Antoine Griezmann est au cœur d'une empoignade en coulisses: Barcelone et l'Atlético Madrid ne s'entendent pas sur les termes du contrat du Français. Pourquoi? La raison se niche dans une clause qui pose bien des complications. Les deux clubs rivaux ne font pas la même lecture du contrat qui lie les deux équipes au sujet du prêt du Français. Les Colchoneros considèrent que l’option d’achat fixée à 40 millions d’euros ne s’exercera que si leur joueur vedette dispute 50% des matchs durant son prêt avec au moins 30 minutes de jeu. Du coup, ils le font jouer moins. Joan Laporta et Mateu Alemany, respectivement président et directeur exécutif du club catalan, se disent agacés par la petite combine de l'Atletico. Pour eux, Griezmann appartient déjà au camp ennemi, au vu du quota de matchs disputés par l'attaquant tricolore.
Si les deux clubs sont à bout touchant pour solder la transaction à 25 millions, nous apprend L'équipe, le contexte sportif n'est pas des plus optimales pour Griezmann. Pour «Grizou», c'est 30 minutes de jeu maximum, pas une de plus.
Dimanche, sur le plateau de Téléfoot, l'ancien international Bixente Lizarazu exprimait son incompréhension alors que la Coupe du monde au Qatar approche à grands pas:
Mais la situation de l'international français ne nourrit-elle pas une autre réflexion? La vérité du terrain pure et simple. Selon la société d'analyse de données sportives «Olocip», Griezmann est le deuxième joueur avec le meilleur ratio entre actions jouées et occasions créées dans le championnat espagnol, derrière l'inusable Robert Lewandowski.
Il est intéressant de voir le rôle actuel du Mâconnais. Il faut dire que malgré les complaintes de Lizarazu, cette situation rappelle une position que Griezmann a déjà connue. Il avait déjà en 2014 dû prouver son efficacité au grand chef Deschamps pour remplir les conditions et intégrer le 11. «Joker de luxe, un rôle qui lui va si bien», écrivait Le figaro. A 23 ans, il était un joueur en devenir. Aujourd'hui, à 31 ans, il est un footballeur qui retrouve de sa superbe après une saison 2021 bien terne.
La preuve: en 2021, si nous prenons les chiffres, «Grizou» s'est fait l'auteur de 8 réalisations en 39 matchs toutes compétitions confondues, sur un total de 2522 minutes jouées. Maigre bilan. C'est même à bout de souffle que le Français clôt l'exercice 2021/2022. Il disait avoir terminé vidé, ni envie ni rien. Le réservoir avait fuité et l'essence se faisait rare. Le Camp Nou lui reprochant même le montant astronomique de son transfert évalué à 120 millions.
Or en 2022, la machine semble relancée, après une bonne dose de vacances et une autre de préparation - cinq semaines à transpirer à grosses gouttes. Surtout, alors qu'il commence chaque rencontre sur le banc. Mais lorsqu'il entre sur le terrain à la 60e, il trouve souvent la faille: 3 goals en 6 matchs sur un total de 165 minutes de jeu. Efficace.
Il est tout aussi intriguant de remonter le temps et de s'apercevoir que Deschamps louait les facultés de Griezmann quand il entrait en cours de jeu. «Il a cette faculté à bien entrer dans les matchs, avec sa percussion et sa vivacité», détaillait-il en 2014.
Quand l'argent s'en mêle, il peut, dans le cas de Griezmann, ouvrir une nouvelle brèche. Et n'est-ce pas cette «erreur administrative» qui a donné un nouveau profil au Français, voire peut-être lancé une nouvelle tendance dans le football? Elle pourrait donner des idées à des clubs misant sur la non-titularisation d'un joueur vedette pour dynamiter la dernière demi-heure. Simeone, obligé de suivre les règles imposées par son président, serait ainsi un lanceur de tendance. Difficile ne pas citer l'écrivain James Joyce et sa célèbre phrase:
Ce début de saison prouve sans conteste que le Français est bon. Le sera-t-il encore s'il devient titulaire? Les prochains mois le diront. Les chiffres aussi.