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Explosions en Crimée: voici ce que l'on sait

Que s'est-il vraiment passé en Crimée? Voici ce que l'on sait des explosions

Explosions en Crimée: voici ce que l'on sait
De puissantes explosions ont eu lieu mardi à Novofiodorovka, en Crimée.Image: sda
D'immenses explosions ont secoué mardi une base aérienne russe en Crimée. Accident, sabotage ou attaque de l'armée ukrainienne? Peu d'informations circulent pour l'heure. Tour d'horizon.
10.08.2022, 11:1710.08.2022, 12:25
Dario Bulleri
Dario Bulleri
Dario Bulleri
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Mardi, d'énormes explosions ont secoué l'importante base aérienne russe de Saki, en Crimée. Cette péninsule ukrainienne a été annexée en 2014 par Moscou.

Des vidéos montrant des détonations et de gros nuages de fumée à proximité des plages de la mer Noire ont circulé sur les réseaux sociaux. Elles auraient été prises près du village de Novofiodorovka, non loin de la station balnéaire d'Eupatoria.

Les touristes ont fui la région. Des vidéos ont montré des embouteillages devant le pont de Kertch en direction de la Russie. Selon des informations locales, le dirigeant de la Crimée, Sergueï Axionov, a annoncé le décès d’une personne et neuf autres, dont deux enfants, ont été blessées.

D'autres vidéos, publiées le lendemain, montrent les importants dégâts que les explosions ont provoqués à l'intérieur de la base russe.

Mystère autour de la cause de l'explosion

La cause des explosions sur la base de Saki n'est pour le moment pas claire. Une attaque par l'armée ukrainienne semble à première vue peu probable. Les troupes ukrainiennes se trouvent à plus de 200 kilomètres sur le continent. Selon les connaissances actuelles, l'armée ukrainienne ne dispose pas de missiles de cette portée.

Même les missiles de type AGM-88 HARM, que les Etats-Unis ont remis à l'Ukraine avec leur dernière livraison d'armes, n'auraient une portée «que» de 150 kilomètres environ.

Une attaque de l'armée de l'air n'aurait probablement pas été couronnée de succès, car la Russie dispose d'un système de défense bien équipé en Crimée. Les observateurs supposent donc qu'il s’agit d'un acte de sabotage.

Kiev rejette toute responsabilité

Le gouvernement ukrainien affirme ne pas être à l’origine de ces bombardements. «Bien sûr que non», a déclaré Mykhaïlo Podoliak, conseiller du président Volodymyr Zelensky, à la chaîne de télévision «Doschd». Il s'agit probablement d'une action de guérilla ou d'une erreur russe, a-t-il spéculé, avant d'ajouter: «Les gens qui doivent vivre sous cette occupation savent qu'elle prendra fin».

Mykhailo Podolyak, adviser to the Ukrainian Presidential office and member of the Ukrainian delegation gestures while speaking to the media after Ukrainian-Russian peace talks in Gomel region, Belarus ...
Le conseiller de Zelensky, Mykhaïlo Podoliak, affirme que l'armée ukrainienne n'est pas responsable des explosions en Crimée.image: keystone

Le ministère ukrainien de la Défense a entre-temps fait savoir qu'il n'était pas en mesure de fournir des informations sur les explosions en Crimée. Il y aurait toutefois un risque que la Russie falsifie des preuves d'une prétendue attaque ukrainienne. Il a spéculé, comme Podoliak, qu'il pourrait s'agir d'une erreur russe.

Plus tard, le ministère de la Défense a publié un tweet avec une image du nuage de fumée. Il écrit: «La présence de troupes d'occupation sur le territoire de la Crimée ukrainienne n'est pas compatible avec la haute saison touristique».

Le président Zelensky a également brièvement parlé de la Crimée dans son message vidéo quotidien, mais il n'a pas abordé les explosions en détail. «La Crimée est ukrainienne et nous ne l'abandonnerons jamais», a-t-il déclaré. «Cette guerre russe contre l'Ukraine, contre toute l'Europe libre, a commencé par la Crimée et doit se terminer par la Crimée, par sa libération.»

La Russie nie l'attaque

Comme le gouvernement ukrainien, la Russie affirme qu'il n'y a pas eu d'attaque sur la base. Une source au sein du ministère russe de la Défense a indiqué qu'une violation des règles de protection contre les incendies était la cause la plus probable des explosions. «Il n'y a pas de signes, de preuves ou même de faits indiquant que les munitions ont été délibérément mises à feu.»

Explosions en Crimée: voici ce que l'on sait
Les nuages de fumée près d'une plage de Crimée.image: keystone

Un fonctionnaire militaire dément

Un haut fonctionnaire militaire ukrainien, qui a souhaité rester anonyme, a déclaré au New York Times que l'Ukraine était bien responsable des explosions. L'armée aurait ainsi mené l'attaque sur la base de Saki – et ce avec une arme qui n'est visiblement pas encore connue du public.

Il s'agit d'une arme qui a été fabriquée «exclusivement en Ukraine». Le fonctionnaire n'a pas donné plus de détails. Des partisans auraient également participé à l'attaque. Il a précisé que des avions décollaient régulièrement de la base de Saki pour attaquer les troupes ukrainiennes.

Mykhaïlo Podoliak, qui avait d'abord nié toute implication ukrainienne, a lui aussi continué à soulever des questions dans un tweet énigmatique. «Démilitariser la Fédération de Russie est une partie importante de la sécurité mondiale», a-t-il écrit. «L'avenir de la Crimée est d'être une perle de la mer Noire, pas une base militaire pour les terroristes», a déclaré Podolyak. «Ce n'est que le début».

La Russie a menacé de conséquences

S'il s'avère que l'Ukraine est responsable de l'attaque, cela pourrait entraîner une réaction de l'armée russe. Des représentants de Moscou ont récemment averti que toute attaque contre la Crimée entraînerait de «graves représailles». Des attaques contre les «centres de décision» de Kiev ont par exemple été évoquées.

Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz.

Malgré ses promesses, la Russie bombarde encore le sud de l'Ukraine
Video: watson
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