Davos a remporté son dernier titre en 2015. Il s'est remis depuis longtemps de la crise d'identité qui a suivi le départ d'Arno Del Curto: il vient de terminer deux fois à la cinquième place. Dans une ligue à 14, deux saisons à la cinquième place signifient: légèrement mieux que la moyenne.
La solidité financière pour une course à l'armement sur le marché des transferts fait désormais défaut. Le budget n'a pas changé et l'effectif est à peu près identique à celui de la saison dernière. Il manque de l'argent pour redevenir champion. Le HCD a besoin d'un «Big Bang» sportif par un entraîneur spécial comme l'était Arno Del Curto pour être à nouveau au-dessus de la moyenne.
La glorieuse ère Del Curto a commencé avec l'énergie, le charisme et l'enthousiasme d'un entraîneur un peu fou qui a non seulement transformé une bonne équipe en une grande équipe, mais qui a remporté six titres. Arno Del Curto a également donné au HCD une nouvelle identité, une culture de la performance très particulière, un ADN incomparable. Cinq années après son départ, ses successeurs se promènent toujours dans la «plantation» qu'il a créée au cours de ses 22 années de mandat (de 1998 à 2018).
Un nouveau «Big Bang» sportif est-il possible? Cela dépend principalement de la façon dont le nouveau jardinier – le nouvel entraîneur – saura entretenir ladite «plantation». Christian Wohlwend n'était pas un si mauvais jardinier et l'histoire du HCD le jugera un jour avec plus de clémence que les vilaines petites histoires d'aujourd'hui. Vient maintenant Josh Holden. Joueur, le Canadien (désormais suisse) était un leader intrépide et une tête brûlée capable de transcender tout le monde autour de lui. Si Arno Del Curto avait eu une belle carrière de joueur, il aurait été comme Josh Holden. Les romantiques voient une certaine similarité avec l'ex-entraîneur culte du HCD.
Si cette perception est erronée, le danger d'une stagnation sportive autour de la cinquième place et d'un terminus au plus tard en demi-finale des play-off est considérable. Est-ce que ça poserait problème? Non, du moment que Davos garde l'ADN de son hockey, l'héritage d'Arno Del Curto, même sans perspectives faramineuses: vitesse, passion, le hockey comme spectacle dynamique et non comme un jeu d'échecs tactique. Ce constat signifie concrètement que d’une manière ou d’une autre, le HCD a besoin d’un entraîneur un peu fou qui porte cet ADN dans son âme de hockeyeur. Si Josh Holden a le courage d'être le vrai Josh Holden, sauvage et «mal rasé», alors le HCD finira dans l'élite.
Mais si Holden a été trop «sociabilisé» par son mentor Dan Tangnes à Zoug, s'il devient «rasoir», s'il cherche à être davantage un tacticien et un diplomate qu'un «chien fou», alors il lui suffit d'un bon manteau d'hiver, car il peut faire froid à Davos dès novembre.
Josh Holden a animé le hockey suisse comme joueur pendant 13 ans, à partir de 2005. A Gottéron, Langnau, et surtout à Zoug. Il a secoué le championnat avec passion, talent, endurance et provocations: trois saisons à plus de 100 minutes de pénalités, mais aussi huit saisons à plus de 40 points avec des scores remarquables, 211 minutes de pénalités (2005/06 à Gottéron) et 78 points en 59 matchs (2009/10 à Zoug). C'est le Josh Holden «mal rasé».
Depuis sa retraite il y a cinq ans, il officiait comme assistant de Dan Tangnes et, dans ce rôle, il est devenu presque méconnaissable. Sous la direction du Norvégien, qu'il appelle aujourd'hui son «mentor», le leader sauvage et presque indomptable s'est mué en un ingénieur tactique qui a fait du power-play zougois le troisième meilleur de la ligue la saison dernière. Holden connaît donc très bien certains aspects du jeu. Certes, il n’a jamais été entraîneur principal. Mais il évolue dans le cosmos du hockey depuis une bonne trentaine d’années. Et avec son «apprentissage» de cinq ans comme assistant à Zoug (deux titres de champion), il possède une meilleure formation de base que Christian Dubé (Gottéron) ou Luca Gianinazzi (Lugano).
Il est désormais épaulé à Davos par deux assistants qu'il connaît très bien depuis son passage à Zoug: le spécialiste du jeu défensif Waltteri Immonen et le globe-trotter Glen Metropolit. Une tête brûlée canadienne apparemment apprivoisée, désormais naturalisée, épaulée par un Finlandais introverti et un vétéran charismatique de la NHL: ce mélange intéressant peut fonctionner. Ce qui est plus inquiétant, c'est que Josh Holden a dit plein de bonnes choses dans les interviews d'avant-saison: il veut préserver l'ADN du HCD. La psychologie est importante. Il respecte le travail.
Un Josh Holden «rasé de près»? Il a le droit de se laisser aller un peu: depuis 1996, Davos travaille presque exclusivement avec des entraîneurs fous dans le bon sens du terme. Donnons le dernier mot à son mentor, Dan Tangnes: «Josh Holden est prêt.» Nous laissons cette évaluation telle quelle.
Il est dans l'ADN de l'équipe la plus titrée du hockey suisse de se satisfaire parfois de ses références historiques. L'attente d'un nouveau titre n'est pas un problème mais plutôt de nature folklorique, car elle est principalement entretenue par les riches membres du conseil d'administration et n'entraîne pas de stress interne. Le HCD ne vit pas seulement de victoires. Le HCD est-il en revanche une équipe de haut niveau? Cette question n’est pas seulement malveillante. Même l'objectif officiel (sixième place) paraît élevé.
Le personnel étranger est moyen pour une équipe de haut niveau, à tous les postes. Il y a un «apprenti sorcier» à la bande pour sa première saison comme entraîneur principal dans la ligue. Enfin, le HCD est dans un processus de renouvellement en douceur: comme Zoug (qui a dissous son équipe ferme), Davos essaie de développer davantage ses talents grâce à une formation de haute qualité (également avec l'équipe première) et dans le championnat juniors.
La formation fait également partie de la culture du HCD et comme les moyens financiers («Crazy Money in the Mountains»), contrairement aux beaux jours de l'ère Del Curto, manquent pour des transferts hauts de gamme, le HCD n'est plus un candidat au titre. Mais si Ambri est parvenu à remporter la Coupe Spengler, ce devrait également être possible pour Davos. Ou bien?