L’aviation du futur sera-t-elle moins polluante? Ce mardi 18 mai à 15h40, pour la première fois, Air France a fait décoller de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle son premier vol long-courrier réalisé avec un carburant à base d’huiles de cuisson usagées.
Une première en trois points: c’est le premier vol long-courrier durable pour Air France, c’est le premier alimenté par du biocarburant produit en France et c’est le premier au départ de Roissy-Charles de Gaulle.
Jean-Baptiste Djebbari, le secrétaire d’État chargé des Transports auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, s’est lui félicité de cette «première pierre, même si le reste de l’édifice reste à construire».
S’adressant à «tous les réticents et les sceptiques qui pensent que le seul moyen pour l’avion de ne plus polluer serait de ne plus exister», il s’est réjoui qu’une «autre voie soit possible». Pour Jean-Baptiste Djebbari, ce n’est qu’un début, puisqu’il est possible d’incorporer “jusqu’à 50% de biocarburant sans modifier ni les avions, ni les moteurs”.
Faire voler un avion de Paris à Montréal avec un carburant à base d’huiles de cuisson usagées ? C’est un peu fou, et c’est ce qui va se passer aujourd’hui. pic.twitter.com/3jGckzbV4m
— Jean-Baptiste Djebbari (@Djebbari_JB) May 18, 2021
Mais attention: cet avion ne vole pas qu’à l’huile de friture. Concrètement, les réservoirs de l’avion sont remplis d’un mélange de kérosène et de 16% d’agrocarburant, produit par Total en France. Les biocarburants sont fabriqués à partir de déchets et d’huiles de cuisson usagers, et subissent un traitement spécifique pour supporter les températures très basses en altitude.
C’est donc un réel pas vers une aviation moins polluante, mais qui reste modeste pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le coût: le carburant coûte quatre fois plus cher à produire que le kérosène d’origine fossile, ce qui aurait une incidence sur le prix des billets. Pour un vol Paris-Montréal comme celui-ci, cela coûterait 5 euros de plus par billet.
Le faible niveau de production constitue également un frein. Aujourd’hui, nous sommes capables de produire en France 20 000 tonnes de biocarburant, selon Patrick Pouyanné. C’est à peu près l’objectif de 1% de biocarburant que la France s’est fixée pour 2022 et Air France veut essayer d’atteindre les 200 000 tonnes en 2025. (ga)