La Russie a commencé à célébrer le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, et fait déjà tourner à plein régime sa machine propagandiste. Les chefs d'état et de gouvernement du monde entier sont invités, alors que le président chinois Xi Jinping est déjà arrivé.
Vladimir Poutine veut montrer sa force par les images, c'est pourquoi le moment historique où le drapeau soviétique a été hissé pour la première fois sur le mythique bâtiment du Parlement allemand, le Reichstag, sera célébré par une reconstitution monumentale.
Le cinéaste russe Igor Ugolnikov a fait reconstruire pour cette occasion le Reichstag dans le parc cinématographique de Moscou. Les événements historiques y seront rejoués tels qu'on les trouve dans le discours russe. Victoire! Le drapeau au-dessus du Reichstag, tel est le nom de l'événement auquel il sera possible d'assister jusqu'au 11 mai, comme le rapporte l'agence de presse publique russe Tass.
Pour ce spectacle, la façade du Reichstag à moitié détruite a été reproduite en taille réelle.
Russians built a full-size Reichstag replica for Victory Day performances in Moscow.
— Euromaidan Press (@EuromaidanPress) May 3, 2025
The performance will depict Soviet forces capturing the building in the final days of World War II, including the raising of the Soviet flag over the Reichstag.
Russia uses the narrative of… pic.twitter.com/vYWc2K7eXW
Des écrans montreront ce que le cinéaste russe considère comme «historiquement correct». Des images d'archives et des reconstitutions numériques seront projetées sur l'immense mur. Les spectateurs pourront par exemple apercevoir un char d'assaut qui serait parti de Biélorussie pour arriver à Berlin. On pourra également voir d'autres équipements militaires, comme des avions de combat MiG-3 ainsi qu'un véhicule de troupe du constructeur allemand Hanomag.
Le fait que ce soit un soldat ukrainien, Alexei Berest, qui ait mené la conquête du Reichstag n'est pas mentionné, selon le portail d'information ukrainien Euromaidan. Mais le spectacle de propagande n'est pas une simple rétrospective historique. Elle vise à montrer la force de la Russie dans le passé et aujourd'hui.
Le fait que Poutine ait décrété un cessez-le-feu de trois jours dans le cadre de la guerre contre l'Ukraine fait partie de sa propagande, tout comme l'explication toujours avancée selon laquelle l'attaque contre l'Ukraine s'inscrit dans le cadre d'une campagne de «dénazification», comme autrefois contre l'Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale.
Alors que de nombreux anciens belligérants profitent de cet anniversaire pour lutter pour la paix dans le monde, la Russie reste en mode guerrier. Le président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, a ainsi menacé que l'Ukraine «ne verrait pas le 10 mai» si elle menait des attaques contre Moscou.
Il n'est pas exclu, du moins du point de vue russe, que des scènes comme celles de mai 1945 puissent à nouveau se produire. Il y a deux ans, Medvedev avait même menacé d'attaquer Berlin avec des missiles si Vladimir Poutine était arrêté en Allemagne. Cela faisait suite à un mandat d'arrêt international émis par le tribunal pénal de La Haye à l'encontre du dirigeant russe.
En août dernier, Dmitri Medvedev avait menacé de ramener des chars russes sur la «place de la République», car du matériel militaire allemand aurait été utilisé par l'Ukraine lors de l'attaque de la région russe de Koursk.
Les festivités russes doivent donc également être vues dans le contexte de la guerre contre l'Ukraine. Il ne s'agit manifestement pas pour Poutine de tirer les leçons d'une guerre qui a fait des millions de morts, mais de démontrer qu'elle pourrait se répéter à tout moment.
Ainsi, la secrétaire d'Etat allemande à la culture sortante, Claudia Roth, avait averti «qu'il fallait s'attendre cette année à un feu d'artifice de propagande insupportable de la part du Kremlin pour les célébrations des 80 ans de la fin de la guerre, qui seront célébrées à Moscou le 9 mai».
Traduit de l'allemand par Joel Espi