La Pologne, membre de l'OTAN, a placé mardi son armée en état d'alerte renforcée après avoir été atteinte par ce qu'elle a décrit comme un «projectile de fabrication russe». L'attaque, qui a fait deux morts, pourrait marquer une escalade majeure du conflit en Ukraine. L'ambassadeur russe en Pologne a été convoqué pour «des explications détaillées».
«Il vient d'être décidé de relever le niveau d'alerte de certaines unités de combat et d'autres personnels en uniforme», a annoncé le porte-parole du gouvernement polonais. Le chef de l'OTAN Jens Stoltenberg doit tenir dès mercredi une «réunion d'urgence» avec les ambassadeurs de l'alliance, selon une porte-parole.
La Pologne, qui partage une frontière avec l'Ukraine, envahie le 24 février par la Russie, est membre de l'OTAN. Quelque 10 000 militaires américains se trouvent dans le pays.
Les dirigeants des grandes puissances du G7 se sont retrouvés mercredi pour une réunion d'urgence, en marge du sommet du G20 à Bali, en Indonésie, ont constaté des journalistes de l'AFP. Outre les chefs d'Etat ou de gouvernement des Etats-Unis, de la France, de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Italie, du Canada, du Japon, les dirigeants espagnol, néerlandais et de l'UE étaient présents.
La Maison-Blanche a fait savoir que Joe Biden avait échangé au téléphone avec Jens Stoltenberg. Le président américain s'est également entretenu avec son homologue polonais Andrzej Duda.
Paris, Londres et Berlin ont assuré Varsovie de leur soutien, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé ses «condoléances pour la mort de citoyens polonais victimes de la terreur des missiles russes».
I’m very concerned about the latest developments in #Poland and #Ukraine. I call for the utmost restraint so that the investigation can determine the causes and responsibilities. My thoughts are with the families of the victims and with all those affected by the attacks.
— Ignazio Cassis (@ignaziocassis) November 15, 2022
Moscou a rejeté les accusations. «Les déclarations de médias polonais et de responsables officiels sur une prétendue chute de missiles russes près de la localité de Przewodow relèvent de la provocation intentionnelle dans le but de créer une escalade de la situation», avait alors réagi le ministère russe de la défense sur Telegram:
Dans la nuit de mardi à mercredi, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a appelé «tous les Polonais à garder le calme face à cette tragédie», à l'issue d'une réunion d'urgence de son cabinet.
Le président Duda a relevé qu'il n'y avait à ce stade pas de «preuve équivoque» sur l'auteur du tir du missile meurtrier, «probablement de fabrication russe» selon lui:
A Kiev, le président ukrainien a directement accusé la Russie d'avoir tiré des missiles sur la Pologne, qualifiant cette frappe présumée «d'escalade très importante».
L'article 5 du traité de l'alliance atlantique affirme que si un Etat membre est victime d'une attaque armée, les autres considèreront cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l'ensemble des membres et prendront les mesures jugées nécessaires pour venir en aide au pays attaqué.
Ce tir est intervenu au soir d'une journée marquée par une intense campagne de bombardement russe sur les infrastructures ukrainiennes, qualifiée par le président Zelensky de «gifle au visage du G20». L'Ukraine a été frappée par des attaques russes d'une ampleur inédite selon Kiev - une centaine de missiles - contre les réseaux énergétiques qui ont rendu la situation «critique».
Ces frappes, qui ont fait au moins un mort à Kiev, ont entraîné des coupures de courant généralisées en Ukraine et jusque dans la Moldavie voisine.
Des frappes ukrainiennes sur la région russe de Belgorod, frontalière au nord-est, ont fait deux morts et trois blessés, a indiqué sur Telegram le gouverneur de la région Viatcheslav Gladkov.
Les frappes massives sur l'Ukraine ont eu lieu quatre jours après l'humiliant retrait des forces russes d'une partie de la région de Kherson, dont la ville du même nom, dans le sud, après plus de huit mois d'occupation.
Signe des difficultés des Russes sur le terrain, les autorités d'occupation dans la région de Kherson, dont Moscou revendique l'annexion, ont dû abandonner une nouvelle ville, Nova Kakhovka. (ats/jch)