La reconnaissance, c'est un peu comme les préliminaires: ça permet de savoir sur quel terrain on s'aventure, en prenant le temps de la découverte avec une maladresse assumée.
En cyclisme, les cadors du peloton se déplacent ainsi régulièrement sur les principales étapes des Grands Tours avant la course, tandis qu'en ski alpin, aucune descente ne se fait sans un examen minutieux du relief. Ces «recos» existent dans de nombreuses disciplines et les sportifs qui prennent le temps de s'y soumettre manquent rarement une occasion d'en vanter les plaisirs. «Cela permet d'avoir des points de repère, de savoir comment gérer son effort selon l'enchaînement des difficultés», résume un coureur qui a participé samedi à la reconnaissance du trail de la Trotteuse-Tissot.
L'épreuve se tiendra le 9 décembre, mais comme il s'agit d'un nouveau tracé, les organisateurs ont offert la possibilité aux trailers de se familiariser avec le sentier. Ils étaient ainsi une quinzaine en quête de repères, samedi matin au départ du Locle, direction La Chaux-de-Fonds sur 18,53 km et un revêtement enneigé.
On pourrait croire que seuls ceux qui jouent la gagne ont pris la peine de repérer le tracé, mais c'est faux. Il y avait plusieurs profils d'athlètes samedi et différents niveaux aussi, si bien que trois groupes ont été formés, le dernier progressant à une moyenne de 7'30 au km. Chacun sait que ce genre d'exercice permet aussi d'ôter une préoccupation à un athlète qui en aura déjà beaucoup le jour de la course, quand il devra s'organiser pour trouver une place de parking, être pile à l'heure au départ, ne pas oublier ses barres énergisantes, etc. La reconnaissance rassure, apaise. «Il y a un aspect sécurisant», trouve Cynthia, présente samedi.
C'est surtout vrai si, comme Stéphane, on parvient à boucler les 18,53 km sans trop de difficultés. Ceux qui ont eu un peu plus de peine savent ce qui leur reste à faire durant les trois semaines qui les séparent de la course et pourront peut-être mieux cibler leur entraînement. «Se rendre sur place permet d'avoir une vision plus claire du tracé et, accessoirement, de faire sa sortie du week-end dans une chouette ambiance», glisse Stéphane.
Savoir à quoi s'attendre permet aussi de bien s'équiper le jour J (comme Jogging). «On peut se déterminer sur le type de chaussures à utiliser et la prise ou non de bâtons», relève Cynthia, dont les semelles étaient saturées de neige samedi. «On était dans une configuration assez proche de celle à laquelle on s'attend le 9 décembre prochain, fait remarquer David Houlmann, le responsable du trail. Or certains participants appréhendaient de devoir courir sur la neige. Cette sortie-test leur a permis de prendre confiance, même s'il y a eu deux ou trois petites chutes sans gravité.»
C'est que le test est grandeur nature. «La reconnaissance se fait dans les conditions de course», souligne Simon Thomet, président du comité d'organisation. Les participants ne ralentissent pas sciemment pour s'imprégner d'un secteur et ne refont pas plusieurs fois la même difficulté. Ils courent à leur rythme de compétition, accompagnés par des membres de l'organisation qui leur glissent des conseils au fur et à mesure de leur progression. «Cela concerne surtout la gestion de l'effort et l'anticipation des difficultés à venir, dit Simon Thomet. Avant une bosse par exemple, on peut les prévenir en leur disant qu'il y a un faux plat juste après et qu'ils ne pourront donc pas récupérer tout de suite.»
Les coureurs sont les premiers bénéficiaires d'une telle sortie, mais ils ne sont pas les seuls: les organisateurs ont beaucoup à gagner en programmant une reconnaissance. «C'est un enjeu de communication», admet Simon Thomet, qui attend 500 personnes sur le trail et plus de 2000 sur les différents parcours proposés par la Trotteuse-Tissot.
Simon Thomet espère que les athlètes présents samedi dans les Montagnes neuchâteloises feront la promotion de l'épreuve autour d'eux. Il a déjà pu compter sur une forte couverture d'ArcInfo: le média régional a annoncé la «reco» du tracé dans son édition de vendredi, en a fait un article sur le web samedi et est encore revenu sur le sujet dans ses pages de lundi. Trois «annonces» en quatre jours, sans compter l'article que watson lui consacre aujourd'hui: les organisateurs, comme les coureurs, n'auraient pas pu rêver meilleure préparation.