Si vous jetiez jusqu'à présent vos bouteilles de shampoing, de lait et de lessive dans un conteneur de Coop, il vous faudra changer vos habitudes. Le distributeur abandonne cette stratégie de collecte des contenants en PE (polyéthylène) dans les communes qui proposent désormais le Recybag.
Le Recybag désigne un sac payant pour ces récipients en plastique, les emballages cartonnés de boissons et d'autres en plastique, tels que ceux des yaourts ou des salades à emporter. Coop parle d'une «transition progressive» vers le nouveau système.
«Cela ne me convient pas du tout», s'énerve une lectrice âgée de 75 ans. Elle se rend environ deux fois par semaine dans le magasin le plus proche pour quelques petites courses. «Je ramène souvent quelques bouteilles vides pour les y déposer afin qu'elles soient recyclées». C'est beaucoup plus simple pour elle que de transporter un nouveau sac:
Pro Senectute partage le constat de notre lectrice. De nombreuses personnes âgées accordent une grande importance au recyclage et y contribuent activement. Mais «le changement chez Coop peut entraîner des efforts supplémentaires pour les seniors», explique la porte-parole de l'organisation, Céline König. Et cela pourrait compliquer la donne pour eux, car il leur faudra amasser de plus grandes quantités chez eux et les transporter dans des sacs payants. Pro Senectute continuera à observer la situation et interviendra «si cela s'avère inacceptable pour les seniors».
Selon la porte-parole, cette nouvelle stratégie de recyclage peut aussi constituer un obstacle pour les personnes à mobilité réduite, disposant d'un logement exigu ou d'un budget limité:
L'annonce du distributeur suscite en effet de nombreuses réactions parmi le lectorat. Il se montre en majorité sceptique. Dans le cadre d'un sondage non représentatif auquel ont participé plus de 2200 personnes, 77% ont évalué négativement la décision de supprimer les conteneurs actuels. Seuls 18% des sondés l'approuvent.
«Je n'ai pas de place pour stocker d'autres sacs de tri», soupire un lecteur. Il estime qu'on doit pouvoir ramener les petits emballages tels que les bouteilles en plastique sur le lieu d'achat. Une autre lectrice le rejoint:
Elle pense aussi que les gens n'ont pas envie d'un autre sac ou n'auront pas la place pour le stocker.
Un lecteur pragmatique essaie d'apaiser les esprits: «Bien sûr, cela demande de faire un peu de place». Il dit utilise les Recybag depuis un certain temps déjà à Bâle. Et grâce à eux, il a environ trois fois moins de déchets normaux dans sa poubelle. Une internaute a, quant à elle, une suggestion:
Un autre commentateur a un avis plus tranché: «J'achète là où je peux éliminer mes déchets. Si ce n'est pas chez Coop, alors j'irai chez Migros». Car la seconde maintient le statu quo, même là où le Recybag est disponible.
Mardi, Coop s'est vu contraint de publier sur son site une prise de position détaillée pour expliciter sa stratégie en la matière. Le détaillant y rappelle qu'il passe progressivement à un conditionnement PET pour ses bouteilles de lait:
En effet, depuis début 2024, certaines boissons lactées portent un autocollant jaune indiquant qu'elles peuvent être recyclées avec d'autres bouteilles en PET. Toutefois, l'organisation PET-Recycling-Schweiz n'est pas en mesure de préciser la date à laquelle cette transition s'achèvera. «Cela s'effectue progressivement pour les produits laitiers et prendra encore un certain temps», explique Stefanie Brauchli, porte-parole.
La vitesse de ce changement dépend des producteurs, explique-t-elle. Parallèlement, les entreprises de la filière investissent en permanence dans des installations et des processus afin de permettre un recyclage de haute qualité en circuit fermé:
Alors, quelle est désormais la part des bouteilles de lait en PET? Un an et demi après le début de la transition, combien sont effectivement recyclées, comme pour les boissons classiques? Là non plus, pas de chiffres à ce sujet. «Le marché étant actuellement en pleine mutation, nous ne disposons pas encore de données fiables», justifie la communicante.
Adaptation française par Valentine Zenker