Il y a quelques semaines, l'armée ukrainienne a libéré le village de Robotyne dans le sud de l'Ukraine. Les soldats ont mis en déroute les troupes russes. «Maestro», qui se bat depuis fin 2022 pour la 47e brigade Magura, a participé à la reconquête –, mais il s'était auparavant caché pendant un mois dans le village occupé par la Russie. Dans un entretien avec le Tagesspiegel, il raconte sa peur de la mort et comment il s'est retrouvé dans une telle situation.
Le 22 juillet, la brigade de «Maestro» avait donc pour mission de franchir les épais champs de mines et les fortifications que les Russes avaient érigés devant le village alors occupé. Il devait atteindre la principale ligne de défense russe, qui se trouvait juste derrière Robotyne.
L'armée russe s'était emparée de Robotyne en mars 2022, peu après le début de la guerre. Le village est stratégiquement important, car il se trouve sur l'autoroute menant à la ville de Tokmak, également visée par la contre-offensive ukrainienne.
Si l'Ukraine reprenait Tokmak, la voie serait libre pour Melitopol, le carrefour du ravitaillement en munitions de la Russie et la capitale de la région de Zaporijia occupée par la Russie, déclarée par le Kremlin. Elle est également proche de la Crimée, annexée par la Russie en violation du droit international et que l'Ukraine veut également récupérer.
Ce jour-là, en juillet, «Maestro» et ses acolytes ont été bombardés par les troupes russes, raconte-t-il. «Le plus dangereux, c'était les bombes à fragmentation». Il aurait été brûlé aux yeux à deux reprises parce qu'il se tenait dans le créneau de tir. Après un autre échange de tirs, il a été séparé de la troupe. Une grenade a touché son ami. Le corps de ce dernier lui est tombé dessus. «Cela m'a sauvé la vie», raconte «Maestro». Ainsi, les Russes ne l'auraient pas remarqué, mais en même temps, sa brigade se serait retirée.
A partir de ce jour, «Maestro» a lutté pour sa survie au milieu de l'armée russe. «Je me suis caché derrière des arbres et des buissons et j'ai rampé jusqu'au village vers 4 heures du matin», raconte l'homme de 47 ans dans le Tagesspiegel.
Il réussit, toutefois, à se cacher à nouveau. Ses récits ne peuvent pas être vérifiés authentifiés. Toutefois, selon le Tagesspiegel, l'armée ukrainienne a confirmé les combats près de Robotyne et les descriptions de «Maestro».
Le soldat est resté dans sa cachette pendant plusieurs jours. Il a ensuite pénétré dans le village, où il a notamment trouvé refuge dans un hangar et une maison. Selon son récit, il aurait mis plusieurs fois les canons ennemis hors d'état de nuire.
Entre-temps, des soldats russes avaient pris conscience de sa présence:
Deux soldats auraient discuté du sort qu'ils lui réserveraient à sa capture. L'un deux aurait demandé à l'autre ce qu'il ferait de lui s'il le trouvait. L'autre aurait répondu qu'il l'abattrait sur le champ. «Sauf qu'ils ne m'ont pas trouvé. J'ai eu de la chance», dit Maestro. Il se nourrissait de feuilles d'arbres, d'herbe et de baies de la forêt.
«Maestro» s'était également préparé au cas où les combattants russes l'auraient tout de même découvert: «J'avais une cartouche dans ma poche», dit-il.
Après environ un mois, le 24 août, des soldats ukrainiens l'ont libéré et le village est revenu à l'Ukraine. «Maestro» est actuellement en permission et reçoit des soins médicaux. Mais il a l'intention de retourner au front très bientôt.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)