International
Justice

Attentats du 13 novembre à Paris: le procès touche à sa fin

Attentats du 13 novembre à Paris: le procès hors-norme touche à sa fin

epa05030634 French police members participate in an raid in the city center of Saint Denis, near Paris, France, 18 November 2015. Shots were heard as police raided a northern Paris suburb early 18 Nov ...
Des membres de la police française participent à une descente dans le centre-ville de Saint-Denis, près de Paris, France, le 18 novembre 2015.Image: EPA
De manière inédite, 400 parties civiles ont déposé leurs souffrances à la barre de la cour d'assises au début et à la fin de cette audience-fleuve.
08.06.2022, 04:5308.06.2022, 12:46
Plus de «International»

Après neuf mois d'audience, les voix des parties civiles ont résonné une ultime fois mardi au procès des attentats du 13 novembre en France par l'entremise de leurs avocats.

Il s'agit, pour les 25 derniers «porte-parole» de ces familles endeuillées et de ces rescapés des pires attaques de l'après-guerre, de dire encore les blessures indélébiles d'une nuit d'horreur avant que l'accusation ne se lève à partir de mercredi pour prendre ses réquisitions.

Pour ces ultimes paroles au nom d'une diversité de parties civiles – plus de 2500 sont constituées – il aura été beaucoup question de silence dans les plaidoiries de leurs avocats. Ce «silence assourdissant» qui, le 13 novembre 2015, a frappé Paris et Saint-Denis, un «silence imposé par les rafales, les bruits secs» de Kalachnikov, rappelle Me Nathalie Senyk.

Ce silence aussi que se sont imposées d'elles-mêmes de nombreuses parties civiles «qui n'ont jamais osé passer la porte de la salle d'audience, par appréhension peut-être», souligne Me Célia Nourredine. Pour d'autres, «s'intéresser de loin» c'était «maintenir une distance de sécurité», relève Me Zoé Royaux.

«Fatou et Lucille font partie de ces parties civiles invisibles, silencieuses qui n'ont pas témoigné au procès, la première car elle ne voulait pas s'imposer de vivre ce cauchemar, la seconde par peur d'ennuyer la cour.»
Leur avocate, Me Isabelle Guttadauro

«Masse infinie»

Cette somme de témoignages «est la stricte réalité des attentats et c'est une bonne chose d'y faire face», pointe Me Guttadauro. A sa suite, Me Claire Josserand-Schmidt tient à citer les prénoms des 37 personnes qu'elle représente, Jean-Pierre, Evelyne, Johanna... pour qu'on se souvienne d'elles «comme une masse infinie de douleur».

«Ils étaient venus chercher dans ce procès une écoute attentive et une place, légitime, qui est la leur. Et ils ont trouvé les deux», note-t-elle. «Ils étaient venus aussi avec cette lancinante question: ''Pourquoi?'' C'est inévitable de chercher à comprendre face à ce carnage inepte. Ils ont besoin de rationalité», poursuit Me Josserand-Schmidt.

«Interroger Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos djihadistes qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés, c'est essayer d'appréhender ce qui l'anime quand il accepte de porter une ceinture explosive. Et face au ''mutisme de certains'' accusés, la parole laconique d'autres, il y a pour les parties civiles une nouvelle injonction: faire le deuil de ce qu'il y avait à savoir.»
Me Josserand-Schmidt.

Victimes étrangères «exclues»

Ce silence aura été forcé pour certaines victimes étrangères non francophones qui ont eu le «sentiment d'être exclues de leur propre procès», déplore Me Clémence Witt. Elle raconte cette famille chilienne «oubliée» qui n'a pas été avertie de la tenue de l'audience, les «débats traduits in extremis» pour les parties civiles qui avaient fait le déplacement à Paris, celles qui n'y ont jamais accédé faute de pouvoir se connecter de l'étranger à la webradio.

«Ce défaut de prise en charge a été vécu comme une négation de leur statut de victime. S'il n'a pas donné toutes les réponses qu'elles attendaient, ce procès aura toutefois permis la rencontre de deux mères endeuillées, l'une Espagnole, l'autre Chilienne, et leur sentiment d'appartenance à la communauté des victimes.»
Me Witt

Une dernière fois, un «silence profond» gagnera la salle d'audience le 29 juin, à l'heure où la cour d'assises rendra son verdict, lance Me Aurélie Cerceaux aux magistrats professionnels. «Votre décision le rompra. (...) J'aimerais tant que votre décision permette aux victimes de trouver l'apaisement, de ne plus voir l'horreur, de ne plus avoir peur, de passer à autre chose», clame-t-elle. (ats/jch)

Copin comme cochon: les lunettes de soleil à l'intérieur
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Pour ces Russes, le méga-défilé de Poutine a un goût amer
Entre ferveur patriotique et difficultés de la vie quotidienne, des habitantes de Ivanteïevka, en banlieue de Moscou, s'apprêtent à commémorer un 9-Mai particulier.

«Nos pères ont combattu et nous vivons dans ces baraques», se lamente Tamara, en montrant sa maison délabrée d'Ivanteïevka, près de Moscou. La Russie célèbre en grande pompe les 80 ans de la victoire sur l'Allemagne nazie, mais la retraitée a du mal à joindre les deux bouts. «Nos autorités n'ont aucune honte», s'écrie Tamara, 65 ans.

L’article