Mardi 10 janvier sur l'île de Lesbos, en Grèce, s'est déroulé le procès de la réfugiée syrienne Sarah Mardini et de 23 autres travailleurs humanitaires accusés d’«espionnage», de «trafic humain», de «blanchiment d’argent», de «fraude», mais aussi d'appartenir à une «organisation criminelle». Des allégations passibles d'une peine allant jusqu'à 25 ans de prison. Amnesty international dénonce un procès «emblématique» de la «criminalisation de la solidarité».
Avec sa sœur Yusra, elles ont inspiré le film Les Nageuses disponible sur Netflix depuis novembre. Il retrace leur périple de la Syrie à l'Allemagne. Arrivée à Berlin, Yusra a repris les entraînements de natation jusqu’à se qualifier pour les JO de Rio en 2016, puis cinq ans plus tard à ceux de Tokyo au sein de l’équipe olympique des réfugiés. Sarah, quant à elle, a choisi un tout autre chemin et a décidé de repartir en Grèce, là où elle et 20 autres personnes se sont échouées après avoir vécu un calvaire sur un canot pneumatique prenant l'eau.
Sarah Mardini, âgée de 29 ans, n’était pas présente lors de cette journée d’audience du 10 janvier. La Syrienne a été arrêtée le 21 août 2018 par les autorités grecques à l'aéroport de Lesbos, alors même qu'elle s'apprêtait à retourner en Allemagne. Elle a travaillé pendant deux ans comme bénévole pour l’ONG Emergency response centre international (Erci). Elle servait de traductrice pour les migrants, leur donnait de l'eau potable et leur distribuait des couvertures.
La Syrienne avait été placée en détention provisoire à Lesbos, puis transférée à Athènes. «A partir de ce moment-là, c'était le choc», réagissait-elle en 2018 auprès de la BBC, dénonçant des conditions de détention «désastreuses». Elle avait été libérée après 100 jours de détention et une caution de 5000 euros.
Depuis, Sarah Mardini vit en Allemagne avec une interdiction d'entrée sur le territoire grec, en attendant péniblement d'être fixée sur son sort. En 2021, le procès la visant ainsi que ses 23 collègues avait été reporté une première fois après que le tribunal s'était déclaré incompétent pour juger un avocat présent parmi les accusés. Mardi 10 janvier, à sa réouverture, il a été de nouveau ajourné jusqu'à ce vendredi 13 janvier.
La Cour annoncera ce vendredi si les audiences se poursuivent ou non. En cas de nouveau report, plusieurs mois seront nécessaires avant la reprise du procès.
(mad)