Burnley a prolongé son invincibilité ce samedi en obtenant le nul à Ipswich au quatrième tour de la Cup. Ce à quoi les lecteurs masculins de watson rétorqueront sans aucun doute, comme Chirac, que ça leur en touche une sans faire bouger l'autre. Pour l'instant...
Il faut se souvenir ce qu'était Burnley, pas seulement l'année dernière, mais les dix années précédentes. Dans cette ville de 75 000 habitants aussi connue pour son ensoleillement que Gstaad pour ses friperies, les Clarets jouaient le football le moins sexy de Premier League, bête position allongée et brusques mouvements vers l'avant, souvent rugueux, parfois grossiers. Un football de goujats qui ne s'embarrassaient pas de préliminaires.
En dix ans de règne, l'entraîneur Sean Dyche a cultivé une sorte de kick and rush fortiche (limite boorish) que venaient récompenser des 0-0 extraordinairement ennuyeux. Les grands gaillards qui composaient son axe central, de la défense à l'attaque, formaient une redoutable armée de l'air capable de capter un ballon dans n'importe quelle zone de l'anatomie humaine, avec le crâne ou les crampons. Debout sous la pluie, Dyche dirigeait la manœuvre en costume-cravate, un chewing-gum pour ruminer sa colère et une bonne gueulante pour la ravaler. Comme un air de défaite.
Et puis Vincent Kompany est arrivé... Sans se presser, ou en tout cas, après une mûre réflexion. Enfin relégué (pardonnez-nous nos offenses) de Premier League l'été dernier, Burnley a estimé qu'il était peut-être temps de changer, comme l'explique poliment le communiqué du club. Ce n'est pas un changement, mais une transformation (et là le lecteur de watson devrait sentir la deuxième frétiller).
Vincent Kompany est ce qu'il est coutume d'appeler un disciple de Guardiola. Il y en a d'autres: Xavi (Barcelone), Arteta (Arsenal), Ten Hag (Manchester United). Mais aucun qui n'avait encore su conquérir des terrains aussi minés et boueux.
Sous sa conduite, Burnley domine la championhsip, la deuxième ligue anglaise, avec cinq points d'avance et «des années-lumière en termes de projet de jeu», témoigne Chinedum Onuoha, ancien coéquipier de Kompany à Manchester City, cité par Le Soir.
Burnley a renoncé à sa vieille virilité de terrain vague. Il vibrionne. Son jeu au sol sent bon le sable chaud de Barcelone. Son mouvement collectif, tout en faisant son devoir, cherche à donner du plaisir. Vincent Kompany a été élu manager du mois et surnommé «Vince the Prince». Jamais le style de Burnley n'avait réussi à toucher autant de curieux en Europe - et plutôt deux fois qu'une.