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En Iran, les manifestations continuent après 6 semaines de grogne

Les manifestations en Iran durent depuis maintenant six semaines.
Les manifestations en Iran durent depuis maintenant six semaines. Image: sda

En Iran, les manifestations continuent après 6 semaines de grogne

Plus d'un mois par la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini après son arrestation, les Iraniennes et Iraniens ne décolèrent pas. Six semaines que les protestations perdurent. On vous résume la situation.
23.10.2022, 12:42
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Les commerçants et ouvriers dans plusieurs villes d'Iran ont organisé des grèves samedi sur fond de protestations déclenchées il y a plus d'un mois par la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini après son arrestation, selon des ONG.

Les faits

Mahsa Amini, 22 ans, est décédée trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique, où le voile est obligatoire pour toutes les femmes dans l'espace public.

La répression des protestations, les plus importantes en Iran depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l'essence, ont fait au moins 122 morts dont des enfants, selon l'Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo.

Les Iraniennes, beaucoup tête nue, ont été à l'avant-garde du mouvement de contestation, chantant des slogans contre le pouvoir et affrontant les forces de sécurité.

De nouvelles manifestations ont eu lieu samedi mais il est difficile d'en évaluer l'ampleur en raison des restrictions d'accès à Internet imposées par les autorités. Elles ont été accompagnées également de grèves.

«Oppression systématique»

Le média en ligne 1500tasvir a fait état de «grèves (...) organisées dans des villes, dont Sanandaj, Bukan et Saqez (nord-ouest)». Cette dernière est la ville natale de Masha Amini.

Le groupe de défense des droits Hengaw, basé en Norvège, a aussi parlé de commerçants en grève dans ces même villes, ainsi qu'à Marivan (ouest).

A Tabriz, capitale de la province de l'Azerbaïdjan oriental, des dizaines de travailleurs se sont rassemblés devant une chocolaterie, d'après d'autres vidéos qui n'ont pas pu être vérifiées dans l'immédiat par l'AFP.

Des étudiants ont protesté dans plusieurs universités du pays, a indiqué 1500tasvir, citant la Faculté des arts et d'architecture de Yazd (centre), l'université de Téhéran, l'université Allameh Tabatabai, dans l'est de la capitale, l'université Razi à Kermanshah (nord-ouest), ainsi que celles d'Hamedan (ouest), Ahvaz et Yasouj (sud-ouest).

Enseignants aussi en grève

Des dizaines d'étudiants ont applaudi et chanté lors d'une manifestation à l'université Shahid Beheshti de Téhéran, selon une vidéo tweetée samedi par 1500tasvir.

Un syndicat d'enseignants a appelé à une grève nationale dans le pays dimanche et lundi pour dénoncer la répression qui, selon Amnesty International, a coûté la vie à au moins 23 enfants.

Dans un communiqué, le Conseil de coordination des syndicats d'enseignants a déclaré que le «sit-in» serait une réponse à «l'oppression systématique» des forces de sécurité dans les écoles. Il a nommé quatre adolescents tués selon lui dans la répression et fait état de l'arrestation d'un grand nombre d'enseignants.

Arrestations massives

Des militants ont pour leur part accusé les autorités iraniennes de mener une campagne d'arrestations massives et d'interdictions de voyager, la liste incluant athlètes, journalistes, avocats et célébrités.

Les autorités, qui voient dans la plupart des manifestations des «émeutes», minimisent leur portée et les imputent aux «ennemis» de la République islamique comme les Etats-Unis.

Samedi, le vice-ministre de l'Intérieur Majid Mirahmadi a admis des rassemblements dans des universités mais «avec de moins en moins de gens». «Les émeutes connaissent leurs derniers jours», a-t-il assuré, cité par l'agence officielle Irna.

Une sportive en danger

Vendredi, la sportive iranienne Elnaz Rekabi, qui selon les chaînes BBC Persian et Iran International basées à Londres, a été assignée à résidence à son retour de Corée du Sud, a remercié ses soutiens sur Instagram.

La sportive de 33 ans a été accueillie mercredi à l'aéroport de Téhéran par une foule de partisans. Elle avait participé à Séoul à une compétition d'escalade avec seulement un bandana sur la tête, ce qui avait été interprété comme un geste de solidarité avec les manifestations en Iran.

Des organisations de défense des droits humains basées à l'étranger ont exprimé des inquiétudes pour le sort de la sportive qui a affirmé que son foulard avait glissé par erreur et présenté des «excuses».

Vendredi, le Center for Human Rights in Iran (CHRI), un groupe basé à New York, a appelé la Fédération internationale d'escalade sportive à faire davantage pour la protéger.

Rassemblements à l'étranger

A l'étranger, les rassemblements de solidarité avec les protestations en Iran se sont aussi poursuivis avec des manifestations à Tokyo, à Berlin ou à Genève.

Quelque 80 000 personnes ont défilé samedi à Berlin, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police. «Aujourd'hui des milliers de personnes affichent leur solidarité aux courageuses femmes et aux manifestants en Iran», a affirmé la ministre allemande de la Famille, l'écologiste Lisa Paus, sur Twitter. «Nous sommes à vos côtés», a-t-elle ajouté.

Parmi les participants à cette manifestation organisée par un collectif de femmes, certains ont brandi des affiches avec le slogan «Women, Life, Freedom» (Femmes, Vies, Liberté, ndlr), d'autres des drapeaux kurdes.

Environ 250 Iraniens de Suisse ont appelé samedi sur la Place des Nations à Genève à la fin du «régime des mollahs». Et au soutien des féministes suisses au peuple iranien. L'affluence était deux fois moins importante qu'il y a trois semaines.

Washington accusé de complot

La communauté internationale a condamné la répression et plusieurs pays ainsi que l'Union européenne ont imposé des sanctions à des dirigeants et entités iraniens.

Les dirigeants iraniens accusent quant à eux les Occidentaux de fomenter les manifestations, qu'ils qualifient «d'émeutes». Samedi, le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a accusé Washington d'instrumentaliser les manifestations pour obtenir des concessions dans les négociations, lancées il y a plus d'un an, pour raviver l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

Défilé à Washington

Des milliers de personnes, dont beaucoup d'Iraniens, ont défilé samedi dans la capitale américaine Washington en soutien aux manifestations en Iran. Elles ont marché jusqu'à la Maison-Blanche avec pour mot d'ordre: «Femmes, vie, liberté».

Parti en fin d'après-midi du National Mall, grande esplanade du centre-ville, le cortège aux couleurs du drapeau iranien s'est dirigé sous le soleil jusqu'à la Maison-Blanche, en scandant «nous voulons la liberté» ou encore «justice pour l'Iran».

«C'est la cinquième manifestation hebdomadaire que nous faisons à Washington et je crois que c'est la plus grosse», a déclaré à l'AFP Siamak Aram, l'un des organisateurs. Sans vouloir s'avancer sur un chiffre définitif, il a estimé qu'il serait «au-dessus de 10 000» personnes.

Berlin et Tokyo

Certains manifestants étaient venus d'autres villes américaines, comme Boston pour Mahshid, 28 ans, qui portait un T-shirt vert demandant: «Aidez à libérer l'Iran».

Samedi, des manifestations de soutien ont également eu lieu à Berlin ou encore Tokyo.

Des manifestations, en Iran et ailleurs
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Des manifestations, en Iran et ailleurs
Des Iraniennes tiennent des photos de Mahsa Amini, les mains peintes en rouge, lors d'une manifestation devant le consulat d'Iran suite à la mort de Mahsa Amini, à Istanbul, en Turquie, le 17 octobre 2022.
source: epa / sedat suna
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