«La démocratie européenne est attaquée»: la présidente du Parlement européen Roberta Metsola a promis, lundi, avec force de réformer l'institution ébranlée par un scandale de corruption présumée impliquant le Qatar.
La police belge a perquisitionné lundi les locaux du Parlement à Bruxelles après l'incarcération dimanche de l'élue grecque Eva Kaili.
Cette eurodéputée socialiste, qui occupe une des quatorze vice-présidences, est soupçonnée d'avoir été payée par Doha pour défendre les intérêts de l'émirat qui accueille actuellement le Mondial de football.
Trois autres personnes ont été écrouées dans cette enquête.
Les sommes saisies au cours des 20 perquisitions réalisées à ce jour sont spectaculaires:
Roberta Metsola a exprimé «fureur, colère et tristesse» dans l'hémicycle de Strasbourg lundi après-midi. «Il n'y aura aucune impunité, rien ne sera mis sous le tapis», a-t-elle promis, en annonçant une «enquête interne» pour examiner tous les faits liés au Parlement européen et faire en sorte que l'institution améliore ses procédures.
Corruption au Parlement : la colère de Roberta Metsola, la présidente, après le scandale pic.twitter.com/pLqy3iVqVT
— Le HuffPost (@LeHuffPost) December 12, 2022
Dès samedi soir, Eva Kaili s'était vue retirer toutes les tâches déléguées par la présidente Roberta Metsola dont celle de la représenter dans la région Moyen-Orient. Et ce mardi, le Parlement européen a démis l'élue grecque de sa fonction de vice-présidente de l'institution.
La décision a été approuvée à la quasi-unanimité des députés présents à Strasbourg en séance plénière, soit 625 votes favorables sur 628 exprimés, 1 contre et 2 abstentions. Une majorité des deux tiers était nécessaire.
Exclue du parti socialiste grec (Pasok-Kinal) dont elle était déjà une figure controversée, mais aussi lundi de son groupe politique au Parlement européen (S&D, gauche), Eva Kaili n'a pas bénéficié de son immunité parlementaire car l'infraction a été constatée en flagrant délit. Des «sacs de billets» ont été découverts dans son appartement.
Son maintien ou non en détention, comme celui des trois autres personnes écrouées, sera examiné mercredi devant la chambre du conseil de Bruxelles.
Ses avoirs ont par ailleurs été gelés lundi par l'Autorité grecque de lutte contre le blanchiment d'argent.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a rappelé avoir proposé la création d'une «autorité indépendante» sur les questions d'éthique.
Doha a démenti de son côté être impliqué dans des tentatives de corruption.
Hasard du calendrier, le Parlement européen devait se pencher sur la facilitation des visas pour le Koweit et le Qatar. Le sujet a été retiré de l'ordre du jour. Et le débat prévu mercredi sur «la défense des démocraties contre l'ingérence étrangère» promet d'être agité.
«Nous devons faire preuve de fermeté contre la corruption», a appelé de ses vœux Iratxe Garcia Perez, présidente du groupe S&D dont faisait partie Eva Kaili.
Ex-présentatrice de télévision âgée de 44 ans, Eva Kaili, eurodéputée depuis 2014 et élue en janvier 2022 à l'une des vice-présidences du Parlement européen, s'était rendue début novembre au Qatar où elle avait salué, en présence du ministre qatari du Travail, les réformes de l'émirat dans ce secteur.
L'organisation du Mondial par le Qatar témoigne de la «transformation historique d'un pays dont les réformes ont inspiré le monde arabe», avait aussi affirmé Eva Kaili le 21 novembre à la tribune du Parlement.
La nouvelle affaire semble avoir amusé le premier ministre hongrois Viktor Orban. «Bonjour au Parlement européen!», a-t-il ironisé sur Twitter alors que son pays est épinglé par les institutions européennes pour son niveau de corruption.
Good morning to the European Parliament! @Europarl_EN pic.twitter.com/VYXGeSOwul
— Orbán Viktor (@PM_ViktorOrban) December 12, 2022
(jod/sda)