Le Parlement européen a ouvert la voie à l'exemption de visa pour les citoyens kosovars. Dès l'année prochaine, les Kosovars pourront entrer dans l'UE pour un séjour allant jusqu'à 90 jours. A la condition de disposer d'un passeport biométrique. Le pays a fait de gros efforts dans les domaines de la sécurité et de la gestion de la migration, a soulevé le Parlement.
Cette décision sonne la fin d'une odyssée de plusieurs années. A sa création, le pays espérait obtenir rapidement l'exemption de visa, mais on l'a toujours fait patienter. Ainsi, en 2018 déjà, le commissaire européen de l'époque, Dimitris Avramopoulos, avait annoncé que le Kosovo remplissait toutes les conditions pour l'exemption de visa. Mis à part la Biélorussie et la Russie, le Kosovo est le seul pays d'Europe dont les citoyens ne bénéficient pas encore de la liberté de circulation dans l'espace Schengen.
Le Kosovo est un Etat jeune. En 2008, le pays a déclaré son indépendance de la Serbie. A cela s'ajoutent des raisons politiques. Les relations conflictuelles entre la Serbie et le Kosovo pèsent également sur les relations avec l'Europe. Cinq Etats membres de l'UE ne reconnaissent pas le Kosovo. Parfois par crainte de velléités séparatistes dans leur propre pays.
De plus, des pays puissants comme la France voient d'un mauvais œil l'élargissement de l'UE aux Balkans occidentaux. Et les obstacles sont importants. Pour accorder l'exemption de visa à un Etat, tous les chefs de gouvernement de l'UE doivent donner leur accord. Cette décision unanime a été prise début mars.
Oui. Comme la Suisse est également membre de l'espace Schengen, elle devra suivre le mouvement et décider également de la liberté de circulation pour les Kosovars. Interrogé sur cette décision, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) confirme qu'il s'agit d'un développement de Schengen que la Suisse doit suivre. Il n'y aura pas de retard par rapport à l'UE.
La diaspora kosovare est aujourd'hui l'une des plus importantes du pays. Après les Italiens, les Allemands, les Portugais et les Français, elle constitue le cinquième plus grand groupe d'étrangers en Suisse. Selon les données du SEM, près de 120 000 Albanais du Kosovo vivent aujourd'hui en Suisse. Cela représente 6% de la population kosovare.
Dans les années 1970 déjà, de nombreux travailleurs immigrés du Kosovo sont venus en Suisse. Beaucoup ont ensuite fait venir leur famille, notamment en raison de l'aggravation de la situation politique dans leur pays d'origine. Après le début de la guerre au Kosovo, des dizaines de milliers de personnes se sont réfugiées en Suisse. C'est d'ailleurs ici que l'Armée de libération du Kosovo (UÇK) a organisé la résistance contre le pouvoir serbe au Kosovo.
Les relations entre la Suisse et le Kosovo sont étroites. L'ambassadeur suisse à Pristina en fait également l'expérience. «On m'interpelle même régulièrement en suisse allemand dans la rue», déclare Thomas Kolly dans une interview sur le portail médiatique Albinfo.ch. Les transferts d'argent de la diaspora en Suisse contribuent également à améliorer les conditions de vie de nombreuses familles au Kosovo. Grâce aux investissements de la diaspora, la Suisse est le deuxième plus grand investisseur étranger direct au Kosovo.
Ce sont surtout les proches des personnes d'origine kosovare résidant en Suisse qui devraient profiter de cette nouvelle liberté de voyager. On estime que quatre demandes sur cinq sont déposées pour des raisons familiales.
Et l'affluence à l'ambassade suisse au Kosovo est grande. L'année dernière, plus de 46 418 demandes de visas ont été déposées auprès de l'ambassade à Pristina. La Suisse a délivré 38 542 visas Schengen. Les longues files d'attente devant le bâtiment de l'ambassade appartiendront définitivement au passé dès l'année prochaine. Le mot de la fin, c'est sans doute «Mirë së érdhët», qui signifie «Bienvenue».
Traduit et adapté par Anaïs Rey.