International
Suisse

Face aux massacres de civils en Birmanie, que peut faire la Suisse?

Birmanie répression
Les proches d'une personne tuée lors des manifestations anti-coup d'Etat, pendant son enterrement.Image: Keystone
Interview

Face aux massacres de civils en Birmanie, que peut faire la Suisse?

Depuis le coup d'Etat, les militaires birmans ont tué 745 civils parmi lesquels de nombreux ados. Un homme, en Suisse, essaie de faire bouger les choses. C'est Carlo Sommaruga. Le conseiller aux Etats genevois sait que la lutte sera rude. Trop d'intérêts sont en jeu.
27.04.2021, 07:1527.04.2021, 18:05
Suivez-moi
Plus de «International»

Carlo Sommaruga, watson a publié des témoignages qui font état d'exactions de la part de l'armée birmane qui tire dans la tête de manifestants. Votre réaction?
Je suis profondément choqué par les faits que vous relatez et les récits qui me parviennent du Myanmar. Ces atrocités commises par la junte militaire rappellent tragiquement les actes ignobles lors des coups d’Etat des militaires au Chili et en Argentine.

«Il y a une volonté délibérée d’écraser toute résistance de la société et de semer la peur en tuant, torturant, blessant, tabassant et en emprisonnant toute personne»

Le militant pacifiste avec qui je suis lié virtuellement Wai Moe Naing a d’ailleurs été arrêté, torturé et maintenant inculpé de manière totalement infondée et arbitraire de meurtres de policiers. Je salue le courage de la société civile qui maintient sa résistance contre l’arbitraire.

Comment appréciez-vous la situation sur place?
Malheureusement, les militaires sont déterminés dans leur action. L’impossibilité de prendre des sanctions et mesures d’embargo en raison du blocage de toute résolution par la Chine et la Russie, confortent les militaires birmans dans leur stratégie de virulente répression.

Dans la mesure où les militaires contrôles des pans entiers de l’économie birmane, il est essentiel d’imposer un embargo total et un blocage de toutes les importations de ce pays. Cette démarche s’impose à toutes les Etats démocratiques qui veulent réellement défendre nos valeurs démocratiques.

Quel rôle joue la Suisse? Quelle est sa marge de manoeuvre?
La Suisse s’est beaucoup investie pour accompagner le processus démocratique. D’une part en contribuant au dialogue de paix interne entre le pouvoir central et les groupes ethniques du nord et en accompagnant la transition démocratique avec une coopération au développement très active. Malheureusement, ce fort investissement a été balayé en un clin d’œil par les militaires revanchards souhaitant conserver à n’importe quel prix le leadership politique et économique du pays.

«La Suisse doit exiger haut et fort le respect des droits humains et pousser avec des Etats like minded des mesures de pression sur ce pays»

Comment expliquer l’inaction de la communauté internationale alors que l'armée viole clairement la convention de Genève ?
L’ONU est bloquée en premier lieu par la Chine, mais également la Russie. La Chine a des intérêts économiques très important au Myanmar. Elle compte sur les militaires birmans pour les protéger contre les revendications sociales et environnementales internes et la concurrence internationale.

La Chine, voisine de la Birmanie, y a de nombreux intérêts

Carte de la Birmanie
Image: Datawrapper

La communauté des Etats démocratiques est incapable de dépasser ses intérêts économiques pour faire valoir ses valeurs de démocratie et des droits de l’Homme. En Suisse, récemment encore, le Conseil des Etats s’est opposé à l’introduction d’un mécanisme d’interdiction d’importations de biens produits par du travail forcé ! On est donc loin de la cohérence entre discours et la mise en œuvre de la défense des valeurs.

Aung San Suu Kyi
1 / 8
Aung San Suu Kyi
Aung San Suu Kyi s'adresse aux partisans de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) en 1997.
source: epa / david van der veen
partager sur Facebookpartager sur X
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
La «salope» divise l'Espagne
Les conservateurs considèrent la chanson espagnole à l'Eurovision comme une «honte». Le premier ministre espagnol n'est pas de cet avis, parlant plutôt de «féminisme divertissant».

María Bas et Mark Dasousa ne sont pas encore montés sur scène que le public du théâtre Albéniz de Madrid, plein à craquer, se déchaîne déjà sur les paroles «Zorra, Zorra». Pour les non-initiés: «Zorra» signifie «renarde» en espagnol, mais il est surtout utilisé de manière péjorative pour «salope» ou «putain».

L’article