«C'est ainsi que sont produits les impressionnants discours de Zelensky. Beaucoup d'écrans verts et d'édition hi-tech. Hollywood en soutien. Toute cette technologie pour rendre les choses réelles... impressionnante propagande.» C'est par cette phrase, accompagnée d'une photo du président dans un studio et (effectivement cerné par du vert) que la machine à thèses s'est (re)mise en branle mercredi.
Posté par un certain «Make Peace Now» sur Twitter, cette thèse a bien évidemment réveillé «ceux qui savent». Comprenez, ceux qui doutent de tout, surtout des informations officielles. Le fantasme n'est pas nouveau. Pour une grosse poignée d'amoureux de scénarios farfelus, Zelensky aurait fui l'Ukraine depuis longtemps, laissant son peuple et son armée se démerder sans lui. Le président utiliserait, depuis, la technologie pour faire croire au monde qu'il est toujours à Kiev.
Le 11 octobre, l'agitateur américain Jackson Hinkle, aussi conservateur que controversé et autoproclamé «homme le plus censuré de YouTube», s'est amusé une nouvelle fois à semer la confusion.
Mais alors... tout est faux? Pas complétement. Si le fait que Volodymyr Zelensky est toujours bel et bien en Ukraine ne se discute pas, l'utilisation de la technologie pour propager ses discours est une réalité. Dans la foulée du cliché posté par «Make Peace Now», une vidéo a fait son apparition. On y découvre Zelensky dans ce même studio, dirigé par techniciens et tenu en joue par une dizaine d'appareils photos et de caméras.
Le réalisateur qui hurle «action!,» s'appelle Martin Williams, fondateur de Talesmith, une société anglaise basée à Londres qui s'est notamment spécialisée dans la fabrication d'hologrammes. Le tournage date du début du mois de juin de cette année.
Le 22 juin, l'agence AP avait d'ailleurs lancé un fact-checking pour calmer les réseaux sociaux qui abritaient déjà pléthore de thèses arguant que Zelensky n'avait «jamais été dans son propre pays depuis le début de la guerre». Tout en rappelant qu'elle avait elle-même interviewé plusieurs fois le président à Kiev, l'agence en a profité pour lancer un coup de fil au réalisateur Martin Williams:
Utiliser la technologie, qui plus est en pleine guerre, et notamment pour des raisons de sécurité évidentes ne cache pas forcément un complot mondial. En télévision, il n'est pas rare de voir apparaître un politicien, un spécialiste ou un journaliste s'exprimer devant un écran vert diffusant des images de la ville où il se trouve.
Des explications et des fact-checkings qui n'ont pourtant pas réussi à calmer Twitter. Et, sans surprise, plusieurs comptes officiels d'ambassades russes en Occident se sont empressés de partager le post initial.👇