L'Ukraine a revendiqué dimanche de nouveaux succès militaires contre les Russes dans l'est et le sud de son territoire. Moscou reconnaît avoir perdu du terrain, alors que la situation à la centrale de Zaporijjia, où tous les réacteurs sont à l'arrêt, est préoccupante.
Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde contre les «conséquences catastrophiques» que pourraient avoir les «attaques régulières ukrainiennes» sur ce complexe de six réacteurs, «y compris le dépôt des déchets radioactifs», dans un entretien téléphonique avec son homologue français:
L'opérateur ukrainien Energoatom a de son côté annoncé avoir mis à l'arrêt avant l'aube le dernier réacteur qui y restait en activité, produisant l'électricité nécessaire au refroidissement du combustible nucléaire et à la sécurité du site.
Cette décision a été prise après le rétablissement, samedi soir, de l'approvisionnement électrique extérieur de la centrale.
Concernant la contre-offensive en cours dans le nord-est de l'Ukraine, «depuis début septembre, plus de 3000 km2 sont revenus sous contrôle ukrainien», a déclaré dans un communiqué le général Valeri Zaloujny, le commandant en chef de l'armée ukrainienne, au 200e jour du conflit:
Le 2 juin, le dirigeant avait reconnu que 20% de la superficie totale de son pays, soit environ 125 000 km2, était aux mains des Russes, dont plus de 43 000 km2 (la Crimée et une partie du bassin du Donbass) conquis avant le déclenchement de l'invasion, le 24 février.
Au début du mois, l'armée ukrainienne a d'abord annoncé une contre-offensive dans le sud, avant de réaliser au cours de la semaine écoulée une percée surprise et éclair dans les lignes russes dans la région de Kharkiv.
La carte de cette zone du nord-est, présentée par le ministère russe de la Défense au cours de son briefing quotidien, a montré un retrait d'ampleur des soldats russes, qui n'en contrôlaient plus dimanche qu'une petite partie, derrière la rivière Oskol.
Samedi, l'armée russe a annoncé avoir «retiré» ses forces présentes dans les zones de Balakliïa et d'Izioum afin de les «regrouper» près de Donetsk, l'une des capitales des séparatistes prorusses, plus au sud.
Viatcheslav Gladkov, le gouverneur de la province russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, a pour sa part assuré que «des milliers de personnes» avaient fui la région de Kharkiv pour la Russie.
Un peu plus tôt, l'état-major des forces ukrainiennes avait annoncé que «la libération de portions de territoires dans les districts de Koupiansk et d'Izioum», dans cette même région, était «en cours»:
La veille, Kiev avait annoncé que ses forces étaient entrées dans Koupiansk, qui se trouve sur des itinéraires d'approvisionnement des troupes russes.
Dans le sud, dans la région de Kherson, «les occupants se sont également retirés de leurs positions dans plusieurs localités», a également assuré dimanche l'armée ukrainienne.
Selon l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), qui a son siège à Washington, les unités ukrainiennes ont avancé par endroits sur une profondeur «de 70 km» et ont repris en cinq jours «plus de territoires que les Russes n'en ont conquis dans toutes leurs opérations depuis avril».
Dans un message vidéo, Zelensky s'est réjoui que «le magnifique drapeau ukrainien (flotte de nouveau) sur Tchkalovske», dans la région de Kharkiv.«Il en sera de même partout. Nous chasserons les occupants de chaque ville et de chaque village d'Ukraine», a-t-il promis.
Dans des zones reconquises, des journalistes de l'AFP ont vu samedi des camions et des blindés russes carbonisés, dont certains encore frappés de la lettre Z, le symbole de l'invasion de l'Ukraine.
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmitro Kouleba, a quant à lui appelé à la poursuite des livraisons d'armes, principalement occidentales.
«Celui-ci est connu: 1. Libération de tous les territoires 2. Paiement de réparations par les Russes 3. Punition des criminels de guerre», a-t-il expliqué, concluant qu'il n'y a pas d'autres arrangements ou pressions. (ats/jch)