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NHL: Travis Dermott fait plier la ligue avec son «pride tape»

NHL: Travis Dermott fait plier la ligue avec son «pride tape»
Travis Dermott (Coyotes de l'Arizona) avec son ruban adhésif arc-en-ciel sur la crosse. Image: capture d'écran x

Un hockeyeur fait plier la NHL avec son ruban adhésif arc-en-ciel

La NHL a interdit depuis cette saison le «pride tape» – symbole de la cause LGBTQ+ – sur les crosses des joueurs. Mais l'un d'entre eux a bravé cette interdiction et mis la ligue dans l'embarras. Celle-ci a fait volte-face mardi.
26.10.2023, 18:4726.10.2023, 19:45
Adrian Bürgler
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Le soutien à la communauté LGBTQ+ préoccupe la NHL et ses dirigeants depuis des mois. La saison dernière, certains joueurs avaient attiré l'attention des médias en refusant de se présenter sur la glace avec des maillots d'échauffement spéciaux aux couleurs arc-en-ciel lors des «Pride Nights».

Vancouver Canucks' J.T. Miller wears a pride-themed warmup jersey before the team's NHL hockey game against the Calgary Flames on Friday, March 31, 2023, in Vancouver, British Columbia. (Dar ...
Les maillots d'échauffement à thème comme celui des Vancouver Canucks ne sont plus souhaités dans la NHL. Image: keystone

Mais les dirigeants de la prestigieuse ligue nord-américaine n'aiment pas du tout les controverses. C'est pourquoi ils ont décidé cet été de modifier les règles de ces soirées thématiques, et de manière radicale: finis, les maillots d'échauffement spéciaux. Aucun ne peut être porté pendant la «Pride Night», ni pour soutenir la lutte contre le cancer ni pour célébrer les fêtes militaires.

Règlement contradictoire et silence de la ligue

Peu avant le début de la saison, un alinéa supplémentaire du règlement a beaucoup fait parler: jusqu'à ce mardi, il interdisait également l'utilisation du «pride tape», le ruban adhésif aux couleurs arc-en-ciel collé généralement sur la palette de la crosse.

Tom Wilson des Washington Capitals avec du «pride tape» sur sa crosse.
Tom Wilson des Washington Capitals avec du «pride tape» sur sa crosse. image: imago/usa today network

Les réactions ont été immédiates et virulentes. Parmi elles, celle de Scott Laughton, attaquant des Philadelphia Flyers:

«Vous me verrez quand même avec un "pride tape". S'ils ont quelque chose à me dire, qu'ils le fassent. Mais ça ne changera rien à mon soutien à la communauté LGBTQ+»

D'autres hockeyeurs – dont Connor McDavid, Morgan Reilly ou Zach Hyman – ont exprimé leur déception face à la décision de la ligue. Le défenseur de Minnesota, Jon Merril, a lui aussi eu une attitude de défiance envers les dirigeants de la NHL:

«Si nous utilisons quand même le tape, que va faire la ligue? Me retirer de la glace? Me punir? Dans ce cas, la NHL aurait une très mauvaise image»

Cette nouvelle règle était dès le départ mal engagée, la faute aux standards habituellement permis en NHL, comme en témoigne le point 10.1 du règlement:

«Le ruban adhésif de n'importe quelle couleur peut être enroulé autour de la crosse à n'importe quel endroit pour la renforcer ou pour améliorer le contrôle du puck.»
Le règlement de la NHL

Ce mardi, sous la pression, la ligue a annoncé dans un communiqué qu'elle renonçait à l'interdiction du «pride tape».

«Après consultation de l'Association des joueurs de la NHL et de la Coalition pour l'inclusion, les joueurs auront désormais la possibilité de représenter volontairement des causes sociales avec leur ruban adhésif tout au long de la saison»
Communiqué de la NHL ce mardi

Un homme en particulier – Travis Dermott – venait de prouver l'absurdité de cette interdiction. Le défenseur des Coyotes de l'Arizona (26 ans) n'est pourtant pas une star de NHL qui est protégée par son argent – il perçoit un salaire de 800 000 dollars par saison, soit seulement 50 000 de plus que le montant minimum – ou son statut.

Mais samedi dernier, le Canadien a été le premier joueur de la ligue à évoluer avec du «pride tape» sur la crosse, malgré l'interdiction. Le jeune homme ne l'a pas annoncé explicitement avant la partie, ses coéquipiers et le staff n'étaient pas au courant non plus. Ce n'est que durant la partie que des spectateurs ont remarqué qu'un peu de peinture arc-en-ciel figurait sur la crosse de Dermott. Le hockeyeur a expliqué son action après le match à The Athletic:

«Mon raisonnement était: "Ok, je vais le faire et je m'occuperai des conséquences plus tard." J'espère ainsi avoir une influence positive sur les personnes que ça peut inspirer»
Travis Dermott

Le défenseur des Coyotes tenait aussi à rappeler qu'il est facile d'oublier les problèmes d'un groupe discriminé quand on ne les a pas sous les yeux. «Et ça devient dangereux si on n'y pense plus.»

Mais il ne s'attendait pas à ce que son action fasse autant de vagues. Malgré tout, la ligue n'avait pas pris de décision à la suite de cet acte rebelle, sans doute parce qu'elle était consciente qu'elle risquait d'écorcher son image si elle sanctionnait Travis Dermott.

Même une banque s'indigne

«J'ai senti que j'avais toute mon équipe derrière moi pour me soutenir», s'est réjoui ce dernier. Et son sourire ne devrait pas s'effacer: après sa volte-face de mardi qui autorise l'utilisation du «pride tape», la ligue réfléchit même à une journée spéciale où les hockeyeurs pourraient utiliser leur équipement pour attirer l'attention sur des organisations ou causes qui leur tiennent à cœur, rapporte le célèbre journaliste spécialisé Chris Johnston.

L'interdiction du «pride tape» avait aussi fait réagir en dehors de la glace, notamment au Canada. La Banque Scotia – la troisième plus grande du pays – distribue actuellement gratuitement 5000 rouleaux de ruban adhésif arc-en-ciel dans divers endroits et en collaboration avec les fabricants.

Mercredi face à Los Angeles, Travis Dermott a renoncé à scotcher à nouveau du «pride tape» sur sa crosse. La raison? Il estimait avoir suffisamment attiré l'attention et ne cherchait pas à entrer en guerre avec la ligue.

Des Coyotes précurseurs

Ce vendredi, son club des Coyotes de l'Arizona, où le Suisse Janis Moser est également sous contrat, sera la première équipe de la saison à organiser une «Pride Night» selon les nouvelles règles.

«En tant que sportifs, nous avons une formidable plate-forme pour répandre l'amour. Et si nous ne répandons pas cet amour, que diable pouvons-nous faire?», conclut Dermott, qui préfère nettement coller du ruban adhésif sur sa crosse plutôt que sur sa bouche.

Collaboration: Yoann Graber

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