Poutine ordonne un cessez-le feu de deux jours à l'occasion du Noël orthodoxe. Ça veut dire quoi concrètement?
Alexandre Vautravers: En théorie, c'est assez simple. On fixe une heure de début et une heure de fin. C'est un ordre émis par le président Vladimir Poutine. L'armée russe étant hiérarchisée, des ordres seront émis et on peut s'attendre à ce que les unités soient plutôt obéissantes.
Cette décision est-elle une surprise pour vous?
Non. Ce n’est pas la première fois que des armées slaves ou orthodoxes se retrouvent sous le coup d'un cessez-le-feu. Le plus insolite, c'est de constater que Vladimir Poutine a relativement peu parlé de religion depuis le début de l’agression.
Durant la guerre en Tchétchénie ou même en Syrie, la religion avait joué un rôle plus important sur le moral des troupes russes.
Zelensky a-t-il, lui aussi, tout intérêt à baisser les armes?
Oui. Se croire plus malin et agir sous le manteau pour espérer gagner un avantage modeste et temporaire, ça n’en vaut pas la chandelle et c'est la meilleure manière de se mettre à dos l'opinion publique, notamment occidentale. Un soutien qui est, encore aujourd'hui, la seule chance de l’Ukraine pour repousser l’invasion.
Il y a donc de bonnes chances pour qu'aucune balle ne soit tirée durant ce cessez-le-feu?
C'est malheureusement très peu probable. La directive s’adresse spécifiquement à l’armée russe. Mais qu'en est-il des républiques autonomes ou des groupes de mercenaires privés? On compte aujourd'hui plusieurs milliers de mercenaires sur le front, il n'y a pas que Wagner. Dans cette configuration, un simple prétexte est susceptible de relancer les combats.
Les soldats sur le front bénéficieront de cette accalmie. Mais les partis au conflit n’en tireront pas d’avantage militaire. Durant la Première Guerre mondiale, l'arrêt des bombardements permettait encore de retirer ou de relever des unités sur le front, de reconstituer des forces. Aujourd'hui, cela n’est plus véritablement le cas. La première phrase du livre À l’Ouest rien de nouveau, d'Erich Maria Remarque, commençait ainsi: «Nous sommes à 9 kilomètres en arrière du front» et il évoque notamment «des heures d’une insouciance admirable».