C'est un peu le bon plan quand on veut partir quelque part sans poser de jours de congé. Les «tracances», ce mot absolument atroce fait fureur sur LinkedIn.
Le principe fait envie: qui cracherait sur une plage ou une terrasse surplombant la mer comme lieu de travail plutôt qu'un bureau avec une moquette synthétique? Mais dans la réalité, c'est plus compliqué.
Je suis partie une semaine avec des amis au milieu du mois d'août à Forte dei Marmi, en Italie. Il y a plusieurs raisons qui m'ont poussée à faire des tracances:
Pour télé-travailler, je n'ai besoin que de trois choses: mon ordinateur, une prise et une connexion wifi. Et c'est là que ça coince.
La première chose que j'ai faite en arrivant à l'hôtel le dimanche après-midi: me connecter au wifi. Tout semblait fonctionner. Le lundi matin, je me suis pointée au petit-déjeuner avec mon ordinateur sous le bras, fière comme un paon, en me disant que j'allais pouvoir travailler la matinée dans un joli cadre extérieur.
Déjà, travailler en extérieur exige d'avoir un ordinateur avec une batterie digne de ce nom. Mon laptop a à peine deux ans et il a une autonomie de deux heures max. (Patron, si tu me lis, et je sais que tu me lis parce que tu veux vérifier si je me suis pas touché la nouille durant mes tracances, j'ai besoin d'un nouvel ordi, merci.)
De toute façon, mon vrai problème, je l'ai découvert très vite, c'était le wifi. Le premier message que j'ai voulu envoyer sur Google Chat a mis plusieurs secondes à se charger. Je ne parle pas d'un mail, mais bien du chat, le truc censé être rapide et efficace. A chaque fois que j'appuyais sur Enter, le message en italique suivant apparaissait sur mon écran: «en cours d'envoi». J'ai sué à grosses gouttes.
J'ai mis également à peu près 3 minutes pour charger une photo dans l'un de mes articles. Du coup, panique à bord. Vais-je me taper une semaine à regarder mon ordi ramer à chaque fois qu'il faut envoyer un message ou télécharger un truc? Moi qui pensais pouvoir travailler à l'extérieur, je me suis retrouvée coincée dans ma chambre d'hôtel.
Je n'avais même pas de bureau. Il y avait juste une petite table ronde... loin de la prise.
Dans ma chambre, le wifi fonctionnait, mais c'était pas non plus l'hystérie. Je recevais régulièrement sur mon écran un message en rouge qui faisait très peur et qui me disait que j'avais des problèmes de connexion. Je sais! Merci.
Plusieurs fois, j'ai cru perdre tout ce que j'étais en train de faire et je me voyais déjà dire à mon boss: «mon article a été effacé», un peu comme quand on était petit et qu'on disait à la maîtresse: «mon chien a mangé mon devoir». Ce wifi, c'était une angoisse de tous les instants.
Le message en question👇👇👇
La connexion était si lente que mon écran ressemblait souvent à ça:
Ou carrément à ça:
Et parce que les responsables de l'hôtel sont probablement des sadiques, je ne pouvais pas non plus travailler sur la terrasse de ma chambre.
En vacances, les horaires sont différents. On lunch plus tard, car on se cale sur le rythme des vacanciers. Tellement tard que je crevais de faim. Heureusement, ce repas avait une tout autre saveur. Pas de vieux Tupperware déprimant sur un coin de table. L'espace d'une heure, je me sentais en vacances, j'oubliais mes problèmes de wifi. Je me commandais même une bière... parce que je suis une dingo.
Bon, j'avoue que bouffer des pâtes aglio e olio tous les jours, plus la bière... ça calme. T'as envie de faire la sieste l'après-midi. Est-ce que pour autant j'avais la FOMO de ne pas être à la plage? Non. Il faisait 8000 degrés et les gens jouaient au jass (l'enfer). Je suis comme Fabrice Lucchini, la plage, moi, ça me déprime.
La journée de travail se terminait vers 17 heures et à ce moment-là, tout était possible. Au moment où je fermais l'ordinateur, les vacances commençaient. Je rejoignais mes amis à la plage, espérant qu'ils avaient fini leur jeu de cartes tout pourri, au padel tennis ou en ville pour faire du shopping. La déconnexion était totale (et pas seulement de ce maudit wifi).
Le soir, on mangeait également tard. Les gens étaient en vacances, ils s'en foutaient. Alors ça se faisait des restos à 22 heures et ça picolait pas mal. Comme j'ai une certaine conscience professionnelle et que, comme je l'ai dit, je sais que mon boss va lire cet article (coucou Fabien!), je suis restée sage. On se couchait aussi beaucoup plus tard que lors d'une semaine de travail normale. Chaque matin, c'était un peu la tête dans le cul que je commençais mon boulot.
L'avantage des tracances, c'est évidemment qu'on ne pose pas de jours de congé et on se sent quand même pas mal en vacances, que ce soit le matin en se réveillant, le midi ou le soir. En dehors des heures de travail, c'est le pied, on sort complètement de sa routine.
Le désavantage, c'est quand on ne connaît pas bien le lieu, on peut avoir des surprises... Je vous ai parlé de mes problèmes de wifi?
Je suis déjà partie en vacances dans des endroits où la connexion internet était encore plus catastrophique. Heureusement, à ce moment-là, j'essayais juste de regarder des séries sur mon smartphone. Mais c'est quelque chose qu'il faut anticiper le plus possible. Ou alors, il faut un super abonnement de téléphone et pouvoir faire un partage de connexion sans se retrouver avec une facture monstrueuse. Après cette expérience, je serai méfiante si je décide de faire des tracances dans un endroit où je ne suis jamais allée.
