Bientôt la fin du rêve des voitures robots? Régulièrement présentés comme le fantasme ultime du monde de demain, les véhicules autonomes ne tiennent pour l'instant pas toutes leurs promesses.
En Europe, Mercedes vient à peine d'obtenir une autorisation pour vendre des voitures dotées d'une autonomie dite de niveau 3 (sur une échelle de 1 à 5). Elle permet de confier la conduite à l'intelligence artificielle dans certaines conditions, mais en gardant toujours un conducteur.
Du côté des États-Unis, on est plus ambitieux. General Motors avec Cruise compte commercialiser des voitures 100% autonomes au milieu de la décennie. Et ils ont déjà l'autorisation de circuler dans plusieurs grandes villes, tout comme Waymo, la filiale d'Alphabet, qui dispose du meilleur système autonome du monde.
Équipée de leurs vingt-neuf caméras, cinq lidar et six capteurs radar sur des modèles Jaguar I-Pace, les véhicules de Waymo impressionnent. Pourtant, selon Heex Technologies, elles restent 17 fois moins performantes qu'un automobiliste, et ce malgré les 10 milliards investis dans l'entreprise au cours des vingt dernières années.
Au-delà des difficultés technologiques qui pourraient être surmontées d'ici quelques années, l'obstacle de taille pour les voitures sans conducteur serait en réalité leur modèle économique.
Déjà en 2014, Travis Kalanick, alors PDG d'Uber, déclarait que la perspective de voitures sans conducteur posait un défi existentiel pour une entreprise comme la sienne.
Sauf qu'avec ses 100 millions d'utilisateurs mensuels dans plus de 10'000 villes différentes, Uber ne possède aucune voiture. Et ses chauffeurs, sous-traitants, ne sont payés que lorsqu'ils transportent des passagers.
Mais qu'en sera-t-il dans le monde des voitures autonomes? À l'heure de l'industrie sans conducteur, il faudra faire construire ou acheter tout une flotte de véhicules coûtant au minimum 150'000 euros pièce. Et si vous calculez mal votre coup, vous perdez de l'argent; une voiture non utilisée, du profit envolé.
Au-delà de la conduite, le chauffeur réalise un tas d'autres tâches impossibles à effectuer pour un système automatique. Il s'assure que la voiture dispose d'assez de carburant (ou d'électricité), empêche les activités illicites dans le véhicule, ou encore évalue le risque de vomi avant d'embarquer une personne alcoolisée.
Si les robots-taxis permettent d'éviter des coûts de main-d'oeuvre, ils ajoutent aussi de nombreuses nouvelles charges. Et si les défis technologiques auxquels sont confrontés ces robots-taxis peuvent être résolus, le modèle économique sur lequel ils reposent reste branlant.
Du moins pour ce qui est des transports individuels. Les tracteurs autonomes parcourant les champs vides sans obstacle, ou encore les camions de livraison autonomes, paraissent quant à eux très prometteurs.
Cet article a été publié initialement sur Slate. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original