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Extrême droite

Pays-Bas: l'extrême-droite a remporté les législatives

L'extrême droite gagne les élections aux Pays-Bas: voici son programme

Si elle est confirmée par les résultats définitifs, la victoire du parti marquerait un brusque virage à droite qui pourrait aussi faire trembler Bruxelles, à cause d'un éventuel référendum sur l'adhésion des Pays-Bas à l'UE.
23.11.2023, 07:2623.11.2023, 07:32
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Le parti néerlandais d'extrême droite islamophobe de Geert Wilders a remporté les élections législatives mercredi, suggèrent les sondages à la sortie des urnes. Si confirmé, cela représente un séisme politique qui sera ressenti bien au-delà des frontières des Pays-Bas.

Le PVV (Parti de la Liberté) a reporté 35 sièges et une victoire électorale confortable, selon le sondages Ipos. L'alliance de gauche de Frans Timmermans est deuxième avec 26 sièges. Le VVD de centre-droit a remporté 23 sièges, selon ce sondage.

Geert Wilders a appelé les autres partis néerlandais à travailler ensemble pour former une coalition, soulignant que son parti «ne peut plus être ignoré». Wilders a lancé, devant ses partisans à La Haye:

«Les Néerlandais espèrent que le peuple pourra récupérer leur pays et que nous veillerons à ce que le tsunami des demandeurs d'asile et de l'immigration soit réduit»
Agé de 60 ans, Geert Wilders est l'homme fort de l'extrême-droite aux Pays-Bas, avec son parti le PVV.
Agé de 60 ans, Geert Wilders est l'homme fort de l'extrême-droite aux Pays-Bas, avec son parti le PVV.Keystone

Geert Wilders et sa coiffure peroxydée sont depuis des décennies dans le paysage politique néerlandais. N'hésitant pas à traiter les Marocains de «racailles» ni à proposer des concours de caricatures du prophète Mahomet, Wilders a bâti sa carrière en faisant croisade contre ce qu'il nomme une «invasion islamique» de l'Occident.

Ni les démêlés avec la justice néerlandaise – qui l'a reconnu coupable d'insultes à des Marocains – ni les menaces de mort à son encontre – qui le font vivre sous protection policière depuis 2004 - ne l'ont découragé. Wilders participait à sa sixième élection, après avoir failli à provoquer la surprise à plusieurs reprises.

Il s'est donné un visage plus lisse pour séduire

Plus récemment, Wilders a tenté de calmer sa rhétorique populiste et de se concentrer sur d'autres préoccupations des électeurs. Il y a «des problèmes plus importants que la lutte contre le flot de demandeurs d'asile et d'immigrants», a-t-il déclaré lors de l'un des derniers débats électoraux, ajoutant qu'il était prêt à mettre de côté ses opinions sur l'islam pour gouverner.

Si l'immigration est restée un sujet clé de la compagne, les Néerlandais s'inquiètent encore plus de «savoir s'il leur reste encore plus d'argent dans leur portefeuille», a-t-il martelé. Il a promis de se concentrer davantage sur «la sécurité et les soins de santé» que sur son opposition à l'islam. Il a assuré, devant des journalistes à La Haye, après avoir voté qu'il serait:

«Le premier ministre pour tout le monde aux Pays-Bas, quels que soient leur religion, leur origine, leur sexe ou autre»
epaselect epa10990065 PVV leader Geert Wilders (R) responds to the results of the House of Representatives elections in Scheveningen, Netherlands, 22 November 2023. Dutch voters headed to the polls on ...
Wilders a fait le show.Keystone

Un parti qui maintient toutefois un cap radicalement à droite

Mais le manifeste du PVV a conservé le ton xénophobe qui est sa marque de fabrique. «Les demandeurs d'asile se régalent de délicieux buffets gratuits à bord des bateaux de croisière tandis que les familles néerlandaises doivent réduire leurs achats», peut-on lire dans le document. Quant à l'islam, le manifeste du PVV dit:

«Les Pays-Bas ne sont pas un pays islamique. Pas d'écoles, de Corans et de mosquées islamiques»

Il propose d'interdire le port du foulard dans les bâtiments gouvernementaux.

Des craintes à Bruxelles

Les mesures anti-immigration proposées comprennent:

  • Le rétablissement du contrôle aux frontières néerlandaises, la détention et l'expulsion des immigrants illégaux.
  • Le renvoi des demandeurs d'asile syriens.
  • La réintroduction des permis de travail pour les travailleurs intra-UE.

Si elle est confirmée par les résultats définitifs, la victoire du parti en tête marquerait un brusque virage à droite qui serait accueilli avec appréhension à Bruxelless. En effet, un «référendum contraignant» sur un «Nexit» – la sortie des Pays-Bas de l'UE – figure également dans le programme, ainsi qu'un «arrêt immédiat» de l'aide au développement.

En matière de politique étrangère, il défend une approche «les Pays-Bas d'abord» qui comprend la fermeture de sa représentation à Ramallah et le renforcement des liens avec Israël, notamment le déplacement de son ambassade à Jérusalem.

C'est pas (encore) gagné

Son message anti-immigration, comprenant la fermeture des frontières et l'expulsion des immigrés illégaux, semble avoir trouvé un écho auprès des électeurs néerlandais. Mais si Geert Wilders semble avoir triomphé dans les sondages, il n'est pas sûr qu'il parvienne à former une coalition de gouvernement. Les dirigeants des trois autres principaux partis ont assuré qu'il ne participeraient pas à une coalition.

Pieter Omtzigt.
Pieter Omtzigt.Keystone

Avant les élections, les dirigeants des trois autres grands partis ont assuré qu'ils ne participeraient pas à une coalition dirigée par le PVV. Mais à la sortie des urnes, le populaire et populiste Pieter Omtzigt s'est dit «disponible» pour diriger les Pays-Bas tout en concédant que le processus ne serait «pas facile» et sans préciser s'il voyait Wilders en chef de gouvernement. Son parti Nouveau Contrat Social (NSC), créé l'été dernier, aurait remporté 20 sièges.

(jah/ats)

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