Vous faites peut-être aussi partie de ces personnes - flippées et flippantes - qui choisissent leurs vêtements la veille au soir. Ces personnes dont l'armoire déborde de fringues, mais dont l'inspiration reste résolument vide. Ces personnes qui passent des heures à écumer fébrilement Pinterest à la quête de people plus riches, en idées (et en conseillers en images).
J'appartiens à cette catégorie. Heureusement pour moi, il y a eu Lady Diana Spencer.
Diana en jeans. Diana en petite robe noire. Diana en sweatshirt. Diana en bomber. Diana en short. Bref, Diana, c'est un défilé en soi. Une source d'inspiration à la fiabilité attestée depuis les années 80 (c'était pas gagné). Dix minutes de vagabondage sur Google Images plus tard, et me voilà requinquée, pleine à rabord d'idées.
Mais comment expliquer qu'une femme disparue il y a très exactement 25 ans conserve cette fraîcheur et cette modernité insolentes? Pourquoi la princesse de Galles reste-t-elle un modèle, aussi bien pour la Gen Z sur TikTok (le hashtag #ladydiana génère à ce jour pas moins de 1,6 milliard de vues) que les mamans dans les pages imprimées de Marie-Claire?
Souvenez-vous. Au début de l'histoire, Diana Spencer, c'est elle.
Un joli minois dissimulé sous une montagne de dentelles et de volants romantiques. L'allure authentique et attendue de la princesse de conte de fées, qui «fonctionne très bien pour les photos de presse», analyse Eleri Lynn, commissaire pour l'exposition Diana: Her Fashion Story, interrogée par Vanity Fair.
Des froufrous quelque peu encombrants que Lady Di ne tarde pas à abandonner. Au cours des années 80, la silhouette s'affine et se dessine.
Jessica Hobbs, qui a réalisé deux des épisodes axés sur Diana de la saison 4 de «The Crown», confirme au Los Angeles Times:
«Diana avait assurément une fibre rebelle dès le départ. On peut déjà observer cette tendance dans ses vêtements lorsqu’elle était plus jeune et qu’elle tentait de trouver son individualité tout en faisant partie du cadre rigide de la famille royale», confirme l'autrice britannique Eloise Moran dans un documentaire consacré à la princesse de Galles.
C'est sûr qu'elle prend un malin plaisir à enfreindre les règles, Diana. Ainsi, elle devient la première membre de la famille royale à être photographiée en pantalon, voire en denim, lors de soirées ou d'évènements publics. Quand ce n'est pas carrément en smoking et noeud pap'. Shoking.
«Elle s'est clairement amusée avec la mode, affirme Eleri Lynn.
Dans les années 90, bye bye le prince Charles et bonjour la liberté (de style). Diana sort le short et exploite à fond la carte casual. Il faut dire que c'est sacrément plus pratique pour se rendre sur le terrain.
«Je me suis dit que c’était exactement elle. Elle avait une allure si chic. Très en avance sur son temps.»
Mais Diana a surtout le don de choisir des pièces qui lui conviennent, plutôt que de se plier à une obscure tendance. Un exploit, en particulier dans les années 80 et 90. «Ce qui a rendu son image encore plus puissante au fil du temps, c'est qu'elle savait vraiment ce qui lui allait bien», affirme Eleri Lynn. Ce qui a donné à son glamour un certain naturel.
S'habiller pour ne pas parler: tel est le mantra de Lady Di. Laquelle a largement exploité son dressing «pour faire passer des messages de manière très puissante», confirme à Vogue la styliste Amanda Wakeley, qui a longtemps conseillé Lady Di.
Qui a oublié la fameuse «Revenge dress», cette robe portée par Lady Di en 1994, en réponse aux aveux du prince Charles sur son infidélité? En tout cas pas Britney Spears, Jennifer Aniston, Katie Holmes, Rihanna ou encore Kim Kardashian, lesquelles se sont toutes approprié depuis cette robe de la vengeance.
Poussant le vice à l'extrême, Diana se rend sympathique aux yeux des Britanniques pour sortir sans chapeau (mais avec casquette). On sait aussi qu'elle favorise les tissus doux quand elle rend visite aux enfants. Ou encore qu'elle retire ses gants pour toucher les malades du sida. On ne la surnommait pas la «princesse du peuple» pour rien.
Diana, c'est un peu une influenceuse avant l'heure. Et si elle doit beaucoup à ses looks à l'élégance simple, maîtrisée et d'une extrême modernité, c'est aussi un peu... à Instagram, qui «a pesé lourd», selon Eloise Moran. Le réseau social compte des centaines de comptes tout entiers consacrés à Diana. Un rôle non négligeable dans la deuxième vague du succès - posthume, celui-ci - de la princesse disparue.
Et c'est sans compter la source inestimable d'inspiration que lady Di' incarne encore pour le monde de la mode et les créateurs, entre hommages subtils et réinterprétations assumées. «Le fait que des marques conçues et ciblées par la génération Y choisissent de se concentrer sur une femme qui, si elle était encore en vie, aurait le même âge que les mères de la génération Y, témoigne de l'héritage durable de Diana», développe le LA Times.
Ce n'est pas Hailey Bieber, shootée ci-dessous pour l'édition de septembre 2019 de Vogue Paris, qui dira le contraire.
Des défilés haute couture aux stars, en passant par les petites gens... Il est peut-être là, le secret de l'éternité de Diana: nous parler à tous. En véritable princesse du peuple.