International
Humeur

Macron et ses casseroles

Image
shutterstock, keystone / montage: watson
Humeur

Macron et ses casseroles

Lundi soir, Emmanuel Macron n'a pas lâché ses volontés de réforme(s), a regretté deux ou trois trucs et s'est donné 100 jours pour apaiser le pays. L'équation est complexe: comment entendre la colère des Français quand ils en sont à taper sur des casseroles pour être écoutés? On a tenté de se glisser dans le quotidien d'un mécontent.
18.04.2023, 18:5705.05.2023, 12:25
Suivez-moi
Plus de «International»

Denis a 43 ans, une licence en lettres, des dettes et un peu de cholestérol. Surtout, il fait la tronche. Son boulot l'emmerde, ses gosses lui coûtent un bras, sa compagne est au chômage et Macron est un con. Il ne sait plus très bien pourquoi il fait le pied de grue devant la mairie de son quartier pour taper sur une casserole. Denis est fatigué. Trois mois qu'il essaie de dire ses quatre vérités au président. Il n'est pas le seul.

Jupiter cause à 20 heures, ça ne devrait pas durer des plombes. Et puis, ce sera l'occasion de boire deux ou trois demis avec les copains.

A côté de lui, Gwendoline hurle dans le micro de BFMTV, sa casserole dans la main gauche. L'allocution démarre dans quatre minutes et les chaînes d'info en continu sont à deux doigts de l'apoplexie. Ça s'égosille sur cette «dictature, enfin pas une vraie, mais quand même!». Gwen avoue faire du boucan devant la mairie pour empêcher Manu de s'exprimer. A moins que ce soit pour qu'on ne puisse pas l'écouter? Ou plutôt pour qu'il entende enfin sa colère, à elle.

Elle ne sait plus vraiment non plus. Mais Macron et les Français, ça ne peut plus durer. Les retraites, c'est la goutte.

Car Gwendoline et Denis ont peur. Voilà, c'est surtout ça. Ils ont peur. Peur de ne plus pouvoir donner du fuel à Titine. Peur de Poutine, de ce salaire ridicule et du prix de la mayonnaise. Hier, c'était le Covid, pis y a la canicule, les SDF, ChatGPT, l'arme atomique. On va crever demain? Jeudi? Dans vingt ans? Même Drucker va pas bien, putain. Alors bosser jusqu'à 64 ans dans cette boîte d'abrutis qui leur a piqué leurs meilleures années, non merci.

Des efforts? Qu'il aille chialer dans le col de Bernard Arnault le kéké de la finance. Au moment de l'allocution du président des riches, du dictateur sur son 31, de Monsieur 49.3, il restait l'arme fatale quand plus rien d'autre ne fonctionne: enfoncer ses deux petits index dans les esgourdes pour ne pas avoir à écouter ce qu'on ne veut plus entendre.

En rentrant du concert de casseroles, Denis se sent galvanisé, presque bien. Mieux, en tout cas. Il écoutera Macron plus tard dans la soirée, en pianotant sur Facebook, histoire de savoir ce qu'il doit véritablement en penser. Il est 21h, le frigo est vide et le plus grand se plaint de son vieil iPhone en faisant défiler TikTok.

Et dire qu'on a élu ce gus hautain et méprisant simplement pour barrer la route à Marine. Tout irait tellement mieux si Méluche, Rousseau, Zemmour ou Roussel étaient à l'Elysée. Ou l'autre, là... comment y s'appelle, celui qui perd ses sourcils déjà? Pas Macron. Tout sauf Macron. Tout sauf cette retraite à rallonge. Pas maintenant. Jamais. Se reposer après une vie de merde, c'est tout ce qu'il nous reste. Denis marmonne en jetant machinalement une poignée de factures sans les ouvrir.

23 heures, il se décide à zapper sur TF1. En replay et survêt. Regrets, compréhension, efforts de toutes et tous, grands projets pour la France, blablabla. «Un nouveau pacte de la vie au travail»? C'est quoi encore, cette merde? Denis ouvre Twitter et clique sur #casseroles20h. Quelqu'un l'a peut-être filmé, lui et sa vieille Tefal, devant la mairie. On sait jamais.

Il est minuit. Denis n'a rien avalé, il a oublié sa casserole au bistro et demain c'est turbin. Lui-même n'a pas la solution miracle pour que son quotidien s'améliore, mais le 1er mai prochain, il envisage de monter à République avec les copains. Les pancartes sont prêtes. En fermant un œil, il réalise qu'une larme coule machinalement de l'autre et entame son insomnie ordinaire, philosophe: pourquoi la vie n'est pas un peu plus douce?

Des mèmes pour parler de la réforme des retraites en France
1 / 15
Des mèmes pour parler de la réforme des retraites en France
source: instagram
partager sur Facebookpartager sur X
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
«Apologie du terrorisme»: le camp Mélenchon rattrapé par le 7 Octobre
La cheffe du groupe France insoumise à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, est convoquée à la police pour des déclarations faites le 7 octobre, jour du massacre du Hamas. Les convocations au commissariat s'enchaînent pour les membres et sympathisants LFI. Engagé dans une procédure visant Rima Hassan, l'avocat Gilles-William Goldnadel livre ses «pronostics».

C’est un communiqué qui avait fait polémique, le mot est faible. Le 7 octobre à Paris, bien loin du massacre perpétré le matin même dans le Sud d’Israël, le groupe de La France insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale avait publié sur X un texte qui commençait ainsi:

L’article