L'ONU et des ONG font régulièrement état d'un risque de famine dans la bande de Gaza assiégé par Israël après plus de 21 mois de conflit ouvert.
Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP que 93 personnes avaient été tuées et des dizaines blessées à la suite de «tirs de l'occupation (d'Israël, ndl) sur des personnes attendant de l'aide» en différents points du territoire. Selon lui, 80 personnes ont notamment péri dans la zone de Zikim, au nord-ouest de la ville de Gaza (nord).
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré qu'un de ses convois de 25 camions transportant de l'aide alimentaire était entré dimanche matin dans le nord de la bande de Gaza et avait «rencontré d'immenses foules de civils affamés qui ont essuyé des tirs».
Le PAM a jugé «totalement inacceptable» toute violence contre des civils cherchant à obtenir de l'aide humanitaire. Sollicitée, l'armée a évoqué des «tirs de sommation pour écarter une menace immédiate qui pesait sur elle», face à un regroupement de «milliers» de personnes. Elle a démenti le bilan de la Défense civile. Celle-ci a fait état de 23 autres morts dans des bombardements dans le territoire palestinien.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël, qui assiège Gaza, et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations des différentes parties.
«Des milliers de personnes désespérées étaient rassemblées pour obtenir de la farine», raconte Qassem Abou Khater, qui s'était rendu à une distribution d'aide. «Les chars (israéliens) tiraient de manière aléatoire sur nous», dit cet homme de 36 ans qui affirme avoir vu «des dizaines de personnes» mourir devant lui.
La Défense civile a en outre dit avoir constaté une augmentation du nombre de décès de nourrissons causés par «la faim et la malnutrition sévère», signalant au moins trois décès d'enfants au cours de la semaine dernière.
«Nos enfants pleurent et crient pour avoir à manger. Ils s'endorment affamés», confie Ziad Mousleh, un père de famille de 45 ans qui explique ne plus trouver de quoi nourrir ses enfants.
Dans ce contexte, l'armée israélienne a annoncé étendre ses opérations à la région de Deir al-Balah, dans le centre du territoire palestinien, où elle a sommé la population d'évacuer. Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a exhorté les civils à «se diriger vers le sud».
En près de 22 mois de guerre, la majorité des plus de deux millions de Palestiniens de la bande de Gaza ont été déplacés au moins une fois.
L'annonce israélienne a inquiété des familles d'otages retenus depuis le 7 octobre 2023, qui craignent que l'offensive israélienne ne mette en danger leurs proches. Au Vatican, le pape Léon XIV a appelé à mettre fin immédiatement à la «barbarie» de la guerre à Gaza, quelques jours après une frappe israélienne meurtrière contre une église catholique dans le territoire palestinien.
ats