Présenté comme le grand perdant du scrutin, Emmanuel Macron doit rapidement tirer les leçons avant d'être happé dans un tunnel d'obligations internationales à partir de jeudi. Lundi, il a discuté de la stratégie à adopter au cours d'un déjeuner avec la Première ministre Elisabeth Borne et les ténors d'Ensemble!, Edouard Philippe et François Bayrou.
Au programme: dialogue et discussion. Mardi et mercredi, Emmanuel Macron va convier les représentants des forces politiques présentes dans la nouvelle Assemblée pour «dialoguer et échanger pour l'intérêt supérieur de la Nation» et «bâtir des solutions au service des Français».
Parmi les premiers responsables à avoir accepté de se rendre successivement à l'Elysée figurent:
Le Conseil des ministres prévu mardi a été repoussé, de même que le lancement, mercredi, du Conseil national de la refondation, outil de la «nouvelle méthode» de concertation prôné par le président.
Deux mois seulement après sa réélection, le chef de l'Etat est déjà au pied du mur: doit-il garder Elisabeth Borne après quelques semaines à Matignon? Et comment peut-il réorienter politiquement le gouvernement pour tenter d'atteindre une majorité absolue à l'Assemblée?
Avec 245 députés, les macronistes d'Ensemble! sont loin de la majorité absolue, fixée à 289 sièges sur 577. Un remaniement est donc inévitable pour remplacer les trois ministres battues dimanche:
«Ma hantise, c'est que le pays soit bloqué», a reconnu la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire. «Il va falloir de l'imagination, de l'audace, de l'ouverture», a-t-elle estimé, réitérant l'idée d'une main tendue à destination de «tous ceux qui veulent faire avancer le pays».
Pour le LR Christian Jacob, «pas question de pacte, de coalition ou d'accord de quelque nature» avec les macronistes.
Mais Catherine Vautrin, la présidente ex-LR du Grand Reims et un temps pressentie pour Matignon, a appelé dans un entretien à Libération la droite à prendre ses «responsabilités» autour d'un accord programmatique et de gouvernement avec le camp Macron.
En attendant, la coalition de gauche va devoir s'organiser à l'Assemblée. Mais les premières fractures sont apparues lundi avec le refus par le Parti socialiste, EELV et le PCF de la proposition de Jean-Luc Mélenchon de former un groupe unique.
«La gauche est plurielle (...) Vouloir supprimer cette diversité est une erreur, et je m'y oppose», a déclaré la députée socialiste Valérie Rabault.
Un peu plus tôt, Jean-Luc Mélenchon avait exprimé sa crainte que le statut de première opposition à Emmanuel Macron ne soit remis en cause par un éparpillement des forces, ce qui permettrait au RN de prendre la place.
Après un quinquennat où le chef d'Etat a «piétiné le Parlement comme jamais, (...) il a maintenant un Parlement qui ne sera pas composé que de Playmobil», a averti Mathilde Panot, élue de la coalition de gauche Nupes, qui a déjà réclamé la démission d'Elisabeth Borne et annoncé «une motion de censure» contre son gouvernement.
Même intransigeance au Rassemblement National. Marine Le Pen a prévenu qu'elle va «mettre en oeuvre le blocage de toutes les réformes (...) nocives, au premier rang desquelles la retraite à 65 ans». (mbr/ats)