«J’ai monté un empire. Il y a Martine à la plage et il y a Nabilla à la conquête du monde.» La gosse des Eaux-Vives, devenue princesse à Dubaï, a toujours Raiponce à tout. Et surtout aux langues mal brossées qui rêvent (encore) de la noyer dans sa supposée bêtise. Celle qu'on disait cruche des écrans, puis gourde d'Instagram, n'a pourtant jamais fini à la flotte.
«Non mais, allô, quoi» souffle ses dix bougies, mais on a l'impression que Miss Salon de l'auto de Genève, cuvée 2011, hante nos rêves d'enfants et nos insomnies numériques depuis toujours. Dix ans ont suffi à Nabilla Leona Grange Benattia pour transformer sa puissante beauté en beauté puissante, brassant désormais l'argent comme le chlore de sa piscine.
En 2011, Nabilla n'a que dix-sept petites années au compteur (elle avait menti sur son âge pour s'offrir le droit de faire des émissions débiles). La Suissesse évolue alors en «ligue 2 de la télé-réalité», si l'on en croit le flaire d'un ancien recruteur des «Anges de la télé-réalité», cité par Le Parisien. Comprenez: pas aussi chère que les «petites starlettes de Secret Story». Pour cette «zéro diplôme», qui arpentait les boîtes de nuit lausannnoises avant de compter les pièces de sa mansarde dubaïote, ce sera suffisant.
Découverte dans «L'amour est aveugle» sur TF1, talons de quinze et top léopard, la gamine n'a cessé depuis de taper dans l'oeil. Jusqu'au borgne Jean-Marie Le Pen, en mai 2013, pressé de réagir à cette imposante existence en affirmant, tout goujat qu'il est, qu'elle «a de beaux seins, je crois».
Une bonne décennie plus tard, après un coup de couteau, la case prison, un mariage en blanc, une famille en or et plusieurs millions de chiffre d'affaires, Nabilla revient en 16/9 pour incarner Cosmic Love sur Amazon Prime Video.
Une énième émission débile, dans laquelle une nouvelle grappe d'abrutis feront mine de chercher l'amour dans les astres, alors qu'ils termineront leur chute dans la benne sans fond des étoiles filantes télévisuelles.
Mais là n'est pas vraiment la question. Et Nabilla le sait mieux que personne: si ses clientes se badigeonnent la tronche avec ses cosmétiques, c'est la muse qu'ils achètent, pas les vertus dermatologiques.
Quand Nabilla accepte de se démouler d'une vie de cocon pour animer une émission de télé-réalité, ça équivaut à s'offrir un peu de visibilité place Vendôme quand on s'appelle Chanel. De la publicité ultra-ciblée, parfait pour grappiller de nouvelles aficionados biberonnées à TikTok et finir de payer le sixième jacuzzi. Cette «musulmane moderne», qui se sent plus volontiers italienne qu'algérienne, n'a finalement que trente piges. Et la fille spirituelle de Kim Kardashian n'a toujours pas sa langue dans sa pochette Dior.
Dix ans après le raz-de-marée, la Franco-Suissesse n'est pas devenue Kim. Mais elle est plus que jamais Nabilla, femme d'affaires, épouse, maman, muse. Bien sûr, en faisant défiler son compte Instagram, on ne découvre pas la théorie de la relativité ou la solution pour botter durablement les fesses de Vladimir Poutine. On y voit beaucoup de beauté, une franche sérénité, des valeurs familiales gravées dans le marbre blanc et un faste un peu cul-cul. Mais pour la santé mentale de ses huit millions de petites groupies, ça vaudra toujours mieux que dix minutes à bouffer du populisme con-con sur TPMP.
Et puis, dix ans, c'est aussi le temps qu'il a fallu à la plupart de ses consoeurs de l'époque pour finir SDF, enrichir les psychiatres ou (re)trouver un taff de serveuse. Si Loana n'a pas su devenir Nabilla, c'est avant tout parce que chasser la célébrité n'aura jamais les mêmes répercussions sur le corps, l'esprit et les bourses, que de viser le pouvoir.
En cela, Madame Benattia-Vergara est peut-être bien l'une des rares véritables influenceuses. Et Cosmic Love n'y changera rien: l'habile Nabilla s'est définitivement débrouillée pour naître, une deuxième fois, sous une bonne étoile.