«L'humanité est à un malentendu de l'anéantissement nucléaire». Ce lundi, le chef de l'ONU Antonio Gutierres avertissait le monde d'un risque accru de fin apocalyptique à l'occasion d'une conférence liée au traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
Les mots ont dû faire de l'effet, si l'on en croit la décision prise par Washington jeudi de repousser le test de l'un de ses missiles nucléaires, le LGM-30G Minuteman III, comme le révèle le site du journal Korii.
La principale raison du report du tir d'essai, ce sont les tensions autour de Taïwan, l'île indépendante revendiquée par la Chine. La visite de la porte-parole de la Chambre des Représentants Nancy Pelosi mardi à Taiwan a provoqué l'ire de la Chine. Mais si les muscles ont été bandés de part et d'autre, aucun coup fatal n'a été asséné au territoire autonome peuplé de 23 millions d'âmes.
Il s'en faut toujours de peu, observe, anxieuse, l'opinion publique, peu rassurée par les déplacements militaires respectifs de Pékin et Washington.
En réaction à la visite de Pelosi, Pékin a procédé jeudi à des exercices militaires de grandes ampleurs, dont des tirs de missiles qui ont atterri dans la zone économique exclusive du Japon (ZEE), révèle l'AFP.
Pas moins de 22 chasseurs chinois ont pénétré la zone de défense aérienne de Taïwan, faisant planer des missiles à quelque 20 kilomètres des côtes taïwanaises.
Pour assurer la sécurité de Nancy Pelosi, Washington avait pour sa part avancé ses porte-avions - le USS Reagan et le USS Tripoli - dans les eaux du Pacifique.
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— (Little) Think Tank (@L_ThinkTank) August 1, 2022
🔸 Afin d'assurer la sécurité de Nancy Pelosi lors de sa visite à Taïwan, l'armée américaine a indiqué que des forces aériennes et navales seront dans le secteur. Il s'agit du porte-avions USS Ronald Reagan et des navires USS Tripoli et USS America. pic.twitter.com/k9QLDXq0Mx
Les Etats-Unis ont pour habitude de procéder à des opérations de routine vouées à tester le bon fonctionnement de ses missiles balistiques intercontinentaux, précise le site Korii.
Ces tests de missiles, modestement baptisés «Glory trips», auraient dû avoir lieu depuis la Vandenberg Air Force Base en Californie, sur...le Pacifique. De quoi rajouter de l'huile sur le feu si Pékin venait à mal interpréter les mouvements de ses détracteurs.
Alors Washington a décidé de sagement ranger son joujou explosif pour la deuxième fois cette année.
En mars, les tensions en Ukraine avaient déjà eu raison du glorieux voyage du LGM-30, alors que les forces nucléaires russes avaient été placées en état d'alerte maximale sur ordre de Vladimir Poutine. Pour éviter une mauvaise lecture de ses exercices militaires, l'US Air Force avait annulé la sortie du missile nucléaire.
Ce vendredi, le principe de précaution était également de mise du côté de la Maison blanche. Le vol d'essai sera exécuté à une date ultérieure, note John Kirby, porte-parole de la sécurité nationale américaine, relayé par le site US News. «Nous pensons qu'il n'est pas dans notre intérêt, ou dans celui de Taïwan, ni dans celui de la région d'autoriser une escalade des tensions».
(jod)