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Iran: le pouvoir s'en prend aux célébrités et aux journalistes

Iran: le gouvernement s'attaque aux célébrités et aux journalistes

In this photo released by the official website of the office of the Iranian Presidency, President Ebrahim Raisi attends an interview with the state TV at the presidency office in Tehran, Iran, Wednesd ...
Le président iranien Ebrahim Raïssi s'est exprimé mercredi à la télévision nationale.Image: sda
Des cinéastes, des athlètes, des musiciens et des acteurs ont soutenu les manifestations. Pour les autorités iraniennes, «ils ont rejoint l'ennemi au lieu d'être avec le peuple».
30.09.2022, 05:3730.09.2022, 12:29
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L'Iran a intensifié jeudi la pression sur les célébrités et les journalistes à la suite de la vague de manifestations déclenchées dans le pays par la mort de Mahsa Amini.

«Nous allons nous en prendre aux célébrités qui ont soufflé sur les braises des émeutes»
Le gouverneur de la province de Téhéran, Mohsen Mansouri

Des cinéastes, des athlètes, des musiciens et des acteurs ont soutenu les manifestations, y compris l'équipe nationale de football dont les joueurs ont porté des survêtements noirs pendant les hymnes interprétés avant un match à Vienne contre le Sénégal.

Ligne rouge

Le chef de la justice iranienne, Gholamhossein Mohseni Ejei, s'en est lui aussi pris aux célébrités:

«Ceux qui sont devenus célèbres grâce au soutien du système, pendant les jours difficiles, ont rejoint l'ennemi au lieu d'être avec le peuple. Tous doivent savoir qu'ils doivent rembourser les dommages matériels et spirituels causés au peuple et au pays.»

Pour sa part, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a prévenu que malgré «la douleur et le chagrin» suscités par la mort d'Amini, la sécurité publique était «la ligne rouge de la République islamique d'Iran»:

«Personne n'est autorisé à enfreindre la loi et à provoquer le chaos»

Jeudi, une journaliste qui avait couvert l'enterrement de Mahsa Amini a été interpellée, a indiqué son avocat. Cette arrestation est intervenue après celle de la journaliste Nilufar Hamedi, du quotidien «Shargh», qui s'était rendue à l'hôpital où Mahsa Amini était dans le coma et avait contribué à rendre publique l'affaire.

Des tirs de missiles et de drones

L'Iran a imputé les manifestations à des forces extérieures et lancé mercredi des frappes transfrontalières de missiles et de drones qui ont fait 13 morts dans la région du Kurdistan irakien, accusant les groupes armés basés dans cette région d'alimenter les troubles.

Jeudi, l'Iran a convoqué le chargé d'affaires français, dénonçant l'«ingérence» de Paris dans ses affaires intérieures après la condamnation par Paris de la «répression violente» des manifestations.

Berlin réclame pour sa part des sanctions de l'Union européenne, a indiqué jeudi la cheffe de la diplomatie allemande:

«Au sein de l'UE, je fais tout mon possible pour mettre en place des sanctions contre ceux qui en Iran battent les femmes à mort et abattent les manifestants au nom de la religion»
Annalena Baerbock

Dans le monde

Des manifestations de solidarité avec les femmes iraniennes ont eu lieu dans le monde entier, et des rassemblements sont prévus dans 70 villes samedi.

En Afghanistan, les talibans ont dispersé jeudi un rassemblement devant l'ambassade d'Iran à Kaboul de femmes afghanes venues soutenir les manifestantes iraniennes, dont elles disent partager la lutte. Les forces talibanes ont tiré en l'air et tenté de frapper les manifestantes à coup de crosse, selon des journalistes de l'AFP.

Dans une déclaration à l'agence de presse Fars, les agents de renseignement du Corps des gardiens de la révolution, l'armée idéologique de l'Iran, ont indiqué avoir arrêté 50 membres d'«un réseau organisé» à l'origine des «émeutes» dans la ville sainte chiite de Qom.

A Genève, plusieurs dizaines d'Iraniens de Suisse ont manifesté jeudi après-midi en scandant «A bas, à bas la dictature!». Ils ont appelé à la fin du régime à Téhéran. Ils demandent à l'ONU d'œuvrer après le décès de la jeune Mahsa Amini qui a provoqué une révolte dans ce pays.

Applaudis par certains badauds, les manifestants s'en sont pris directement au guide suprême Ali Khamenei et au président Ebrahim Raïssi. Celui-ci est d'ailleurs également accusé d'avoir été associé au massacre de 1988 qui a fait environ 30 000 victimes en Iran.

«Ils sont terroristes, ils doivent s'en aller. La vague de protestations en Iran est différente des précédentes, plus organisée et plus unifiée.»
L'un des manifestants, à Genève

A Istanbul, une centaine d'Iraniens sont également descendus dans la rue. «Même ceux qui ont fui vers un autre pays vivent dans la peur», a dit l'une d'entre elles, lunettes fumées et bouche barrée de noir, comme cousue. En Turquie, qui partage une frontière avec l'Iran à l'est, les assassinats d'opposants iraniens et les incursions des services de sécurité ne sont pas rares.

A Oslo, deux personnes ont été légèrement blessées et environ 90 interpellées lors de heurts pendant une manifestation jeudi près de l'ambassade d'Iran, a annoncé la police norvégienne.

Plusieurs dizaines de manifestants, certains enveloppés dans le drapeau kurde, s'étaient réunis devant l'ambassade iranienne dans la capitale norvégienne en réaction à la mort de la jeune Kurde et aux frappes iraniennes au Kurdistan irakien. Certains ont tenté de s'introduire dans le périmètre de l'ambassade.

Pour sa part, Amnesty International a critiqué les «pratiques généralisées de recours illégal à la force et la violence impitoyable des forces de sécurité» en Iran.

L'ONG a cité le recours à des balles réelles et boules de métal, des passages à tabac et violences sexuelles à l'encontre des femmes, le tout «sous couvert de perturbations continues et délibérées de l'Internet et de la téléphonie mobile». (ats/jch)

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