Pavel Filatiev, ancien parachutiste russe, a décrit toutes les horreurs de la guerre lors de l'invasion russe. Son journal intime contient 141 pages sur le quotidien du front à la guerre. Il s'agit autant d'un règlement de comptes avec la guerre de la Russie qu'avec son armée elle-même. Pavel Filatiev a désormais quitté son pays.
Avant sa fuite, le journal britannique The guardian a réussi à s'entretenir avec Pavel Filatiev. Ils se sont rencontrés à plusieurs reprises dans des stations de métro et des cafés isolés. Le journal britannique a désormais traduit et publié les premières pages du journal de guerre de Pavel Filatiev.
Sans sa fuite à l'étranger, son journal lui aurait sans doute été fatal. Celui qui parle de guerre en Russie s'expose à des poursuites judiciaires. L'ancien soldat avait d'abord envisagé de se rendre directement. Des militants des droits de l'homme l'ont finalement encouragé à quitter le pays. On dit qu'il se trouve désormais aux Etats-Unis.
Lors des rencontres avec le journal The guardian, Filatiev donnait aux journalistes de nombreux détails sur son temps passé au front. Il a d'abord eu du mal à comprendre pourquoi ils partaient à la guerre. «Il m'a fallu des semaines pour comprendre qu'il n'y avait pas de guerre sur le sol russe et que nous avions simplement envahi l'Ukraine.» Les commandants ne se seraient pas souciés de leurs subordonnés. Les hommes se sacrifiaient pour des plans qu'ils ne connaissaient même pas vraiment eux-mêmes. Aussi écrit-il dans son journal:
L'unité de Filatiev a également été déployée pendant un mois près de Mykolaïv. C'est là qu'ils se sont enterrés, sous le feu constant de l'artillerie ukrainienne. Il aurait été blessé à l'œil par un obus tombé à proximité.
Pavel Filatiev n’a pas vraiment vécu d’atrocités, mais il a fait état d'une culture de la colère et de la frustration au sein de l'armée. On peut lire dans son journal:
Comme de nombreux rapports provenant de la zone de guerre, les informations de Filatiev sont difficilement vérifiables. Le journal britannique a donc demandé à ce que des éléments essentiels de son récit soient étayés par des documents et des photographies.
Le journal de Pavel Filatiev est l'un des rares témoignages de soldats qui parlent ouvertement de leur expérience de la guerre en Ukraine. «Si rien que la moitié de son récit est vraie, on peut dire à juste titre que cette armée est une catastrophe», a tweeté l'expert militaire allemand Carlo Masala.
Lors d'une mission à Kherson, des pillages auraient eu lieu. «Comme des sauvages, nous avons tout mangé là-bas: flocons d'avoine, bouillie, confiture, miel, café. Tout nous était égal, on nous avait déjà poussés au-delà de nos limites.» Lui-même aurait volé un bonnet. Au fond de lui, il savait que le pillage ne se faisait pas:
Dans son journal, le soldat russe s'oppose ouvertement à la propagande du Kremlin et explique les raisons de sa désertion:
Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz.