Pas plus tard qu'il y a deux semaines, nous avons pu observer le traitement réservé par le chancelier allemand Olaf Scholz aux invités «difficiles». Lorsque le politiquement problématique, Viktor Orban, a rendu visite au chancelier à Berlin, la rencontre n'a même pas été suivie d'une conférence de presse.
Cette semaine, c'était au tour d'Olaf Scholz de se rendre à Paris pour poser problème à Emmanuel Macron. Lequel lui a fait bénéficier du même traitement que leur homologue hongrois, en annulant une conférence de presse commune sans l'once d'une hésitation.
Un épisode qui montre à quel point les relations franco-allemandes sont désormais tumultueuses. Politique d'armement, énergétique, économique, et même européenne: les deux hommes ne sont d'accord sur rien. Une réunion ministérielle bilatérale prévue cette semaine a dû être annulée à la hâte.
Le point culminant a été atteint par Emmanuel Macron lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, jeudi dernier: devant le monde entier, le Français a prévenu que l'isolement de Scholz au sein de l'Europe allait croissant.
L'exercice de détente a donc eu lieu lors d'un repas de trois heures dans la «Salle des Portraits» du Palais de l'Elysée. Les deux hommes se sont ensuite entretenus pendant 20 minutes en tête-à-tête, dans le but d'apaiser les tensions sur le plan personnel.
Par la suite, l'Allemagne a déclaré que tout était en ordre. Les discussions ont été «très partenariales» et très intenses, «ce qui contraste fortement avec la situation médiatique autour de cette rencontre». La question de savoir si la partie française voyait les choses de la même manière reste pour l'instant sans réponse.
En France, on s'inquiète de plus en plus de la pérennité de l'amitié franco-allemande, que les journaux français décrivent de plus en plus comme un «mythe» dans les commentaires de ces derniers jours. Le plus dévastateur? L'attitude d'Olaf Scholz, qui donne l'impression à Paris qu'il se fiche purement et simplement de ses partenaires français.
Si un «changement d'époque» et un renversement du «tandem» franco-allemand se produisaient vraiment, l'équilibre sur le continent se modifierait à l'Est, encore plus que cela n'a été le cas avec la guerre en Ukraine. Avec leur attitude ambivalente et parfois hésitante au début de la guerre, Berlin et Paris ont perdu beaucoup de confiance là-bas.
Entre-temps, les pays baltes et la Pologne semblent miser davantage sur les Etats-Unis que sur l'ancien «noyau européen» en tant que partenaire fiable. Cette fragmentation est vue avec inquiétude à Bruxelles. La crainte est que l'Allemagne et la France, en se querellant, fassent finalement le jeu du président russe Vladimir Poutine, qui a toujours été intéressé par une Europe faible et divisée.
(traduction par sas)