Voilà un curieux virement qui a été révélé lundi par le site Mediapart. Il met en cause l'actuel Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, ancienne star du barreau.
Selon plusieurs documents que se sont procurés les journalistes de Mediapart, l'ancien avocat aurait perçu 100 000 euros d'honoraires de l'entreprise Exelyum, société offshore basée aux Seychelles, qu'il n'a pourtant jamais officiellement conseillée. Une somme rondelette avec laquelle il se serait offert une Maserati cabriolet, en partie en espèces, à Monaco.
C'est ainsi qu'en mars 2013, il aurait transféré 75 000 euros à un garage de Monaco. Coût total de la voiture: pas moins 95 158 euros. Les 20 158 euros de différence auraient été versés en cash par l'avocat, selon les documents consultés par Mediapart.
Le juge d'instruction lyonnais, Marc-Emmanuel Gounot, aurait découvert ce virement suspect sur le compte d'Eric Dupond-Moretti, dans le cadre d'une enquête sur la société Exelyum.
L'entreprise, anciennement sous la direction de l'homme d'affaires Jean-Pierre Nitkowski, suspecté d'être à la tête d'une vaste escroquerie internationale à la Bernard Madoff, est estimée à 20 millions d'euros. Elle aurait alors servi à Nitkowski de «boîte noire», relate le site capital.fr.
L'enquête du juge d'instruction aurait démontré que Jean-Pierre Nitkowski aurait bénéficié des conseils d'un certain Immanuel de Agrella, avec lequel il a été en détention à Monaco, en décembre 2012. Or, il s'avère que le co-détenu était alors défendu par Eric Dupont-Moretti en personne. En échange de tuyaux boursiers, le patron d'Exelyum aurait payé les frais d'avocat de son compagnon de cellule.
L'information a été confirmée par le cabinet du Garde des Sceaux: «Eric Dupond-Moretti a défendu les intérêts de Monsieur Immanuel di Agrella, ce qui a fait l’objet d’une facturation et d’une perception d'honoraires».
Si vous vous posiez la question, la Maserati en question a été revendue «légalement» par le Garde des Sceaux depuis, selon un entourage, afin qu'elle ne figure pas dans la déclaration de patrimoine du pensionnaire de la place Vendôme.
Contacté par Mediapart, le cabinet du ministre Eric Dupond-Moretti réfute tout manquement.