Sport
Hockey sur glace

Ce mercredi, le hockey suisse planche sur une nouvelle révolution

Pour le HC Ajoie, son top-scoreur Philip-Michaël Devos et son entraîneur Filip Pesan, l'assemblée de ce mercredi est capitale.
Pour le HC Ajoie, son top-scoreur Philip-Michaël Devos et son entraîneur Filip Pesan, l'assemblée de ce mercredi est capitale.Image: sda

Ce mercredi, le hockey suisse planche sur une nouvelle révolution

Réunis à Egerkingen, les représentants de la National League doivent décider d'un éventuel retour à 12 équipes, avec deux relégations directes. Entre autres idées radicales.
02.11.2022, 06:58
Klaus Zaugg
Klaus Zaugg
Suivez-moi
Plus de «Sport»

Tout d'abord, une précision sur la structure politique de la National League: la première division du hockey suisse est une société juridiquement indépendante qui peut tout décider d'elle-même. Absolument tout: nombre d'équipes, nombre d'étrangers, mode de championnat, promotion, relégation.

Toutes les décisions sont prises par le conseil d'administration, composé d'un représentant de chacun des 14 clubs, plus le président et le directeur exécutif de la ligue. Ces deux derniers s'abstiennent généralement de voter. Le conseil d'administration se réunit quatre fois par an. La prochaine assemblée a lieu ce mercredi 2 novembre à Egerkingen.

Une répartition bancale

Bien sûr, même si la National League est autonome, ses représentants se soucient du bien-être général de notre hockey. La Swiss League, notre deuxième division, est donc un sujet de discussion permanent. Elle n'héberge que dix équipes et toutes sont aux abois financièrement.

Oltens Spieler feiern mit ihren Fans, nach dem Sieg im 2. Eishockey Playoff Finale der Swiss League zwischen EHC Olten und EHC Kloten, am Mittwoch, 13. April 2022, in Olten. (KEYSTONE/Peter Klaunzer)
Olten domine actuellement la Swiss League avec 14 victoires en 17 matchs.Image: KEYSTONE

Sur le fond, tout le monde est d'accord: la répartition 14/10 en vigueur actuellement n'est pas optimale. Ce déséquilibre est dû au Covid. Pendant les deux années de la pandémie, le hockey a renoncé à la relégation mais pas à la promotion. Aussi Ajoie et Kloten sont-ils montés en National League tandis que personne n'est descendu en Swiss League.

Idéalement, la National League devrait revenir à un contingent de 12 équipes. Ce qui aiderait la Swiss League à en faire autant. Mais comment procéder?

Une proposition radicale

Le bureau de la Ligue nationale («Hockey Politburo») dirigé par Denis Vaucher a élaboré une proposition dans ce sens. Ce projet sera présenté au conseil d'administration (avec des représentants de tous les clubs) ce mercredi. L'assemblée déterminera si la formule doit être catégoriquement rejetée et archivée ou, au contraire, si elle doit être soumise à consultation. Dans ce deuxième cas, une décision sera prise sur la base des retours d'expérience. Tout reste possible: le conseil d'administration peut changer le mode du prochain championnat à la majorité simple d'ici au 1er février 2023.

La proposition du «Politburo» est explosive. Elle prévoit un relégué automatique et exclut toute promotion pour les deux prochaines saisons (printemps 2024 et 2025). En d'autres termes, le dernier de National League descend directement en Swiss League. La façon dont cette dernière place est attribuée (tour de relégation, play-out) reste ouverte. Avec ce modus, la National League comprendrait à nouveau 12 équipes dès la saison 2025/26.

A ce stade, une promotion/relégation automatique serait introduite: le dernier de National League serait relégué, le premier de Swiss League promu. Il n'y aurait plus de barrage entre ces deux équipes. Mais l'équipe reléguée recevrait une subvention exceptionnelle, d'un montant à définir (entre deux et cinq millions), pour développer ses structures et remonter immédiatement. La relégation deviendrait ainsi une sorte de tour d'honneur subventionné.

Du suicide?

Quelles sont les chances que l'élite passe de 14 à 12 équipes? Pour prendre le poul, il suffit d'interroger Daniel Villard. Cet homme astucieux et pragmatique dirige le HC Bienne depuis 2003. Il a transformé un club de deuxième division essoufflé, avec des lourdes dettes et une patinoire vieillotte, en l'une des meilleures entreprises sportives du pays, avec une infrastructure parfaite et un sens politique aigu. Il affirme: «Ce modus n'a aucune chance.»

Daniel Villard, Geschaeftsfuehrer EHC Biel, waehrend der Vorsaison-MK des EHC Biel, am Montag, 24. August 2015, in der Tissot Arena in Biel. (KEYSTONE/Marcel Bieri)
Image: KEYSTONE

Raisonnement logique: chacun des 14 membres du conseil d'administration est payé pour protéger les intérêts de son club. Accepter une réduction de l'élite par une relégation directe serait une violation flagrante des intérêts de son employeur. Au moins trois à quatre clubs doivent envisager sérieusement un danger de relégation.

La proposition de Denis Vaucher résonne comme une ultime révolution, comme la dernière tentative de revenir au monde d'avant. Donc à deux ligues professionnelles. Le message dit aussi: regardez, nous pensons!

Mais que se passera-t-il si la proposition est rejetée? Tout simplement, le marché fera son oeuvre. Jusqu'à un passé récent, la Swiss League était l'une des meilleures deuxièmes divisions professionnelles au monde. Avec une infrastructure solide digne de la catégorie supérieure. Avec plus ou moins le même nombre d'équipes. Quelques vieilles gloires du hockey suisse ont pu s'y refaire une santé, tant sportivement que financièrement, avant de revenir en première division, fraîchement brossées et peignées, comme Langnau, Rapperswil et Kloten récemment.

Rapperswil-Jona a évolué en Swiss League pendant trois saisons. Ils figurent aujourd'hui à la quatrième place de National League.
Rapperswil-Jona a évolué en Swiss League pendant trois saisons. Ils figurent aujourd'hui à la quatrième place de National League.Image: sda

Mais dans un environnement économique en évolution rapide, il ne sera bientôt plus possible de maintenir les standings du professionnalisme en Swiss League. Notre deuxième division entamera ces trois prochaines années une mutation douloureuse vers une ligue de sous-préfecture à laquelle même les meilleures équipes amateurs bien structurées peuvent accéder. Le mode actuel (play-out, qualification) peut être conservé. Mais le principe d'une élite professionnelle fermée est pratiquement acquis.

Ce développement est-il bon ou mauvais pour notre hockey? Aucun des deux. Il est seulement réaliste et dicté par un environnement économique de plus en plus difficile.

Un père tabasse sa fille sur un court
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
La piste d'athlé des JO de Paris aura de drôles de couleurs
Les épreuves d'athlétisme des Jeux olympiques de Paris 2024 se dérouleront sur un tartan innovant, aux couleurs surprenantes.

Certains téléspectateurs risquent d'être étonnés en suivant cet été l'athlétisme. Pour la simple et bonne raison que la piste des JO de Paris ne sera ni orange, comme c'est le cas habituellement, ni bleue, comme à Rio ou au stade Pierre-de-Coubertin bien connu des runners lausannois.

L’article