Pardi, qu'il fait chaud ces jours-ci. Dans un élan de désespérance, un saut dans le lac peut se révéler fatal. Une hydrocution et c'en est terminé pour le malheureux nageur en quête de fraîcheur. Le saut de l'ange, le plongeon de trop pour enfin perdre pied. Terminé, rideau et bon voyage dans les tréfonds marins.
La mort tragique en 2019 de la footballeuse Florijana Isamili, 24 ans au moment des faits, internationale suisse et capitaine de la sélection féminine des Young Boys, souligne l'imprévisibilité de ce phénomène physique. La thèse de l'hydrocution a rapidement été avancée, après une trop longue exposition au soleil. Son cadavre a été retrouvé à 204 mètres de profondeur.
Mais l'hydrocution, qu'est-ce? Ce terme très populaire désigne un choc thermique d'un être humain au contact d'un environnement aquatique. Une forme de noyade qui s'explique par un arrêt cardiocirculatoire au moment de l'immersion dans l'eau. Dans un premier temps, il y a cette perte de connaissance, avant de sombrer et que les battements cardiaques ne cessent abruptement. Médicalement, nous parlons d'un malaise vagal ou d'un accident syncopal.
La noyade syncopale s'explique par un contact qui entraîne une diminution du diamètre des vaisseaux sanguins. La vasoconstriction dans le jargon médical. La chaleur ou un exercice physique provoque une dilatation des vaisseaux sanguins situés sous la peau, chargés d’évacuer une partie de la chaleur corporelle.
En baignant votre chair dans l'eau froide, le rythme cardiaque va s'accélérer et le corps enrayer la mécanique de défense pour préserver sa température. Tout se contracte, vos vaisseaux avec, avant que l'afflux de sang au cerveau ne soit entravé. La perte de connaissance arrive - plus le choc thermique est violent, plus c'est rapide - pour enfin aboutir à un arrêt cardiaque.
A la moindre alerte, sortez immédiatement de l'eau. Pour le savoir, des signes annonciateurs d'une hypothétique hydrocution doivent vous faire tilt: démangeaisons, frissons, crampes, troubles auditifs ou visuels, pâleur du visage, fatigue et maux de têtes soudains.
Des symptômes qui vous frapperont si vous préférez sauter directement à l'eau sans passer par la case échelle. Appliquez-vous à ne pas jouer les rebelles: continuez à bien vous mouiller la nuque, le ventre, la tête ou les bras avec de l’eau froide pour acclimater votre corps à la fraîcheur de l’eau. Il est aussi déconseillé de pousser votre pote, lâchement par derrière, dans le bassin.
Aussi, l'exposition prolongée au soleil est traître, comme la consommation excessive d'alcool ou même la sieste. Des détails qui vous éviteront de couler à pic. Car piquer une tête dans l'eau fraîche n'enchante guère votre carcasse qui tourne autour d'une température de 37 degrés. Le choc thermique avec une eau nettement plus fraîche peut également jouer un rôle, logiquement. Et attention aux idées reçues: la baignade après avoir mangé ne semble pas être un facteur de risque direct d’hydrocution.
Autre réflexion utile, et qui n'est peut-être pas tant au chapitre du jour, réside dans l'importance de ne pas prendre un bain ou une douche glacée après un sauna. A bas les énergumènes qui vous bassinent à propos de leur pseudo culture nordique du sauna. Fadaises! Pensez à la douche tiède pour faire baisser graduellement la température corporelle.
La période caniculaire est donc propice. Evitez d'aller nager trop près de la grande faucheuse, elle pourrait vous attirer dans les eaux troubles. Sortez les manchons s'il le faut. Bonne baignade et n'oubliez pas la crème solaire.