«J'ai pensé être témoin d'un meurtre». Un jeune homme noir, expert en arts martiaux, a expliqué, mardi devant le tribunal de Minneapolis, comment il avait tenté le 25 mai de convaincre le policier blanc Derek Chauvin de laisser George Floyd respirer. En vain.
Le procès historique du policier, inculpé de meurtre, a repris après une journée éprouvante pour les jurés qui, dès l'ouverture des débats de fond, ont dû regarder une vidéo montrant l'agonie du quadragénaire noir.
Sur ces images, qui ont conduit des millions de personnes à manifester contre le racisme et les violences policières dans le monde entier, Derek Chauvin maintient un genou sur le cou de George Floyd, plaqué au sol et menotté, qui râle, supplie et finit par s'évanouir.
Donald Williams, who witnessed George Floyd’s death, said he made a 911 call “because I believe I witnessed a murder.” https://t.co/5C6ZeOtIzn pic.twitter.com/B3hH4Vwupj
— CNN Newsroom (@CNNnewsroom) March 30, 2021
Cette scène, Don Williams, un jeune père de famille de 33 ans, l'a vécue en direct. Il avait commencé lundi à partager ses souvenirs avec les jurés, avant d'être interrompu par un problème technique. Mardi, il a repris son récit.
Fort de sa pratique des sports de combat, il a raconté avoir immédiatement pensé que le policier était en train de faire «une prise d'étranglement sanguin», une technique qui permet de maitriser un adversaire en coupant l'afflux de sang.
Il a alors interpellé Derek Chauvin, qui l'a regardé sans relâcher sa pression. Frustré «de l'absence de réponse», Don Williams a reconnu avoir haussé le ton. Finalement «j'ai appelé la police pour dénoncer la police parce que j'ai pensé être témoin d'un meurtre», a-t-il dit aux jurés.
Lors de son contre-interrogatoire, l'avocat de Derek Chauvin a insisté sur les insultes proférées par Don Williams contre les policiers. «Vous les avez appelés abrutis 13 fois», «vous étiez de plus en plus en colère», a-t-il insisté. L'auteure de la vidéo qui a fait le tour du monde, Darnella Frazier, 18 ans, a nié mardi que la foule ait été violente.
«J'ai entendu dire 'laissez-le', 'vous lui faites mal', 'il ne peut pas respirer', 'il ne bouge pas'... mais dès que quelqu'un essayait de s'approcher, les policiers les écartaient», a-t-elle raconté. «Ils étaient sur la défensive», alors que George Floyd, «terrifié, plaidait pour sa vie».
«Ce n'était pas juste, il souffrait», a poursuivi la jeune femme qui, parce qu'elle était mineure au moment des faits, n'a pas été filmée par les caméras qui ont retransmis le procès en direct dans tous les Etats-Unis.