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Présidentielle 2022

Le thème de la chasse s'invite dans la campagne présidentielle

On ignore pour qui Brigitte Bardot votera à la présidentielle. En revanche, le patron de la Fédération nationale de chasse, lui, a fait son choix: ce sera Macron.
On ignore pour qui Brigitte Bardot votera à la présidentielle. En revanche, le patron de la Fédération nationale de chasse, lui, a fait son choix: ce sera Macron.image:keystone
Présidentielle 2022

La chasse s'invite dans la campagne présidentielle et déchaîne les passions

Une fois n'est pas coutume, le patron de la Fédération nationale des chasseurs est sorti de sa réserve pour affirmer qu'il votera Emmanuel Macron. Autant dire que ce soutien n'a pas plu du tout aux autres candidats.
30.03.2022, 20:5131.03.2022, 11:17
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Dans la course à l'Elysée, Emmanuel Macron s'est trouvé un nouveau soutien, et il est loin d'être anecdotique... celui des chasseurs français. Ou plus exactement, de leur patron, Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC).

Dans une interview exclusive accordée au Parisien mardi, le représentant de la branche a confirmé son soutien au président-candidat, et ce dès le premier tour. Derrière ce soutien, il vise surtout un objectif: éviter de se retrouver avec un nouveau chef d'Etat trop proche des milieux animalistes.

Il faut dire que la chasse constitue un sujet émotionnel, si ce n'est carrément sensible, sur lequel tous les candidats doivent se positionner durant la campagne. Entre les pro et les anti, Willy Schraen a dû soigneusement étudier les positions pour faire son choix: «À mon poste, la seule chose qui compte, c’est le traitement de la chasse. À partir de là, je suis d’une froideur et d’un pragmatisme total sur les choix à faire», a-t-il affirmé.

Et parmi les candidats dans son viseur...

Il y en a deux que Willy Schraen souhaite absolument éviter:

«Quand je vois que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon font une percée dans les territoires ruraux, je suis tétanisé. L’heure est grave»
Willy Schraen

En effet, le candidat Insousmis Jean-Luc Mélenchon n'a jamais caché sa désapprobation sur la chasse. Le 30 mars encore, il s'est prononcé en faveur de l'arrêt de cette pratique «pendant les week-ends et les vacances scolaires» sur France Inter, ajoutant encore:

«Je ne suis pas chasseur et je ne recommande pas de l'être»
Jean-Luc Mélenchon

Le candidat, qui se dit sensible à la cause animale et conscient «des aspects contre-écologiques de la chasse», juge en outre la pratique «horriblement polluante».

Quant à la candidate RN Marine Le Pen, elle est considérée par le président des chasseurs comme:

«L’animalisme incarné primaire»
Willy Schraen

Surprenante position. Surtout quand on sait que la candidate à la présentielle a reconnu que la chasse est une «nécessité», lors d'une interview à RTL en février dernier. Bien qu'elle ne fasse pas mystère de sa passion pour les animaux (notamment des chats), elle s'est dit favorable à la régulation du gibier.

Interrogé à ce sujet par Le Parisien, Willy Schraen a balayé ses arguments: «Marine Le Pen ne nous comprend pas. Elle nous considère comme des pompiers de service».

«On ne va pas à la chasse en premier lieu pour une mission d’intérêt général», s'est encore agacé le président de la FNC, qui précise:

«Dans les Hauts-de-France, quasiment toutes les municipalités qui ont des élus RN rêvent d’inaugurer une rue au nom de Brigitte Bardot»
Willy Schraen
L'actrice française, connue pour sa ferveur pour la cause animale, entretient de bons rapports avec Marine Le Pen, pour laquelle elle avait voté en 2017.
L'actrice française, connue pour sa ferveur pour la cause animale, entretient de bons rapports avec Marine Le Pen, pour laquelle elle avait voté en 2017.image: keystone

Quant aux autres...

Aux yeux du patron des chasseurs de France, les autres candidats à l'élection ne valent pas mieux.

A commencer par Yannick Jadot. Lui, on n'en parle même pas: à l'instar de Jean-Luc Mélenchon, le candidat écologiste plaide pour l’interdiction de la chasse pendant les week-ends et les vacances, ainsi que l'interdiction définitive de la chasse à courre (c'est-à-dire la chasse avec des chiens), rapporte Le Monde.

Alors Valérie Pécresse, peut-être? «Elle a signé en 2021 la charte régionale pour les animaux de l’association L214, avec des mesures anti-chasse. Cette ONG est l’adversaire numéro 1 des éleveurs et des chasseurs», analyse Willy Schraen.

Alors, Anne Hidalgo? Elle, elle «a une position dogmatique qui vaut Jadot et Mélenchon. Ce n’est pas la ligne habituelle du PS, qui est ancré dans les territoires».

En ce qui concernent les candidats ouvertement favorables à la chasse, comme Fabien Roussel (qui «vit la chasse»), ou à Eric Zemmour (qui juge la pratique «formidable»), pourquoi pas... Mais tout est question de calcul politique. Pour Willy Schraen, il est évident qu'ils ne passeront pas le premier tour.

Ne reste donc plus qu'un choix logique: Emmanuel Macron.

Mais pourquoi lui?

Contrairement aux apparences, Macron n'est pas qu'un «président des villes». Outre ses propres origines «rurales», sa belle-famille pratique la chasse de longue date. Il en a même fait un sujet lors de la première campagne présidentielle, rapportait Le Parisien en 2018. La même année, Macron a accédé à la principale revendication des chasseurs: maintenir l'autorisation de la chasse à l'oie à cendrée.

Willy Schraen est formel: le président sortant saura défendre les intérêts des chasseurs, comme il l'a fait au cours de son quinquennat. «Il mettra toute son énergie pour répondre à nos demandes. J’ai sa parole. Il ne m’a pas déçu».

Tout en affirmant qu'il votera Macron dès le premier tour, le président des chasseurs précise qu'il ne s'agit toutefois pas d'une consigne de vote:

«Les chasseurs font ce qu’ils veulent. Mais je leur dis "Faites attention": en deuxième et troisième positions se profilent nos pires ennemis»
Willy Schraen

En tout cas, ce soutien a fortement déplu

Plusieurs candidats à la présidentielle ont d'ores et déjà fustigé ce soutien affiché du président de la Fédération de la chasse à Emmanuel Macron. Comme le souligne Le Monde, le défenseur de l'intérêt des chasseurs a certes noué une alliance... mais il en a perdu onze.

En ce qui concerne ce gage de soutien, Jean-Luc Mélenchon a affirmé qu'il s'en passera: «Je ne crois pas qu’il puisse dire que les chasseurs vont pour voter pour Monsieur Macron», a-t-il affirmé sur France Inter.

Quant à Marine Le Pen, elle a déploré le fait que «le président de la Fédération nationale des chasseurs se positionne toujours politiquement, un petit peu comme un lobbyiste (...) Ce n'est pas son rôle».

De son côté, le candidat Yannick Jadot s’est insurgé sur CNEWS. Il a profité de l'occasion pour critiquer allègrement son adversaire Emmanuel Macron sur ce sujet pour le moins épineux: «Depuis cinq ans, il n’a cessé d’autoriser des chasses qui ont été immédiatement interdites par les tribunaux parce que ce sont des espèces protégées. Il a toujours soutenu les chasses cruelles».

A n'en pas douter, le thème de la chasse a un parfum de poudre. Et il est explosif. Sans compter qu'il est loin d'être cantonné à quelques pratiquants en province: selon le Parisien, la France compte environ 1,1 million de pratiquants licenciés, soit plus de 4 millions de familles concernée. Un vivier à ne pas négliger.

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