Comment les résistants ukrainiens sapent le moral des soldats russes
L'offensive russe en Ukraine, lancée fin février, n'a pas eu les résultats escomptés. Pour autant, une partie importante du sud et de l'est du pays sont aux mains des troupes de Poutine. En face, l'armée ukrainienne a lancé une contre-offensive pour reconquérir les territoires occupés, notamment dans le sud du pays.
Quelques petites localités de l'oblast (région) de Kherson auraient déjà été reconquises. L'objectif de l'armée ukrainienne est de repousser les troupes russes au-delà du fleuve Dnipro.
Pendant ce temps, les forces russes tentent de renforcer leurs positions à Kherson et Zaporijia, où se trouve la plus grande centrale nucléaire d'Europe.
Les troupes ukrainiennes et les «partisans» rendent la tâche très compliquée. Ces groupes de résistants mènent des actions de combat et de sabotage derrière la ligne de front dans les territoires occupés
Les actes de sabotage se multiplient
Dans les villes occupées comme Berdiansk, Kherson ou Melitopol, les attentats et les actes de sabotage contre les soldats russes et les infrastructures militaires se multiplient depuis début juin, selon les informations du think tank américain «Institute for the Study of War» (ISW).
Selon l'ISW, il est probable que de petites équipes de spécialistes militaires forment des cellules de résistance dans le sud du pays. C'est également l'avis de Mauro Mantovani, professeur à l’Académie militaire (ACAMIL) de l’ETPZ:
La multiplication des actes de sabotage au cours des deux derniers mois a-t-elle été prévue en anticipation de la contre-offensive ukrainienne? Selon Mauro Mantovani, les mouvements de résistance ont toujours plusieurs buts:
Et bien sûr, la résistance a pour but de s'en prendre directement à l'ennemi. Car un affaiblissement militaire de l'adversaire derrière les lignes de front augmente les chances de succès lors d'une contre-offensive avec des forces régulières.
Les Russes ne sont pas en sécurité
Avec des actions de résistance et des attaques contre les soldats russes, la peur est implémentée au sein de l'armée d'occupation.
Avantage psychologique
Suite aux attentats et aux actes de sabotage des partisans, l'armée russe doit réparer les dommages physiques et détacher des contingents de troupes pour assurer la sécurité des lignes d'approvisionnement derrière le front. «Ces deux éléments aggravent le manque de personnel dans l'armée russe», explique Mauro Mantonavi. L’aspect psychologique est aussi touché:
Les actions des partisans peuvent donner à l'Ukraine un avantage stratégique, tant sur le plan militaire que psychologique. C'est d'ailleurs sur ce dernier point que repose le terme choisi de «partisans»:
Un contre-message destiné aux soldats russes, biberonnés à la propagande poutinienne dans laquelle la Russie combat un gouvernement ukrainien fasciste.
Répression croissante par les occupants russes
«Malheureusement, comme toutes les armées d’occupation de l’Histoire, les troupes russes réagiront par des représailles contre la population civile au fur et à mesure que l'activité des partisans s'intensifiera», analyse Maura Mantovani.
En effet, le chef des partisans ukrainiens Volodymyr Jemtchougov a récemment déclaré que plus de 250 personnes soupçonnées de faire partie de la résistance avaient été arrêtées dans l'oblast de Kherson.
Mauro Mantovani rappelle toutefois que si les unités de résistance peuvent participer à aider dans la défense de leur territoire, ce sont bien les forces armées classiques qui peuvent provoquer un tournant dans une guerre.
C'était par exemple le cas en Yougoslavie pendant la Seconde Guerre mondiale.
Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz