De violents heurts ont fait samedi une soixantaine de blessés côté gendarmes et une trentaine côté manifestants, lors d'un rassemblement interdit par la préfecture française des Deux-Sèvres contre une «mégabassine» pour l'irrigation agricole. Les manifestants dénoncent un «accaparement de l'eau» destiné à l'«agro-industrie».
Côté manifestants, une trentaine de personnes ont été blessées, dont 10 prises en charge par les pompiers et 3 hospitalisées, selon le collectif «Bassines non merci», qui rassemble des associations environnementales, organisations syndicales et groupes anticapitalistes opposés à cet «accaparement de l'eau» destiné à l'«agro-industrie».
En soutien à la mobilisation #BassinesNonMerci pour que l’eau reste un bien commun, partagé et non une source de profit accaparé.
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) October 29, 2022
Beaucoup de monde.
Leurs mots sont agro-industrie, productivisme et fermes-usines. Les nôtres sont nature, biodiv. cycle de l’eau, respect, partage. pic.twitter.com/ECiGBDQ5K2
Des grenades lacrymogènes ont été lancées et des élus arborant leur écharpe tricolore molestés, notamment la députée écologiste de la Vienne, Lisa Belluco, selon un photographe de l'Agence France-presse (AFP).
La préfecture dénombre quatre blessés communiqués par les secours. Parmi les opposants touchés, Julien Le Guet, l'un des porte-parole du collectif, aperçu par l'AFP le visage bandé et avec un filet de sang le long du nez après une brève interpellation.
Manifestation #antibassines à #SainteSoline, dans les #DeuxSèvres : retour en images sur la charge des gendarmes qui a blessé Julien Le Guet. Le porte-parole de #BassinesNonMerci venait de faire tomber une grille d'enceinte de la #SEV15. Il a été relâché dans la foulée. pic.twitter.com/trj7w6lk86
— Aurélien Douillard (@aurDouillard) October 29, 2022
La préfète Emmanuelle Dubée a également fait état samedi soir de six interpellations à l'issue de ce rassemblement ayant réuni 4000 personnes selon elle, 7000 selon les organisations.
Dubée a dénoncé la présence de «400 profils black-bloc et activistes très violents», ainsi que des «jets de cocktail Molotov, des tirs de mortier, des explosifs puissants, des projectiles».
Avec une surface à couvrir de plusieurs hectares à travers des champs céréaliers, les 1500 gendarmes mobilisés ont eu du mal à contenir la foule, dans laquelle des centaines de militants masqués ou cagoulés côtoyaient des familles et de nombreux retraités.
Manifestation #antibassines à #SainteSoline, dans les #DeuxSèvres : échange entre les organisateurs, dont Julien Le Guet, porte-parole de #BassinesNonMerci, avec la @Gendarmerie devant l’entrée du campement installé par les manifestants. C’est en prévision du défilé. pic.twitter.com/9MF3tjD815
— La NR Niort (@NRNiort) October 29, 2022
Des militants «antibassines», une cinquantaine selon la préfecture, ont réussi à forcer les grilles protégeant le chantier puis à entrer brièvement à l'intérieur, avant d'être repoussés.
Après un face-à-face tendu d'environ une heure, les manifestants ont fait demi-tour vers le champ prêté par un paysan pour qu'ils puissent y installer un campement près de ce chantier, devenu le nouvel épicentre d'un conflit sur l'usage de l'eau qui se raréfie avec le réchauffement climatique.
Sainte-Soline est la deuxième d'un projet de 16 réserves de substitution élaboré par un groupement de 400 agriculteurs réunis dans la Coop de l'eau, pour «baisser de 70% les prélèvements en été», dans cette région encore soumise à des restrictions d'irrigation après une sécheresse estivale hors norme.
Ces réserves sont des cratères à ciel ouvert, recouverts d'une bâche en plastique et remplis grâce au pompage de l'eau des nappes phréatiques superficielles l'hiver. Elles peuvent stocker jusqu'à 650 000 m3 (soit 260 piscines olympiques) d'eau pour irriguer l'été. (sda/ats/afp)