«Wegovy» est sur le point de débouler sur le marché suisse. Sous ce petit nom bien inoffensif, qui évoque un robot du futur, se dissimule le dernier médoc «miracle» pour perdre du poids en un temps record. Sa promesse? Vous délester de 15 kilos en moins d’un an. Wahou!
Avouez: on a tous rêvé de cette petite pilule magique, qu'il suffirait d'avaler au petit-déj' pour conserver une «silhouette de rêve» (herm), avant d'aller s'enfiler un McDo la conscience et les cuisses légères. Et surtout, sans s'infliger de douloureuses séances de torture, euh, de sport, au préalable.
Le problème, c'est que ce n'est pas comme ça que ça marche.
Pour la plupart des gens (ou du moins, ceux qui se plient encore avec plus ou moins de plaisir au culte de la minceur qui fait des ravages dans notre société occidentale), être mince est un acte volontaire, un job quotidien qui ne relève pas de la simple prise d'une pilule magique.
Faute de parvenir à s'accepter tels que nous sommes (un exploit qui nécessite autant de travail que de perdre 3 kilos), garder la forme, c'est se pousser à aller courir sous la pluie alors qu'on aimerait mieux profiter d'une heure de plus sous la couette. Renoncer à ce pain au chocolat alléchant à la pause-café de dix heures ou à cet irrésistible hamburger de chez «Holy Cow» à midi. S'imposer de marcher, les bras enkylosés de courses, quand on aimerait mieux prendre le bus.
Bref: vouloir afficher la ligne de brindille d'une Gisèle Bündchen ou le six packs d'un Henry Cavill, personne n'a dit que c'était une partie de plaisir.
N'en déplaise à «Wegovy», qui promet de perdre du poids en échange de 1350 dollars par mois (son prix aux Etats-Unis quand il n'est pas pris en charge par une assurance). Et il est peut-être bien là, le problème de cet énième coupe-faim si bien promu: vendre un fantasme à prix d'or... mais surtout, à celui de beaucoup efforts.
Désolée, mais c'est ici que se brisent vos rêves de facilité: «Wegovy» aide à la perte de poids, certes, mais à condition de s'astreindre en parallèle à un régime alimentaire jugé «drastique» de 500 calories par jour et de pratiquer une activité physique «renforcée». Ou comment vendre le concept de «régime» à plusieurs milliers de dollars. Il fallait oser.
C'est sans oublier la liste de délicieux effets secondaires qui toucheraient, selon les études, entre 71 et 89% des sujets: problèmes gastro-intestinaux, insuffisances rénales, nausées, diarrhées, vomissements, voire, selon le site, «dépression ou pensées suicidaires». Youpi!
Si les études attestant de l'efficacité de «Wegovy» sont jugées «de bonne qualité méthodologique», selon la revue scientifique spécialisée Minerva, il y a un hic: «Ces études ont été réalisées dans des conditions qui ne correspondent pas à la réalité», explique la psychologue et diététicienne Magali Volery à nos confrères du Temps.
Impossible, donc, de savoir si ces 15 kilos perdus par les patients l'ont été grâce à une pilule miracle ou à leurs efforts pour changer d'hygiène de vie.
Dans le doute, je vous recommande de vous en tenir à une bonne vieille méthode éprouvée, qu'on nous serine depuis des années: foutez-vous au sport et mangez mieux. Moins drôle, certes, mais plus efficace qu'un miracle. Jusqu'à preuve du contraire.
Autre méthode? Réaliser qu'à viser la légèreté à tout prix, on en devient lourd. Pour de vrai.
