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«Tout le monde dit que c’est la fin des mollahs»: une Iranienne témoigne

Iran: témoignage d'une femme iranienne vivant en suisse
Des étudiants de Téhéran reprennent «Ey Irân», hymne d'unité dans le pays.image: capture d'écran

«Tout le monde dit que c’est la fin des mollahs»: une Iranienne témoigne

Maryam, alors adolescente, a subi le régime théocratique iranien instauré en 1979. Etablie en Suisse depuis le début des années 1980, elle est contact avec ses proches résidant en Iran. Elle raconte ses jeunes années sous la coupe des mollahs et commente la révolte en cours.
20.10.2022, 16:3621.10.2022, 06:15
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Maryam* n’avait pas 20 ans lorsqu’elle a quitté l’Iran, au début des années 1980. Les frontières du pays, fermées depuis la révolution islamique de 1979, venaient de rouvrir. «A l’atterrissage en Suisse, j’ai ôté mon voile.» Maryam n'est pas repartie. En Iran, l’adolescente était tenue de porter le tchador, ce long voile noir couvrant, symbole du régime théocratique instauré par les mollahs et leur leader de l’époque, l’ayatollah Khomeiny, dont un buste a été récemment déboulonné à Neishabour, dans le nord-est d'un pays en ébullition.

«Les sbires du régime tuent comme des sauvages»

Depuis la mort, le 16 septembre, de Masha Amini, après son arrestation par la police des mœurs au motif que son voile était mal ajusté, une grande partie de l'Iran est en révolte contre la dictature islamiste. «C’est une révolution», affirme Maryam:

«Tout le monde dit que c’est la fin des mollahs»

Cette Iranienne établie en Suisse est en relation avec des proches résidant en Iran. «Le contact a été coupé pendant un mois après la mort de Masha Amini, explique-t-elle. C’est seulement au début de cette semaine qu'on a pu la rétablir via une messagerie en ligne. Je n’ose pas demander à ma famille vivant là-bas si elle participe à la révolte, je ne veux pas la mettre en danger. Mais ce qu’on me dit, c’est que les sbires du régime tuent comme des sauvages.» Depuis le début du soulèvement, 215 personnes ont été tuées par les forces de sécurité dans 19 des 31 provinces du pays, selon l’ONG Human Rights Watch (bilan au 17 octobre).

Les craintes d'une guerre civile

Maryam a «bon espoir que le régime tombe», et l’Internet, en permettant à l’information de circuler, y sera pour beaucoup, estime-t-elle. La suite l’inquiète déjà. «Qui remplacera les mollahs? Des militaires? Le Baloutchistan, une province à majorité sunnite du sud-est de l’Iran, se soulèvera-t-elle? Les Kurdes feront-ils de même? Y aura-t-il une guerre civile? Il faudrait que les mollahs laissent la place à un gouvernement séculier, où les femmes ne seraient pas obligées de porter le voile.»

A l'école du Coran

Lors d’un voyage en Iran en 2019, Maryam s’était aperçue que «beaucoup parmi les pro-Khomeiny tournaient leur veste». Dix ans plus tôt, en plein mouvement vert, prémices de l’actuelle révolte, Maryam, en déplacement en Iran, s’était abritée dans un immeuble pour échapper à la répression, se souvient-elle.

Adolescente, elle avait vécu ou plutôt subi la révolution islamique de 1979. «Les voiles colorés et les chignons sous les voiles, qui étaient comme une manière, déjà, d'alléger la contrainte religieuse, étaient interdits. Le Coran était pour ainsi dire la matière principale enseignée.» Sa venue en Suisse permit à Maryam d’échapper à ce carcan.
*Prénom modifié

La sportive Iranienne Elnaz Rekabi a disparu après avoir retiré son foulard
Video: watson
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