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Ukraine: résumé de la guerre en 4 points

«On se bat pour chaque mètre»: la guerre en Ukraine résumée en 4 points

L'offensive orientale s'est transformée en une guerre de position. La Russie parvient à gagner du terrain, mais de manière très lente. Pendant ce temps, l'Ukraine ne demande qu'une chose: encore plus d'armes.
15.06.2022, 06:3315.06.2022, 09:05
Vanessa Hann
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Une guerre sans merci, et de position, fait rage depuis des semaines dans l'est de l'Ukraine. «On se bat pour chaque mètre», a fait savoir le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Mais dans quelles régions les Ukrainiens et les Russes s'affrontent-ils exactement? Quels territoires ont pu être conquis? Qu'en est-il des livraisons d'armes? Voici un aperçu.

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Situation militaire

En résumé, l'offensive à l'est s'est transformée en une guerre de position. Il faut s'attendre à ce que la guerre se poursuive encore un certain temps. Les forces armées russes auraient prolongé leur planification stratégique jusqu'en octobre 2022.

La ligne de front s'étend toujours de Kharkiv au nord-est, en passant par Lougansk et Donetsk, jusqu'aux zones très disputées sur l'axe sud autour de Melitopol et Kherson.

La ligne de front au 13 juin 2022.
La ligne de front au 13 juin 2022.image: institute for the study of war

Les combats les plus violents se déroulent toujours dans l'est de l'Ukraine. C'est surtout la ville de Severodonetsk dans la région de Lougansk qui a été le théâtre de violents combats ces dernières semaines. «C’est la situation la plus critique de tout le pays», a déclaré le gouverneur de la région, Sergueï Hajdaj, dans une allocution vidéo publiée dimanche.

«Il est impossible de compter les tirs»
Sergueï Hajdaj, gouverneur de la région de Lougansk.

Les Ukrainiens seraient soumis à des bombardements continus. Environ 100 soldats ukrainiens meurent chaque jour, comme l'a récemment annoncé un conseiller du président Volodymyr Zelensky. Ce chiffre peut atteindre parfois grimpé à 200 morts par jour.

Lundi matin, l'armée ukrainienne a finalement annoncé la défaite à Severodonetsk. Les troupes russes auraient tiré à l'artillerie sur la ville de la région de Lougansk et les soldats ukrainiens ont été contraints de se retirer.

Dans la nuit de lundi à mardi, les forces russes ont également détruit le troisième pont sur la rivière Severski Donets entre Severodonetsk et Lyssytchansk. Il s'agissait de la dernière possibilité de quitter la ville assiégée.

Les ponts entre Severodonetsk et Lyssytchansk

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Le think tank américain Institute for the Sturdy of War (ISW) peine à expliquer la tactique qui se cache derrière la destruction des ponts: «Les forces russes devraient essayer de s'en emparer plutôt que de les détruire.» Maintenant, il est plus difficile pour eux de continuer à avancer vers Lyssytchansk.

Selon l'ISW, l'une des explications pourrait être que les troupes russes veulent piéger les défenseurs ukrainiens à Severodonetsk, en leur coupant la retraite. Le groupe de réflexion américain est donc d'avis que les Russes s'attendent à pouvoir sortir de leurs positions autour de Popasna. Ils pourraient ainsi encercler la ville de Lyssytchansk.. Mais, dimanche, une telle tentative a échoué.

Les forces russes semblent avoir pris la grande ville de Severodonetsk. (au milieu à droite). Elles n'ont pas encore pu s'échapper de Popasna (cercle du bas).
Les forces russes semblent avoir pris la grande ville de Severodonetsk. (au milieu à droite). Elles n'ont pas encore pu s'échapper de Popasna (cercle du bas).image institute for the study of war

D'une manière générale, les forces armées russes progressent extrêmement lentement à l'Est. Une vidéo de Nathan Ruser, chercheur à l'Australian Strategic Policy Institute (ASPI), l'illustre de façon très claire:

A Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine, l'armée ukrainienne a entre-temps lancé une contre-offensive. Les forces armées russes ont donc dû jouer le rôle de gardiens de position afin de repousser les Ukrainiens des lignes de front disputées dans le nord-est de l'oblast de Kharkiv. Le 12 juin, elles ont bombardé les positions ukrainiennes au centre et autour de la ville de Kharkiv.

Les troupes ukrainiennes ont lancé une contre-offensive à Kharkiv.
Les troupes ukrainiennes ont lancé une contre-offensive à Kharkiv.image: institute for the study of war

L'ISW pense que les Russes veulent à tout prix empêcher une nouvelle avancée des troupes ukrainiennes en direction de la frontière russe. Sur l'axe sud, les forces russes sont également occupées à défendre les territoires déjà conquis.

La longueur des combats, la lenteur de la progression des Russes et les contre-offensives des Ukrainiens laissent penser que la guerre pourrait durer un certain temps. C'est également l'avis des services secrets militaires ukrainiens. La planification des forces armées russes aurait été prolongée de 120 jours supplémentaires, jusqu'en octobre 2022, selon l’ISW qui se référait aux informations du vice-directeur des services secrets Vadym Skibitsky

Selon l'ISW, ces informations indiquent que le Kremlin ne pense pas pouvoir atteindre ses objectifs aussi rapidement que prévu. Il s'agirait d'une tentative de l'armée russe de corriger les défauts initiaux de l'offensive.

Vadym Skibitsky a également déclaré que les forces armées russes disposaient de 40 bataillons de combat supplémentaires. 103 bataillons seraient déjà présents en Ukraine. Selon les experts de l'ISW, il est toutefois peu probable que l'armée russe garde autant de forces en réserve, étant donné le manque de personnel sur le front. Il s'agit probablement d'unités hétéroclites.

Livraison d'armes

En résumé, Kiev a besoin de plus d'armes et n'est pas satisfait de l'approvisionnement actuel. L'Allemagne, en particulier, ne tiendrait pas ses promesses.

Les appels à un soutien militaire accru se multiplient. Ces derniers jours, des responsables ukrainiens ont demandé une nouvelle fois à leurs alliés occidentaux de fournir des armes supplémentaires et plus puissantes.

«Tout dépend maintenant des armes [que l'Occident] nous donnera», a déclaré Vadym Skibitsky, chef adjoint des services de renseignement militaire ukrainiens, au journal britannique «The Guardian».

Lundi, Mychaïlo Podoliak, conseiller du président ukrainien, s'est montré encore plus concret. Sur Twitter, il a écrit que l'Ukraine avait besoin de «1000 obusiers de calibre 155 millimètres, 300 lance-roquettes multiples, 500 chars, 2000 véhicules blindés et 1000 drones» pour mettre fin à la guerre. Kiev attend une décision mercredi prochain, date à laquelle les ministres de la Défense de l'Otan se réuniront à Bruxelles.

Depuis le début de la guerre, les pays occidentaux n'ont cessé de promettre des livraisons. Cela ne semble pas suffire. «L'Ukraine dispose d'une unité d'artillerie contre 10 à 15 unités d'artillerie russes. Nos partenaires occidentaux nous ont donné environ 10% de ce qu'ils ont», explique Skibitsky à The Guardian. Le ministre ukrainien de la Défense Oleksiy Reznikov réagit sur Facebook: «Je ne peux pas dire que je suis satisfait du rythme et de la quantité des livraisons d'armes.»

Il n'est que partiellement possible de savoir ce qui a déjà été transféré et en quelle quantité. De nombreux pays gardent le secret à ce sujet. Outre la Pologne, les pays nordiques, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l'Allemagne, la Turquie a également fourni des équipements. Deux développements récents sont particulièrement frappants:

La livraison piétine en Allemagne

Le gouvernement allemand a promis à l'Ukraine des armes et du matériel militaire d'une valeur totale de 350,1 millions d'euros. C'est ce qu’a rapporté l'agence de presse allemande (dpa) ce week-end. Jusqu'à présent, des bazookas, des missiles antiaériens, des grenades à fragmentation et plus de 20 millions de munitions ont été livrés. Des armes lourdes telles que des pièces d'artillerie et des chars antiaériens ont été promises, mais n’ont pas encore été livrées.

Cela suscite de vives critiques, notamment de la part de l'ambassadeur ukrainien à Berlin: «Il est décevant de voir avec quelle lenteur l'Allemagne livre des armes à l'Ukraine», a déclaré Andrij Melnyk à l'agence de presse allemande dpa ce week-end. Depuis le 3 mai, aucune arme n'est arrivée en Ukraine en provenance d'Allemagne. On attend toujours la livraison d'armes lourdes comme l'obusier blindé 2000 et le char antiaérien Gepard.

Le diplomate exerce une pression considérable, notamment par le biais des médias. «Les Ukrainiens s'attendent à ce que le chancelier allemand Olaf Scholz annonce, lors de sa visite à Kiev, un nouveau paquet d'aide de matériel militaire allemand. Et ça devra absolument comprendre des chars de combat Leopard 1, livrables immédiatement ainsi que des véhicules de combat d'infanterie Marder», a-t-il déclaré.

Depuis dimanche, une rumeur circule selon laquelle le chancelier allemand devrait se rendre à Kiev en juin, en compagnie du président français Emmanuel Macron et du premier ministre italien Mario Draghi. Le journal allemand «Bild am Sonntag» a obtenu des documents à ce sujet. Mais on n’en sait pas plus pour le moment.

Livraison de missiles américains et britanniques malgré les menaces russes

Il y a une semaine, le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a déclaré que la Grande-Bretagne allait pour la première fois livrer des missiles longue portée à l'Ukraine. Concrètement, il s'agit de systèmes de missiles multiples M270 MRLS. On ne sait pas combien de ces missiles seront livrés. La radio britannique BBC estime qu'il y en aura trois au total.

Les Britanniques ne sont pourtant pas les premiers. Début juin, l'administration Biden avait déjà annoncé que les Etats-Unis fourniraient des systèmes de missiles multiples à l'Ukraine. Ils veulent faire don de leur propre M142 HIMARS.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré qu'une telle livraison serait «un pas sérieux vers une escalade inacceptable».

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne veulent justement éviter un tel scénario. Pour obtenir ces armes, Kiev a dû garantir qu'elle n'aurait besoin des missiles que pour la défense et non pour l'attaque. De plus, ni le M270 MRLS ni le M142 HIMARS ne sont des missiles qui peuvent aller très loin. Ils ne pourraient pas atteindre des cibles comme Moscou depuis l'Ukraine.

La position de l'Otan

En résumé, de plus en plus de voix occidentales s'élèvent pour dire que l'Ukraine devrait céder des territoires à la Russie dans l'intérêt de la paix. Zelensky reproche à l'Occident d'être «fatigué de la guerre».

Le rôle de l'Otan dans cette guerre a depuis peu une nouvelle saveur. Le secrétaire général Jens Stoltenberg a pour la première fois posé publiquement la question de savoir si des cessions de territoires ukrainiens étaient nécessaires pour parvenir à un accord de paix.

Dimanche, Stoltenberg a déclaré lors de sa visite en Finlande: «La paix est possible. La question est de savoir combien de territoires (les Ukrainiens) sont prêts à sacrifier».

Jens Stolteberg n'est pas le seul à défendre cette position. L'ancien secrétaire d'État américain et prix Nobel de la paix Henry Kissinger l'avait déjà évoqué lors du Forum économique mondial de Davos. Pour parvenir à la paix, l'Ukraine devrait renoncer à des territoires comme la Crimée ou une partie du Donbass.

Le président ukrainien Zelensky dit se sentir obligé de faire des négociations pour la paix. Comme l'ont déjà rapporté le Blick et la chaîne de télévision allemande ZDF, Zelensky accuse l'Occident d’être «fatigué de la guerre». Kiev s'inquiète de l'affaiblissement du soutien à mesure que la guerre se prolonge. Selon les analystes, Moscou mise probablement sur cet intérêt qui s'étiole à l'Ouest, dans l'espoir de forcer l'Ukraine à un accord.

Le secrétaire général de l'Otan Jens a déclaré dimanche que l'organisation souhaitait en principe renforcer la position de Kiev pour les futures négociations de paix, y compris en livrant de nouvelles armes.

Exportation de céréales

En résumé, des millions de tonnes de céréales sont bloquées en Ukraine. Des tentatives sont mises en place pour contourner le blocus maritime russe, par exemple avec un nouveau «pont céréalier».

Le blocus russe du port d'Odessa se poursuit. Il est à l'arrêt depuis des mois. Plus de 20 millions de tonnes de céréales sont bloquées dans des silos. Ce chiffre pourrait atteindre 75 millions de tonnes à l'automne, selon le président ukrainien. Les cargos russes ont bloqué les routes d'accès et ne laissent plus passer aucun navire ukrainien. Les eaux aux abords des ports sont également minées.

Le commissaire européen au commerce, Valdis Dombrovskis, a accusé la Russie de bloquer les efforts de l'Onu pour exporter des céréales ukrainiennes. Les négociateurs s'efforcent depuis des semaines de mettre des millions de tonnes de céréales sur le marché mondial afin d'éviter des crises alimentaires dans d'autres régions du monde.

«On sait tous qui est responsable du blocus», a déclaré Dombrovskis, dimanche à Genève, avant l'ouverture de la conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). «C'est à la Russie de mettre fin à sa guerre et c'est aussi à elle de cesser de bloquer les exportations ukrainiennes.»

Le Kremlin, quant à lui, insiste sur la levée des sanctions contre la Russie pour assouplir le blocus maritime. Récemment, le gouvernement russe s'est montré prêt à discuter de corridors pour les exportations agricoles. L'Ukraine a réagi de manière très sceptique. Le ministre allemand de l'Agriculture, Cem Özdemir, s'est également montré méfiant lors de sa visite en Ukraine: «Ce serait inimaginable pour l'Ukraine de se fier à la parole de Poutine sans avoir de garanties militaires que la sécurité des ports et des navires ukrainiens est assurée.»

Cem Özdemir visite une exploitation agricole à Jerkivcy, en Ukraine.
Cem Özdemir visite une exploitation agricole à Jerkivcy, en Ukraine.image: imago

Une telle garantie pourrait venir de la France. Comme l'a déclaré un conseiller du président français Emmanuel Macron au journal «le Monde», les Français seraient prêts à participer à une éventuelle intervention dans le port d'Odessa. L'objectif serait de permettre aux navires de passer.

Pour le moment, la tactique est d'acheminer les céréales hors du pays par les voies ferrées et les routes. Selon le commissaire européen à l'agriculture Janusz Wojciechowski, près de deux millions de tonnes de céréales sont à nouveau exportées chaque mois. Une grande partie est acheminée par voie terrestre via la Pologne et la Roumanie. Mais le temps presse.

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En Pologne, les capacités de traitement aux points de passage de la frontière polono-ukrainienne sont augmentées. Il devrait bientôt être possible de transporter jusqu'à 1,5 million de tonnes par mois.

En Allemagne, on travaille actuellement sur un «pont céréalier». Grâce à un fonds et à des garanties, le transport par le réseau ferroviaire devrait progresser. «Nous travaillons d'arrache-pied pour que les céréales puissent être exportées par le rail, afin d'éviter une famine mondiale», a déclaré au journal Handelsblatt, Michael Theurer, chargé des questions ferroviaires au gouvernement allemand. Ainsi, «dans le cas le plus optimiste», 10 des 23 millions de tonnes devraient pouvoir être évacuées.

(Avec du contenu publié par la sda)

Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz

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