Depuis que la République d'Irlande s'est affranchie de la domination britannique le 3 mai 1921, l'Irlande du Nord a été source de tensions. L'existence de ce pays, créé au même moment et rattaché à la Grande-Bretagne, s'est retrouvé au centre d'un bras de fer parfois sanglant.
Les unionistes défenseurs de l'appartenance au Royaume-Uni, surtout protestants, et les républicains favorables à une réunification avec l'Irlande, catholiques, se disputent depuis des décennies sur le statut de leur patrie.
Ces tensions ont été exacerbées récemment par les changements liés au séisme du Brexit. Celles-ci ont abouti ces dernières semaines à des émeutes et à la démission de la cheffe du gouvernement local, Arlene Foster, du parti unioniste ultra-conservateur DUP.
Aujourd'hui encore, les républicains désignent souvent leur province comme «le nord de l'Irlande» et qualifient sa création de «partition». Selon la croyance profondément ancrée que la frontière a été imposée de manière illégitime.
Dans ce contexte, chaque victoire pour un camp signifie une perte de terrain pour l'autre, tant leurs points de vue sont irrémédiablement opposés. C'est pourquoi les célébrations du centenaire proposées par le gouvernement posent problème. Elles sont fondées sur l'idée que l'Irlande du Nord appartient au Royaume-Uni et possède comme cheffe d'État la reine Elizabeth II.
Le programme du gouvernement local prévoit pourtant des événements censés réconcilier les deux parties, comme la tenue d'un service religieux interconfessionnel et la création d'un fond d'histoire partagée.
For generations, Ireland has been the emerald thread in the fabric of American history and national life. America is grateful for your partnership, glad to share in the joy of this centennial, and looking forward to another 100 years of Irish leadership in the world. #Dáil100 pic.twitter.com/kGGxHBFHB0
— Nancy Pelosi (@SpeakerPelosi) April 17, 2019
Mais si le gouvernement désire souligner la force et la beauté des diverses identités de la province, certains gestes symboliques risquent de fâcher les républicains. Par exemple, le fait qu'une «rose du centenaire» sera présentée à la reine «pour son propre jardin».
Ce centenaire intervient à un moment où les tensions sous-jacentes ont été fortement ravivées par le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne.
Afin d'éviter un retour à une frontière physique avec la République d'Irlande, l'Irlande du Nord continue d'appliquer les régulations de l'UE. Des contrôles sur les marchandises provenant de Grande-Bretagne ont été mis en place dans les ports de la province.
Se sentant trahie par Londres qu'elle accuse d'avoir instauré une frontière douanière en mer d'Irlande, la communauté unioniste a déclenché début avril de violentes émeutes dans plusieurs villes.
Dans ce contexte tendu, deux des principaux partis républicains (Sinn Fein et SDLP) ont d'ores et déjà boycotté la planification des commémorations. «On ne célèbrera pas cette partition qui représente un échec pour les gens de cette île», a affirmé Michelle O'Neil, dirigeante du Sinn Fein au sein de la province. (ats/ga)