Si vous avez la trentaine, que vous courrez régulièrement ou que vous passez vos week-ends les fesses sur une selle à avaler du bitume, il y a de fortes chances pour que le nom de cette application vous soit familier. Strava. Une sorte de Facebook pour sportifs. Un réseau social qui permet d’enregistrer une trace de vos footings ou sorties à vélo grâce à une montre connectée, avant de les partager à une communauté et de récolter des «kudos» - des likes, en somme.
Si vous prénommez Marine, Jean-Marc ou Aurélien et que vous n'éprouvez aucun scrupule à ce que vos données soient géo-localisées et rendues publiques, pas de problème. C'est un poil plus discutable, en revanche, lorsque votre métier consiste à protéger le chef de l'Etat de la plus grande puissance mondiale... et par conséquent, vous contraint à rester discret.
Dans une enquête logiquement baptisée «StravaLeaks», Le Monde a réussi à remonter la trace de dizaines de gardes du corps des présidents Macron, Poutine et Biden. Sur la base des footings des membres du Secret Service, qui compte de nombreux adeptes de l'application, il est donc possible d’identifier à l’avance les lieux où s'apprête à séjourner Joe Biden - comme l'hôtel Fairmont de San Francisco, par exemple.
Sans oublier de connaître, en quelques clics, les détails de la vie privée des personnes responsables de la sécurité du président. Inscrits sur Strava sous leur véritable identité et leur nom complet, une recherche sommaire sur Internet et les réseaux sociaux permet à n’importe qui d’identifier les proches, les enfants ou encore les lieux de vacances des membres du Secret Service.
Autant d’informations qui pourraient être utilisées pour faire pression sur ces agents et mettre en péril la sécurité du président américain par un individu mal intentionné.
Selon Le Monde, jusqu'à ce que le quotidien prenne contact avec les autorités américaines pour leur signaler la bourde, les agents du Secret Service continuaient allègrement à signaler leurs déplacements sur Strava.
En réponse aux questions du journal, l’administration a assuré qu’elle allait «examiner ces informations afin de déterminer si nos recommandations et formations en la matière doivent être renforcées». (mbr)