traditionnel chant pyrénéen Le Refuge. Un air qu'il semble particulièrement apprécier puisqu'il l'avait déjà chantonné en juillet dernier, et en marge du Tour de France, avec des bergers (et un béret). C'est un petit groupe de personnes qui aurait attrapé Macron par hasard pour lui proposer de chanter avec lui.
Apparue peu avant minuit sur les réseaux sociaux, la séquence a d'abord fait douter tout le monde. Macron, peinard en train de chanter dans les rues de Paris, alors que la capitale est en feu? Mouais. Et pourtant. Très vite, la source est repérée: les chanteurs sont en réalité membres d'une association baptisée «Projet Canto». C'est d'ailleurs cette association qui a publié en premier cette séquence sur sa page Facebook. Macron a donc bel et bien chanté dans les rues de Paris après son allocution.
Projet Canto? A la base, ce sont des passionnés de chants traditionnels qui ont décidé, par l'intermédiaire d'une application, de faire revivre les grands classiques du pays. Louable. Le hic? Subventionnée, cette association «a été fondée en 2020 par des militants de l’extrême droite radicale», nous rappelle Libération. Dans leur répertoire, plusieurs dizaines de références françaises régionales, issues du patrimoine, mais également… des chants du IIIe Reich. Et, forcément, ça grince.
Deux questions se sont alors très vite posées:
L'entourage du président, cité par Libé, qui confirme que la séquence est véridique, est formel: «Le président ne pouvait connaître à ce moment-là les antécédents de chaque personne avec laquelle il discutait.»
Quoiqu'il en soit, et sachant la tension qui plane sur le gouvernement depuis trois mois à cause de la réforme des retraites, il paraît peu probable que cette vidéo se soit retrouvée sur les réseaux sociaux sans l'aval du service de sécurité présent sur place et le service de comm' de l'Elysée. Macron voulait-il profiter de ce moment filmé pour se rapprocher des Français? Le pouvoir avait-il en tête d'utiliser cette séquence pour détourner l'attention avec un moment de fraternité spontané?
Pour l'heure, le petit tour de chant du président ne réchauffe pas les coeurs, mais les algorithmes et crée toujours la polémique, notamment sur les réseaux sociaux.
(fv)