En comparant les rêves d'indigènes africains et d'individus d'Europe et d'Amérique du Nord, une étude des universités de Genève et de Toronto montre que les songes peuvent varier selon les populations. Ces résultats attestent de liens forts entre l’environnement socioculturel et la fonction du rêve.
Les scientifiques ont comparé le contenu des rêves des BaYaka en République démocratique du Congo et des Hadza en Tanzanie - deux peuples au mode de vie proche de celui de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs - avec celui de différents groupes d’individus vivant en Europe et en Amérique du Nord (Suisse, Belgique, Canada).
Lampros Perogamvros, chercheur à l'Université de Genève (UNIGE), indique par le biais d'un communiqué les différences des schémas.
Parmi les ressources dont les indigènes disposent face à une menace dans leurs rêves, les scientifiques ont observé que celles liées au soutien social étaient très fréquentes. C’est le cas, par exemple, lorsqu’un indigène rapporte un rêve dans lequel il est percuté en pleine brousse par un animal, avant d’être secouru par un membre de sa communauté. Ces rêves contiennent en eux-mêmes leur résolution émotionnelle.
«Chez les BaYaka et les Hadza, les liens sociaux sont par nécessité très forts. Par rapport aux sociétés plus individualistes d’Europe et d’Amérique du Nord, la vie quotidienne et la division du travail sont généralement plus égalitaires», explique David Samson, professeur associé d’anthropologie évolutionnaire à l’Université de Toronto et premier auteur de l’étude.
«C’est sur la base de ce type de liens que ces communautés traitent le contenu émotionnel associé à la menace dans leurs rêves. En fait, ces relations sont des outils émotionnels utilisés pour traiter les défis de la vie», précise-t-il. L’équipe de recherche suggère ainsi qu’il existe une relation étroite entre la fonction des rêves et les normes et valeurs de chaque société spécifique.
En 2019, la même équipe de recherche avait montré que les «mauvais rêves», soit les rêves à contenu négatif sans être des cauchemars, sont souvent des simulations de nos peurs qui nous préparent à les affronter, une fois éveillés. Ces travaux sont publiés dans la revue Scientific Reports. (ats/svp)